AU PIED DU MUR
31 octobre 2012
Le concours d’élégances verbales auquel on a assisté ce week-end à Toulouse à l’égard de l’opposition marque la rage du PS et de nos gouvernants devant la gravité de la crise et sonne comme un aveu d’impuissance qu’ils cherchent à cacher en désignant un bouc émissaire. Avec eux, il est tout trouvé : le bilan de Sarkozy, sauf que le procédé est usé jusqu’à la corde et que les Français, en dehors des militants présents dans la salle, ne s’y trompent plus.
Comment en est-on arrivé là ?
Notre hypoPrésident-Normal s’est enfermé lui-même dans une nasse dont il aura bien du mal à sortir, ayant soigneusement fermé les bonnes portes. Depuis son arrivée au pouvoir, sa tâche principale a été de défaire tout ce que le précédent gouvernement avait construit. Avec son équipe il a multiplié les cadeaux en formes de dépenses plus ou moins grosses : allocation de rentrée scolaire, abrogation de l’AME, diminution du coût des visas d’entrée en France, recrutements d’enseignants, retraite à 60 ans pour 110 000 personnes, etc… et pour financer, il a privilégié le recours à l’impôt et à la multiplication des taxes. L’élaboration du budget 2013 a recouru au même procédé, privilégiant la hausse des recettes fiscales pour 20 milliards d’euros, contre seulement 10 milliards d’économies virtuelles sous forme de dépenses non engagées. De même l’équilibre du budget de la sécurité sociale est recherché par une multiplication des taxes et l’augmentation de celles existantes, sans contreparties suffisantes en termes de recherche d’économies. Ainsi il faut augmenter la redevance TV de 6€ pour financer des chaines publiques animées par des journalistes qui bénéficient (par exemple) d’une niche fiscale exorbitante à laquelle on ne touche pas.
Evidemment, la taxation des riches a montré rapidement ses limites, d’autant plus que les délocalisations de fortunes sont probablement plus nombreuses qu’on ne veut bien l’avouer. C’est donc le portefeuille des classes moyennes qui est durement touché. Résultat : tout le monde craint l’avenir et privilégie le bas de laine à la consommation : le seul moteur de notre économie qui fonctionnait encore un peu est au point mort. La récession n’est plus une hypothèse, elle est certaine. Les entreprises n’en peuvent plus de l’accumulation de leurs charges et protestent. Bref, tout va mal. Il ne manquerait plus que les marchés se réveillent pour que la glissade qui a commencé devienne vertigineuse.
Le keynésianisme n’est plus la solution.
Les solutions envisagées par la gauche ne peuvent pas nous sortir d’affaire. Nos gouvernants en sont encore à la relance keynesienne classique à laquelle nous avons eu recours constamment depuis plus de 30 ans et qui nous a conduits au point où nous en sommes avec, au final, la dette que l’on sait : faute de compétitivité, nous avons financé sur fonds publics un niveau de vie que les gains de notre économie n’alimentait plus. Aujourd’hui, L’Etat ne peut plus financer la consommation par la relance des dépenses publiques. Augmenter encore les impôts n’est plus possible pas plus que recourir à l’emprunt sauf à approfondir le gouffre de la dette et accroître notre déficit commercial car nous ne produisons plus ce que nous achetons. Le gain marginal par le biais des recettes de la TVA est un trompe l’œil qui ne résout rien. C’est l’arbre qui cache la forêt. Si l’augmentation des dépenses publiques permet d’améliorer le PIB, la croissance qui en résulte n’est en partie qu’une illusion comptable que le poids de l’impôt et des dépenses devenues insupportables ne compensent pas. Avec comme résultat, l’inconvénient d’étouffer les forces vives du pays. Cette option utilisée pendant quarante ans, on en connaît les conséquences.
Redevenir compétitif pour produire de la richesse.
L’autre solution, c’est retrouver de la compétitivité. Autrefois on aurait recouru à la dévaluation de la monnaie. Cela donnerait des résultats immédiats, mais elle enclencherait, comme aux beaux jours des années soixante-dix, une course prix-salaires qui conduit rapidement à une inflation à deux chiffres. L’euro nous interdit heureusement cette possibilité.
Le seul moyen pour sortir de l’impasse, il est connu. C’est celui que des pays comme le Canada et la Norvège ont emprunté avec succès, quand ils étaient dans la même situation d’endettement. Le seul chemin pour retrouver la compétitivité qui permet le développement de l’activité des entreprises, c’est la baisse des charges qui pèsent sur l’économie et sur le budget des ménages. Ce sont donc les dépenses publiques qu’il faut réduire drastiquement en premier. Un moyen complémentaire consiste à faire payer le différentiel de protection sociale dont la charge plombe nos produits nationaux et ceux qui viennent de l’extérieur de l’Europe par la hausse de la TVA liée à une baisse des cotisations sociales entrepreneuriales. C’est la TVA anti-localisation. Contrairement à ce que la gauche pense par idéologie, le prélèvement effectué serait probablement indolore, c’est-à-dire sans répercussion sur les prix. Pour deux raisons : la baisse des charges se traduirait par une baisse des prix à la production dans notre pays, et la concurrence associée aux marges confortables pratiquées sur les produits provenant des marchés émergents annihileraient toute tentation de répercuter sur le prix de vente en France. Sans parler d’un autre avantage, les produits exportés ne sont pas concernés par la TVA. Mais ce n’est pas tout. La réduction des dépenses doit être combinée avec une baisse des taux d’imposition marginaux, un élargissement de l’assiette fiscale : aujourd’hui un ménage sur deux ne paie pas l’impôt sur le revenu, et avec une augmentation de la liberté économique (d’ailleurs préconisée dans le rapport Attali). C’est la combinaison de ces quatre facteurs qui permet de retrouver une croissance réelle positive.
L’impasse socialiste sur la compétitivité.
On voit bien que le blocage idéologique de la gauche sur le transfert d’une partie du financement de la protection sociale sur la TVA, est stupide. Comme en plus, c’est Sarkozy qui l’avait mise en place, et que l’une des premières mesures du gouvernement socialiste a été de l’abroger, il lui est impossible de revenir dessus sans manger son chapeau. Reste la hausse de la CSG pour réaliser le transfert mais elle a le lourd inconvénient de peser directement sur le pouvoir d’achat qu’une éventuelle hausse de salaire ne compenserait pas. Et comme on a sucré la défiscalisation des heures sup. et que la durée du travail se heurte au tabou des 35 heures, on ne voit pas en quoi pourrait consister une « trajectoire de compétitivité ». La lettre ouverte des grands patrons a, paraît-il agacé en haut lieu. Bah oui, comment baisser les charges alors qu’on vient de les augmenter !!!
Par contre on voit très bien, avec la montée du chômage qui s’accentue, la « trajectoire d’impopularité ». Elle mène au pied du mur. Pas sûr que ça lui ouvre les yeux !