L’ETE MEURTRIER (2)
13 juillet 2022
Entêtement de Macron qui ne change rien ni à sa méthode, ni à son comportement, chute de Boris Johnson qui plonge l’Angleterre dans un immobilisme au moins jusqu’en septembre, l’inflation qui s’envole et qui ne fait pas les affaires des ménages français et européens… Je poursuis le catalogue de nos malheurs estivaux : l’euro a continué sa chute pour atteindre la parité avec le dollar au moment où la Croatie reçoit le feu vert pour rejoindre le club, la hausse des taux d’intérêt renchérit notre dette et va nous obliger enfin à la prudence budgétaire, et pour en ajouter un peu plus, le climat qui s’y met et vient ajouter une addition salée pour les dégâts épouvantables qu’il génère avec la sécheresse, les orages et les incendies. Décidément, ça va mal, patron, ça va mal !
Une baisse imprévue.
Il arrive qu’on se plaigne d’avoir une monnaie forte, mais rien n’est pire qu’une monnaie faible. L’euro est arrivé à la parité avec le dollar. Une première depuis 2002. Une chute très brutale de l'ordre de 13 % sur un an. Rappelons que cette dépréciation est accompagnée d'une forte inflation et d’une croissance qui tourne au ralenti. Ce phénomène violent percute aussi bien les entreprises que les particuliers. Il est la résultante de causes multiples : l'inflation, les craintes de récession, la guerre aux portes de l'Europe. La situation en Ukraine se révèle en effet source d'une série de menaces économiques.
D’autre part, le dollar est stimulé par la politique monétaire de la Fed, qui a remonté ses taux directeurs de trois quarts de points dès la mi-juin, alors que la BCE, qui vient d’entamer le mouvement, est en retard. Ainsi, pour les investisseurs, le dollar se renforce dans son rôle de valeur refuge face à l'euro.
La baisse n’a pas que des inconvénients : l'industrie manufacturière est, en zone euro, la principale gagnante de cet effet car elle exporte davantage. Parmi les plus avantagés, les secteurs du luxe et de l'aéronautique, qui vendent beaucoup en zone dollar. Autre domaine favorisé, en France en particulier, l'agroalimentaire. La parité euro/dollar va bénéficier également au secteur touristique avec une augmentation du pouvoir d'achat des ressortissants américains, qataris et jordaniens, même si ce dernier avantage doit être relativisé.
Mais les grands perdants sont les petites entreprises non exportatrices, et les ménages, qui voient leur pouvoir d'achat s'éroder. Pour beaucoup d'acteurs économiques français et européens, la dépréciation de l'euro est un facteur aggravant car beaucoup de flux entre l'Europe et l'Asie sont libellés en dollars, de même pour les matières premières et les composants électroniques, ce qui va peser sur nos importations. Pour les ménages, c’est le pouvoir d’achat qui va en subir les conséquences sans parler du renchérissement des voyages hors zone euro. Les Français ont déjà réduit leurs consommations en loisirs, habillement et produits d'hygiène.
L’étau des taux.
La BCE est face à un défi : elle a lancé un mouvement d'augmentation de ses taux directeurs mais c’est une solution délicate à manier, car si elle agit trop fort sur ce levier, elle risque de pénaliser la croissance, alors que celle-ci est déjà faible et le résultat pourrait être catastrophique pour certains pays, comme la France, pour qui la dette deviendrait trop lourde à supporter.
La hausse des taux d’intérêt, annoncée et redoutée depuis des années, a fini par brutalement se réaliser. Dans la foulée de la guerre en Ukraine et du rebond de l’inflation, les titres français de dette souveraine à dix ans se sont envolés en quelques mois. Depuis la mi-juin, ils se négocient désormais au-dessus de 2 % sur les marchés financiers. Les hausses se transmettent progressivement à la dette émise ou ré-émise par le pays, à raison d’environ 15 % par an pour la France. Chaque hausse de 1 % des taux entraînera au bout de dix ans une augmentation de la charge d’intérêt de 1 point de PIB par an rappelle le gouverneur de la Banque de France, ce qui représente à terme chaque année un coût supplémentaire de près de 40 milliards d’euros, soit peu ou prou le montant actuel… du budget de la Défense. En plus, l’évolution des taux des obligations d’État pose aussi de graves défis à la zone euro, en cas de divergence entre les différents titres nationaux.
C’est pourquoi, la Banque centrale européenne (BCE) a promis de veiller à éviter la «fragmentation» des conditions financières au sein de la zone. Les «spreads» (écart entre les titres) ont en effet augmenté. Ainsi, à la veille des législatives, les investisseurs avaient porté l’écart avec l’Allemagne à 0,63 point, son plus haut niveau depuis le début de la crise du Covid en mars 2020. L’Hexagone empruntait en revanche, à un taux plus favorable de 0,41 point que l’Espagne et de 1,35 point que l’Italie, réputée être le «maillon faible». Les marges sont étroites, et il est à craindre que l’euro poursuive la baisse… sauf récession aux Etats-Unis qui rééquilibrerait la tendance.
La chaleur et son cortège de sinistres.
Comme la guerre en Ukraine ne suffisait pas, il a fallu que les éléments s’y mettent aussi. A un printemps sec et plus chaud que la normale succède un été assorti de vagues caniculaires rarement vues. Cela ne va pas sans phénomènes métérologiques violents. Les orages de mai et juin qui ont frappé de nombreuses régions de notre pays ont généré d'importants sinistres, dont le coût total s'élève déjà à 3,9 milliards d'euros pour les assureurs. Les fortes températures qui assèchent les sols favorisent les incendies et pas seulement sur le pourtour méditerranéen.
En cette mi-juillet, l'Espagne, la France et le Portugal sont en proie à de violents feux de forêt. Selon le gouvernement espagnol, depuis le mois de janvier, plus de 70 300 hectares de forêts sont déjà partis en fumée dans le pays. Après plusieurs feux en Provence et en Languedoc, dans la région de Bordeaux, deux feux ont déjà brûlé près de 3 000 ha de forêt et provoqué l'évacuation préventive de plus de 6 500 personnes, notamment près du site touristique de la Dune du Pilat. Partout, les pompiers peinent à maitriser les feux, malgré les gros moyens déployés pour y faire face.
Quand on sait que dans 90% des cas, ils sont d’origine humaine, on comprend les rappels incessants à la vigilance et à la prudence. Ainsi une campagne « stop mégots » a été lancée sur les autoroutes de l’arc méditerranéen en particulier, pour sensibiliser au risque les conducteurs et leurs passagers. Mais c’est tout le territoire qui est concerné et de nombreux maires misent sur la prévention. Il faut aussi appeler chacun à signaler tout comportement suspect. En effet, concernant l’incendie dans les Pyrénées orientales (1 000 ha détruits), la piste d’un incendiaire est évoquée. Comme pour les attentats, pour faire face à « l’été de tous les dangers », nous sommes tous concernés ! On comprend que dans ces conditions, de nombreux feux d’artifice aient été annulés.
Pour soulager les équipes sur le terrain, rien de plus simple que de suivre les consignes des sapeurs-pompiers et de respecter les arrêtés départementaux : ne pas allumer de feux à côté de massifs forestiers, veiller à jeter ses mégots dans des cendriers, surveiller sa consommation d'eau et bien débroussailler ses espaces verts. Quelques comportements civiques qui vont de soi.
Allez, tâchez de passer un bon été quand même. On se retrouvera à la rentrée.
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