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LE VOYOU SAISI PAR LA DEMESURE

VIEILLISSEMENT ET NATALITE : LA PROBLEMATIQUE FRANCAISE

Retraites 3

Le matin même de la déclaration de politique générale de François Bayrou devant l’Assemblée nationale, l’Insee publiait son bilan démographique annuel. On y découvrait que le taux de fécondité des femmes de l’hexagone était tombé à 1,62 enfant par femme, le plus bas depuis 1919 (hors guerres). Notre roi de la statistique nous informait en même temps que l’espérance de vie continue d’augmenter dans notre pays : depuis 2010, c’est-à-dire hier, elle a gagné un an. Personne ne s’en plaindra. Pourtant quand on rapproche les deux réalités ci-dessus énoncées, on voit bien qu’il y a un problème. C’est que notre système de financement des retraites par répartition est fondé entièrement sur la démographie : la fécondité d’aujourd’hui est déterminante pour financer les retraites de demain. Eh bien, croyez-vous que notre Premier ministre en ait fait état dans son discours, alors même qu’il a proposé de remettre en chantier la réforme qui prolonge à 64 ans l’âge de départ. Justement, la réalité des chiffres, et la démographie est une des rares sciences sociales « dures », et le simple bon sens induisent que les âges de départ doivent évoluer … Le faible intérêt des politiques et des responsables sociaux pour cette science reste un éternel sujet d’étonnement.

Moins de cotisants et plus de bénéficiaires, c’est l’équation insoluble à laquelle doit faire face notre sécurité sociale, et elle n’est pas nouvelle. La conséquence logique de la situation que nous décrit l’Insee, moins de naissances, plus de vieillards, porte un nom : le vieillissement de la population. Et ce vieillissement menace le modèle social que nous avons choisi depuis 80 ans. Les Français vivent de plus en plus longtemps, 80 ans en moyenne pour les hommes et 85,6 ans pour les femmes. Les naissances, elles, connaissent une chute brutale : 663 000 bébés l’an dernier contre 646 000 décès, soit un solde faiblement positif de seulement 17 000 personnes, soit une quasi-stagnation. On est loin de la période où 800 000 naissances faisaient face à 500 000 décès, dégageant des cohortes annuelles de cotisants supplémentaires de l’ordre de 300 000… La baisse des naissances et le vieillissement sont les deux facettes d’un piège mortel pour la protection sociale, notamment parce que la « Sécu » est principalement financée par les cotisations sociales versées par les actifs et leurs employeurs au profit du reste de la population. Trois conditions sont en effet nécessaires pour permettre au régime de fonctionner : une pyramide des âges avec une base suffisamment large, un renouvellement des générations qui suppose un taux de fécondité de 2,2 enfants par femme, et une jeunesse majoritaire. Aucune n’est plus remplie aujourd’hui !

Au moment où syndicats et patronat se réunissent autour des membres du gouvernement pour « aménager » la réforme Macron, négociation décidée par Bayrou pour s’attirer les bonnes grâces de la gauche, prenons garde qu’elle ne débouche pas sur des décisions qui pourraient coûter cher au pays. S’ils décidaient de revenir sur l’esprit qui présidait à cette réforme, déjà insuffisante pour assurer l’équilibre des financements, tout le monde le sait bien, ils pourraient accélérer la mise à mort du modèle social français. Il faudrait que le bon sens l’emporte. Mais comme le disait paraît-il Einstein : « le bon sens est l’art de résoudre des problèmes que l’intelligence a bien souvent laissés dans un état de confusion totale ». Il n’est pas impossible que nos responsables manquent de l’une et de l’autre, soit par idéologie qui empêche toujours de voir la réalité, soit par démagogie qui est une maladie de la démocratie.

Que penser de la demande de faire repasser à 62 ans au lieu de 64 ans, l’âge de départ ? Les indicateurs démographiques illustrent l’irresponsabilité d’une telle tentation, tant le ratio d’actifs par retraité connaît une dégringolade spectaculaire : 1,6 pou 1 aujourd’hui après avoir été de 5 pour 1 dans les années 50. Et malgré la réforme des retraites, les régimes du public comme du privé connaissent un déséquilibre croissant. Sur les 1 000 milliards d’€ de dette supplémentaire accumulés dans les dix dernières années, les retraites représentent 50% de ce total ! Et encore, l’âge de départ, n’est que la partie visible de l’iceberg des déséquilibres. Il y a tant à faire : agir sur le taux d’emploi des seniors, financement de la dépendance, mise en place d’une capitalisation, et aussi et surtout, trouver les bonnes mesures d’encouragement au redressement de la natalité, qui reste la clé fondamentale si l’on veut maintenir le principe de la « répartition ». Et si nos gouvernants manquent d’idées, j’en ai une, un peu poil à gratter, qui permettrait une prise de conscience : moduler l’impôt sur le revenu en fonction du nombre d’enfants conçus…

La participation à l’effort national d’équilibre des comptes mérite bien une récompense, non ?

 

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