QUELQUES QUESTIONS SUR LA PMA
22 octobre 2018
A en croire les médias et nombre d’intervenants sur les plateaux médiatiques, c’est une affaire entendue et qui ne se discute même plus, sauf à faire de l’homophobie : la PMA sera adoptée. D’ailleurs le Conseil Consultatif National n’a-t-il pas émis un avis favorable. Le lobby LGBT a bien fonctionné. Pas si simple !
Une fausse égalité
La revendication de la PMA, notamment par les couples de femmes lesbiennes, est présentée comme une exigence d’égalité avec les couples hétérosexuels. Donc comme un droit ! Sauf que « la procréation n’est pas un droit, mais une fonction biologique, et l’exiger pour tous au nom de la justice sociale, comme le revendique Marlène Schiappa est parfaitement absurde ». Ce n’est pas un « excité » de la Manif pour tous qui le dit, c’est un journaliste de Charlie hebdo. En même temps, Jacques Testard, l’auteur du « bébé-éprouvette », mettait en garde contre l’eugénisme. Il y a donc une gauche qui refuse le chantage à l’homophobie, pour réfléchir pleinement à ce qu’implique la Procréation Médicalement Assistée étendue à toutes les femmes. Sans la technique, l’argument de l’égalité ne tient pas si on s’en tient à la biologie, pas plus pour les couples de femmes que pour les couples d’hommes.
Le rôle de la médecine
L’évolution de la médecine et de ses applications techniques a toujours eu pour but le traitement des pathologies et le soulagement des souffrances et bien des chantiers restent en jachère en la matière malgré les nombreux progrès et réussites. On voudrait aujourd’hui profiter de ces avancées pour faire entrer dans le champ de ces progrès scientifiques des applications non thérapeutiques. S’agissant de la PMA, la loi permet actuellement de pallier à l’infertilité d’un couple hétérosexuel vivant et en âge de procréer, avec un cadre légal bien précis. La loi doit-elle évoluer pour accorder à une personne ce qu’il lui est impossible d’obtenir par la nature et non en raison d’une infécondité pathologique. C’est entrer dans la logique de « l’homme augmenté artificiellement » au-delà de la nature humaine, et non plus de « l’homme soigné ». Certains n’hésitent pas à affirmer que financer leur PMA à des femmes qui sont biologiquement fertiles à cause uniquement de leur sexualité, alors qu’un Français sur trois renonce à se soigner faute d’argent, c’est détourner de l’argent public à des fins privées. La médecine deviendrait alors une activité banale qui produit et fournit des services. Doit-elle détourner des moyens pour répondre non plus à un besoin de soins, mais à la commande d’un client ?
Le « droit à l’enfant »
Car ceux qui réclament « la PMA pour toutes » veulent aussi la prise en charge des frais par la solidarité nationale. Or celle-ci n’a pas à fournir des prestations techniques mais à prendre soin des plus fragiles. Si l’on rembourse les soins aux malades, c’est en vertu du droit à la santé. Les procréations artificielles de femmes en bonne santé n’entrent pas dans ce champ d’application. Sauf au nom d’un droit : celui d’avoir un enfant. Et voilà comment une personne devient non plus sujet, mais objet de droit ! De là à ce que l’enfant et sa mère ne deviennent ensuite « l’objet » d’une transaction commerciale, il n’y a qu’un pas. L’extension de la PMA consacre « un droit à l’enfant, potentiellement inconditionnel et illimité ». Or l’impossibilité d’avoir des enfants est une limitation intrinsèque que les homosexuels devraient accepter, sauf à nier ce statut pour le faire rentrer dans le rang de l’idéal « familiariste » réservé jusque-là aux hétérosexuels. Il ne faut quand même pas confondre la veuve ou la femme abandonnée qui élève seule sa progéniture avec la féministe qui voit son projet aboutir, sa victoire ! Il ne s’agit donc pas d’étendre une liberté au nom de l’égalité, mais de considérer qu’avoir un enfant est un droit pour lequel la collectivité doit payer. L’Etat deviendrait dès lors un fournisseur d’enfants pour tous ceux qui, quelle qu’en soit la raison, ne veulent pas en passer par la production naturelle.
Un marché déjà en place
Le business plan est prêt, avec ses éléments de langage, son calendrier et ses porte-paroles médiatiques et même ses représentants de commerce. PMA-GPA, même combat. Sinon, Comment expliquer la « une » de Paris-Match » avec la « famille de Marc’O », et sa belle histoire à faire pleurer dans les chaumières. Il ne vient à l’esprit de personne qu’on glorifie en le faisant un hors-la-loi. Avec la PMA, on entre, de facto, sur un « marché » et il ne faut pas sous-estimer la perspective d’utiliser des femmes comme moyen technique de « production d’une commande ». Des femmes-outils en quelques sortes. Ce serait la porte ouverte vers la GPA (gestation pour autrui). Et le Conseil Consultatif nous l’annonce : la conservation des ovocytes, la généralisation des tests génétiques ne posent aucune question d’éthique générale ; ces émanations du corps humains sont devenues des objets techniques. Contrairement à ce qu’on nous raconte, la technique que la GPA met en œuvre est la même que celle de la PMA. Seule intervient dans le champ la nécessité de trouver un « ventre » pour porter l’enfant puisque l’homme en est incapable. Le marché existe déjà et y pourvoira moyennant espèces sonnantes et trébuchantes. Que l’enfant obtenu dans un cas comme dans l’autre puisse se sentir otage d’un « ubris » (mot à la mode), cela ne fait pas partie de la réflexion. Il devra faire « avec ».
La quête des enfants sans racine
Personnellement, j’ai encore envie de croire à l’importance de « l’inné » dans la vie d’un être humain. Nous venons tous de quelque part. Le savoir, c’est rassurant. Car cet « inné » venu d’on ne sait où peut se transformer en souffrance à travers une quête de l’hérédité. Il est encore temps de refuser qu’on fabrique des enfants sur commande. La technique déshumanise. Va-t-on se contenter de dire à un enfant « ton père c’est la technique et ton parrain c’est l’Etat ? ». Légiférer pour répondre à des préoccupations individuelles, c’est oublier le souci du bien commun. Les perspectives à la fois vertigineuses et fantastiques des avancées technologiques ne nous imposent-elles pas d’agir avec sagesse et précaution. D’autant plus que l’on sait que pour l’enfant qui va naitre la gestation n’est jamais anodine. La vie fœtale comprend aussi le vécu de la mère et il faut tenir compte de l’acquis anténatal qui aura des répercussions sur sa vie affective. Et puis en face du droit à l’enfant, ne doit-on pas mettre comme obstacle le fait de lui ôter la moitié de sa généalogie. S’obstiner à ne pas le voir dénote une hypocrisie, car c’est lui dénier ses propres droits. Dans cette affaire la quête génétique des enfants concernés est sous-estimée quand elle n’est pas mise sous le boisseau. Pourtant elle existe. Ceux-là veulent que soit reconnu le droit à connaître leurs origines et ils sont de plus en plus nombreux à espérer retrouver leur donneur grâce à un test ADN… Cette souffrance-là est bien réelle.
Restons fidèles à l’homme soigné. Car après la PMA et la GPA, viendra le temps de la parthénogénèse le jour où elle sera possible : le temps des enfants fabriqués sans parents sur catalogue ! Pourquoi la refuserait-on aux couples qui seraient candidats ? L’homme apprenti sorcier, ça n’est pas une nouveauté.
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