L’ETAT « NOUNOU » CONDUIT LA FRANCE A LA CATASTROPHE.
12 octobre 2022
La politique économique actuellement menée cherche une nouvelle fois à protéger l’activité des entreprises et la société d’un choc majeur en croyant les mettre à l’abri par la dépense et la dette publiques sans y mettre de limites. Cette politique n’empêche pas la stagflation et camoufle le choc énergétique. La France paraît préservée, mais ce ne sont que des apparences, la résistance de notre économie est trompeuse et la perte de contrôle des finances publiques et du commerce extérieur font de nous une exception qui plombe la zone euro. Elle empêche de voir lucidement la nouvelle donne qui émerge de l’épidémie et de la guerre d’Ukraine et accroît la vulnérabilité de notre pays.
Des chiffres flatteurs.
La croissance va s’établir à 2,7% en 2022 et si l’inflation a bondi à 5,7% elle reste néanmoins inférieure à celle de la zone euro, tandis que les créations d’emplois se poursuivent dans un contexte de démobilisation et de pénurie de main d’œuvre. Au même moment, les Etats-Unis et le Royaume-Uni connaissent la récession, l’Allemagne stagne et glisse elle-même vers la contraction de son économie par l’effondrement de son modèle fondé sur le gaz russe bon marché, l’Italie est fragilisée par sa crise démographique , sa dette publique à 152% du PIB, sa dépendance au gaz russe et l’arrivée de l’alliance des droites pourrait encore y compliquer la donne. On le voit, les comparaisons sont en faveur de la France.
Une apparence trompeuse.
La résistance de l’économie s’explique par les plans de relance qui ont abondé l’épargne des ménages et la trésorerie des entreprises, la stratégie du « quoi qu’il en coûte » a été étendue de la santé à l’énergie et à la protection des ménages contre l’inflation, les chocs étant absorbés en grande partie par la dépense publique sous forme de « subventions et de chèques » et la dette. La réalité est plus âpre : le retournement est déjà effectif comme en témoigne la diminution de notre production industrielle sous le coût de l’augmentation de l’énergie et le frein à la concurrence de l’inflation. Le choc énergétique est en effet très violent et les entreprises sont soumises à des pénuries d’énergie, à l’envolée des prix de l’électricité. Elles sont confrontées aux revendications de hausses salariales au moment où leurs débouchés se réduisent. De son côté, la consommation diminue avec la baisse du pouvoir d’achat et l’épuisement de l’épargne accumulée pendant le covid, notamment pour les ménages les moins aisés. C’est pourquoi l’année 2023 sera beaucoup plus tendue, marquée par la récession inévitable, le maintien de l’inflation et la remontée du chômage.
Le prix du déni.
En voulant préserver les Français des rigueurs de la réalité, le gouvernement a perdu le contrôle des finances publiques et en corollaire accru le déficit du commerce extérieur : l’an prochain, le déficit de l’Etat est prévu à près de 160 milliards sur 500 milliards de dépenses, ce qui, avec la récession, le portera à 6% du PIB, élevant la dette à plus de 112% du PIB. C’est un montant de 270 milliards d’euros que le Trésor devra emprunter, avec un quasi doublement de la charge de la dette (les intérêts) qui passera de 23 milliards en 2020 à 52 milliards. En espérant que les taux ne remontent pas trop vite. Le creusement du déficit budgétaire alimente l’inflation et dégrade la balance commerciale car la consommation maintenue artificiellement se tourne majoritairement vers les importations, d’autant plus que nous produisons moins. Tout se tient. De ce fait la BCE est contrainte d’augmenter ses taux pour tenter de casser les anticipations sur les prix, ce qui contribue à amplifier la récession… Le cercle infernal se referme.
La nouvelle donne mondiale.
Engoncé dans le confort relatif procuré par le déni, nos gouvernants ne voient pas, ou feignent de ne pas voir, les changements majeurs qui affectent notre environnement mondial et européen. D’abord, le ralentissement synchronisé de l’activité dans les grands pôles qui structurent les échanges mondiaux : faible croissance chinoise, récession aux Etats-Unis, notamment. Ensuite, l’inflation qui perdurera autour de 5% l’an à cause du vieillissement démographique, de la désorganisation de la mondialisation et aussi des efforts imposés par la transition écologique. Il faudra compter avec le durcissement des politiques monétaires et la remontée des taux, annoncée depuis si longtemps qu’on n’y croyait plus, mais qui s’accompagne évidemment d’un risque de krach financier, notamment des pays les plus exposés comme la France. Enfin, la guerre en Ukraine voulue par la Russie nous indique clairement que nous entrons dans une période de montée en flèche de la conflictualité. Face à cette nouvelle donne, la France cumule les faiblesses qui la rendent très vulnérable : décrochage économique, risque social avec poussée des colères et des violences, dégradation financière avec la perte de contrôle de l’endettement public et privé qui représente 361% du PIB, à quoi il faut ajouter un contexte politique de faible gouvernabilité puisque la majorité n’est que relative avec la poussée des populismes.
Les Français ne sont pas si anesthésiés. Ils sont probablement plus nombreux qu’on ne le croit à comprendre que la protection de l’Etat Nounou est très fragile et en grande partie fictive. Selon un sondage IPSOS, ils seraient une majorité à considérer que Les Républicains ont les meilleures solutions. Ce serait bien que cela se traduise électoralement, car, faute d’une transformation radicale de son modèle de décroissance à crédit, notre pays n’échappera pas au violent choc financier qu’il construit méthodiquement depuis au moins deux décennies.
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