LE CAFE DU COMMERCE EN CONTINU…
09 août 2019
Baratin H24.
Pas une pour relever l’autre. Les chaines d’info en continu, BFMTV, CNEWS, LCI… occupent l’espace médiatique à longueur de journées, ressuscitant le bon vieux café du commerce. Les tables rondes qui s’enchaînent avec à peu près les mêmes abonnés chaque jour, sont censées nous informer en temps réel et dans le détail du moindre événement qui se passe sur la planète. Sont convoqués alors les spécialistes et les experts pour éclairer notre lanterne et nous permettre de comprendre le pourquoi du comment, sur fond d’images qui se répètent en un insupportable bégaiement. Mais on y apprend bien peu de choses, car ces intervenants n’ont bien souvent que leur avis discutable à nous proposer et encore faudrait-il qu’il soit documenté, ce qui est rarement le cas. J’en ai fait le constat sur des sujets bien précis que je connais bien. Et si un « invité » a l’outrecuidance d’émettre une hypothèse ou un jugement différent, il est aussitôt rembarré et disqualifié en mots parfois crus. Les débats s’éternisent et tournent en rond car il faut tuer le temps à tout prix. Alors ça baratine et refait le monde, comme on le faisait autrefois derrière le comptoir du café du coin, quand l’ingénieur de chez Citroën côtoyait l’employé de bureau et la concierge devant un verre de côtes du Rhône (vécu).
Priorité au futile.
Si encore les sujets en valaient la peine. Il suffit de lister ceux qui ont été abordés récemment pour s’apercevoir qu’on se contente de suivre la plus banale des actualités. On se demande alors si informer est vraiment le but, il s’agirait plutôt de distraire. Qu’on en juge : on a enduré « l’affaire des homards rugissants » pendant deux semaines pour enchaîner sur la tenue de Sibeth N’Diaye suite à un tweet de Nadine Morano forcément raciste, puis il a fallu se gaver jusqu’à plus soif de la venue de Greta Thunberg à l’Assemblée nationale à cause de quelques députés qui ont osé dire qu’ils avaient autre chose à faire, et « the last but not the least » le scandale des « podiums du tour de France » … Sans oublier la canicule objet d’adoration pour cause de preuve irréfutable du réchauffement climatique, notez que les mêmes ou leurs prédécesseurs disaient déjà la même chose en 2003, avec les mêmes prophéties. A côté de ça, on a eu droit à une simple citation pour la désignation de Ursula Von der Leyen à la tête de la Commission européenne, événement pourtant autrement plus important. Mais ces médias se contentent trop souvent de choisir des sujets faciles qui ne touchent qu’à la surface des choses, qui permettent d’exploiter facilement l’émotion ou de surfer sur l’indignation collective. Le futile prime sur l’essentiel mais ce n’est pas sans conséquences.
Abrutissement collectif garanti.
Il conviendra de commencer par affirmer que, même dans le superficiel, ces chaines d’information sont orientées. Elles puisent leur énergie inépuisable dans le façonnage de la « société progressiste ». Car les commentateurs, à défaut d’être experts, sont tendancieux et choisis pour ça. S’il arrive qu’un sujet important arrive au débat, par exemple le projet d’ouverture de la PMA aux couples d’homosexuelles, il convient que l’échange soit « apaisé » ce qui se traduit par « que tout le monde dise la même chose », car, le progrès étant une évidence, il ne se discute pas. En témoigne l’échange sur LCI entre Ludivine de La Rochère et Maurice Szafran de Marianne, ce dernier reprenant vertement son interlocutrice sur ses positions « idéologiques » (donc méprisables), comme si les siennes ne l’étaient pas ! A quoi bon inviter la présidente de la « Manif’ pour Tous », sinon pour la diaboliser évidemment… Dans ce contexte, l’échange d’argument n’a plus lieu d’être. L’invective, l’insulte, la haine, se substituent à la discussion. L’indignation remplace la contradiction et occulte le vide des idées ou l’insuffisance de la réflexion. Comme on le voit trop souvent, ces pratiques débouchent facilement sur le lynchage médiatique avec comme cible, comme par hasard et de préférence, un politique. De Rugy est le dernier à en avoir fait l’expérience, mais combien d’autres avant lui ?
La démocratie est la grande perdante.
Nous sommes tous sous le coup de la « nouvelle inquisition », celle de Twitter, haut lieu de l’indignation sélective et de l’étalage de l’absence de culture, mais grand fournisseur de sujets. Le laconisme permet toutes les émotions et évite les arguments. Ainsi la vie politique est-elle ballottée entre le futile et l’anodin, pour nous empêcher de voir des logiques à l’œuvre qui sapent les fondements de notre démocratie : présidentialisme excessif, affaiblissement du Parlement, mise en cause de la liberté d’expression, stigmatisation de personnalités dites « sulfureuses », psychiatrisation des avis divergents dont les protagonistes seraient « hystériques », mépris du peuple et de ce qui serait « populiste »… Cette intelligentsia libertaire, majoritaire dans les médias, est au service des lobbies « progressistes », au premier rang desquels le lobby LGBT (là c’est certain, je vais être catégorisé immédiatement comme homophobe).
Bienvenue dans le « nouveau monde », si tant est qu’il existe étant à bien des égards tellement pire que l’ancien. Après, on s’étonne que les gens n’aillent plus voter.
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