LIBERALISME : DE QUOI PARLE-T-ON ?
07 août 2019
Les observateurs de la vie économique ont coutume de dire que Macron pratique une politique libérale, là où personnellement je ne vois qu’une politique de gauche classique, essentiellement keynésienne pour le volet économique et libertaire pour le volet sociétal. La confusion vient de ce que, en effet, le libéralisme n’est plus ce qu’il était.
Le néolibéralisme.
Dans sa conception de l’économie, il a muté sous l’influence de théoriciens tels que Zygmunt Bauman, en idéologie de la mondialisation et dans sa conception politique en défense de la « société liquide ». Ce néolibéralisme et le progressisme social qui l’accompagne forment désormais ce que beaucoup entendent par « libéralisme ».
Ce néolibéralisme économique pour lequel seul compte l’échange qui « crée de la valeur » débouche sur un libre-échangisme débridé qui ne tient pas compte des hommes et des territoires qui produisent les marchandises, ce qui justifie les réticences de nombre de députés LR sur le contenu du Ceta. Il s’accommode de la vision keynésienne ce qui explique l’adhésion qu’il remporte auprès de nos énarques technocrates, l’Etat n’étant qu’un levier pour relancer la consommation, rarement pour réguler les échanges. L’essentiel est que ne soit pas contrarié le « laisser-faire » dogmatique et ravageur. De son côté, le progressisme sociétal qui considère que tout ce qui est techniquement possible doit être réalisable, traduit une vision désincarnée de l’Homme, de sa naissance (GPA, PMA) à sa mort (euthanasie), puisque seuls comptent les désirs individuels travestis pour l’occasion en « droits nouveaux ».
Force est de constater qu’une partie de la droite a suivi cette pente néolibérale, probablement par méprise, plus certainement par attrait du pouvoir. Mais ce qu’elle ne voit pas, c’est que cette dérive du libéralisme, venue des Etats-Unis, met en danger la démocratie libérale et les valeurs occidentales, et a réduit à néant le triomphe qu’elles avaient obtenu sur le communisme et l’idéologie soviétique. Ce "néolibéralisme" doit être combattu.
La pensée libérale classique.
La droite ne doit pas se laisser prendre au piège. Elle peut, comme certains le prônent en réaction, proposer de privilégier le modèle étatiste, jacobin ou bonapartiste, interventionniste, et plutôt fermée au libre-échange, qui a toujours animé une de ses principales composantes. Elle ne peut pourtant pas s’abstraire de sa part de responsabilité dans la désindustrialisation, l’appauvrissement des classes moyenne et modeste, ayant été aux affaires suffisamment longtemps. On voit bien que l’extension sans fin du domaine de l’Etat et en parallèle des impôts, n’a conduit qu’à gérer le déclin.
Le moment est venu de renouer avec le libéralisme classique car lui seul permettra d’initier les politiques nécessaires pour conjurer les totalitarismes de notre temps, le péril islamique, et conforter notre modèle politique. Car il conçoit la liberté et son exercice dans des cadres établis toujours respectables : la nation, l’Etat de droit, la famille, et sur le plan culturel la conception occidentale de l’anthropologie.
Il faut donc faire confiance à la liberté, en l’enracinant encore plus profondément au coeur du fonctionnement de notre société, il faut promouvoir l’initiative en la décentralisant, il faut protéger nos concitoyens en fixant les limites indépassables sans lesquelles triomphent la démesure et le « no limit ».
C’est la démocratie de la mesure : politique, économique, sociale, environnementale, culturelle, fondée sur la raison. Produire sur place ce qui peut l’être dénote d’une vision du monde et des relations entre les hommes, une manière d’être qu’il faut absolument remettre au goût du jour. Car c’est une démarche qui s’inspire d’une anthropologie prudente et humaine, dans laquelle l’homme n’y est pas un isolé. Il ne s’agit nullement de plonger dans la caricature du protectionnisme ou de l’archaïsme. Le libéralisme bien compris est ouvert au libre-échange dans le cadre d'une réciprocité et de règles identiques pour les partenaires. Au-delà, Rappelons-nous simplement que la démocratie est mortelle, et la « libérale » plus fragile que les autres. Ses quatre piliers sont le développement économique et social, l’Etat de droit, le primat de la modération sur l’extrémisme, l’adhésion des citoyens à la liberté politique. C’est permettre aux citoyens de reprendre le contrôle de leur destin par la raison, la responsabilité et la défense résolue de la liberté. Toutes les composantes de la droite peuvent se retrouver sur ces piliers.
Il existe une différence de fond entre le néolibéralisme, libre-échangiste, qui compte sur le ruissellement des capitaux par le haut pour irriguer l'économie alors qu'il ne fait qu'alimenter la sphère financière et la spéculation qui va avec, et le vrai libéralisme qui consiste à donner aux entreprises les moyens de produire la richesse par le bas. Ainsi s'expliquent les lois néolibérales votées par Macron : suppression de l'ISF et flat tax. Ainsi s'expliquent les revendications des Républicains de baisse des charges et des dépenses publiques.
C’est la démocratie libérale, par ses valeurs, son équilibre entre l’individu et le collectif, qui nous protégera de l’écologisme radical comme elle nous a protégés hier du totalitarisme soviétique. C’est encore elle dont les principes permettent de combattre le fascisme islamique : il suffit de les appliquer. Ce que les néolibéraux ne font pas, à l’image d’une Assemblée nationale qui se couche devant l’infantilisme apocalyptique d’une Greta Thunberg.
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