LA PORTE ETROITE
17 février 2009
Le passage
n’est pas large, en
effet, pour le Président de la République dans sa négociation avec les
partenaires sociaux. Il lui faudra trouver les bonnes mesures ponctuelles qui
calment la revendication sur le pouvoir d’achat sans obérer l’avenir tout en
nourrissant le débat sur la répartition de la richesse qui doit faire l’objet d’un
débat en profondeur. Mais les finances de la France sont telles qu’il ne
dispose que d’un fusil à un coup. Encore faut-il le tirer au bon moment, ce qui
n’est pas facile, car tout le monde s’attend maintenant à une aggravation de la
situation dans les tout prochains mois. L’année 2009 risque d’être longue.
Parmi les
pistes évoquées par
Nicolas SARKOZY lui-même et celles que les partenaires sociaux amèneront dans
leur besace, il y a le bon grain et l’ivraie. C’est-à-dire les mesures utiles
et celles dont les effets pervers annihileraient à court terme la satisfaction
immédiate obtenue. Parmi celles-ci vient en premier la revalorisation du SMIC. Même
significative, son impact sur le pouvoir d’achat serait plus psychologique que
réelle et elle s’impose d’autant mois que l’inflation est en recul et que sa
répercussion sur les salaires menacerait des milliers d’emplois dans les PME. De
même toute prime immédiate (300 à 500€), même si elle serait souhaitable, n’est
pas envisageable en raison de son coût et de la faible efficacité à en attendre
sur la relance en dehors du très court terme. La baisse de la TVA n’est pas non
plus souhaitable : soit elle est ciblée et soumise à l’accord des autres
pays de l’Union (!!!!), soit elle est globale, et alors elle ne peut être que d’un
point ou un point et demi, ce qui serait d’un faible impact sur les prix à la
consommation et le pouvoir d’achat, avec en contrepartie un trou énorme dans
les recettes de l’Etat. Le gouvernement ne pourra guère souscrire non plus à la
demande du patronat de baisser les prélèvements obligatoires.
Il reste
quelques bonnes idées
qui peuvent soulager la difficulté de ceux qui perdent leur emploi, qui peuvent
lutter contre la précarité tout en ménageant les emplois existants et préparant
l’avenir. Ainsi, l’idée avancée par la CFDT de mettre en place un fonds d’investissement
social, destiné à la qualification des salariés à temps partiel et des chômeurs,
et à l’insertion des jeunes. Reste à trouver une solution pour abonder les 6
milliards qu’il nécessite, les intérêts des prêts aux banques étant loin de
suffire. Plutôt que de suspendre les décisions prises lors de l’été 2007 (loi TEPA
et autres), pourquoi ne pas faire appel à l’épargne privée volontaire sous
forme d’une souscription nationale dont la forme est à trouver. On peut aussi
envisager la hausse du niveau d’indemnisation du chômage partiel jusqu’à 80% du
salaire net, et l’instauration d’une allocation d’insertion pour les jeunes n’ayant
pas droit au chômage. On peut aussi penser à améliorer les chèques emplois
services à destination des personnes âgées et des femmes seules. Tout cela peut
venir s’ajouter aux amortisseurs déjà existants : assurance chômage,
contrats de transition professionnelle, emplois aidés du plan de relance… On
sait que le gouvernement pense à une réduction d’impôts en supprimant un tiers
de la première tranche du barême. Cette mesure vise le bas des classes moyennes
et son impact sera plus symbolique que réel.
Il
restera aussi la mesure emblématique de l’interview du 5 février : la suppression de la taxe
professionnelle. Peut-être le principe en sera-t-il acté, mais il
serait étonnant que le Président nous dise par quoi elle sera remplacée dès
maintenant. Et puis le grand chantier qu’il veut mener à bien d’ici la fin de l’année
sur le pacte social qu’il souhaite voir s’établir autour de la répartition de
la richesse produite entre actionnaires, investissements et salariés. Des
gages sociaux, il peut en donner d’autres. On sait que Nicolas SARKOZY appelle
les syndicats à la vigilance dans les entreprises pour qu’ils dénoncent les
comportements « non vertueux » et qu’il n’est pas hostile à la mise
en place d’un comité de suivi de la crise et des plans de relance en
partenariat avec les acteurs sociaux.
Comme on
le voit, la porte
est étroite, mais le grain à moudre ne manque pas. Restons donc optimistes !
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