MES REPERES SONT PLUS FIABLES QUE LE VIDE MACRONIEN
26 mars 2017
On peut être à la fois de gauche « et » de droite : c’est le discours à la dernière mode auquel se réfère le Christique Macron et tous les « bourges germanopratins », en s’appuyant sur une demande du bon peuple qui ne croit plus ni à l’une, ni à l’autre. On peut faire l’impasse sur l’Histoire de la vie politique de notre pays, que bien peu connaissent, mais on ne peut pas piétiner mes valeurs et mes repères si facilement. Je suis peut-être un vieux con, mais je sais encore où j’habite. Et si je me situe « à droite », c’est parce que je ne partage pas les mêmes que ceux qui se disent « de gauche ». Ceux qui essaient de vous faire croire que se référer au clivage droite/gauche c’est dépassé vous mentent, car sur bien des points, la ligne de séparation est forte et ne permet pas de synthèse. Cela ne veut pas dire qu’on ne puisse pas vivre ensemble, mais les valeurs auxquelles on se réfère pour gouverner sont différentes, souvent opposées, ce qui n’empêche pas de partager les notions de République et de démocratie. Cela explique que lorsqu’il se produit une alternance, le nouveau gouvernement d’une nouvelle majorité revienne sur des décisions de ses prédécesseurs.
La liberté.
Commençons par la « liberté ». Quand on est de droite, la liberté est d’abord individuelle. Elle ne va pas sans la responsabilité. Je suis responsable de mes actes et ma liberté s’arrête là où commence celle d’autrui. Je suis libre de mes choix, mais ma liberté est source de droits et de devoirs. Elle s’exprime à travers les lois formelles qui permettent la liberté de conscience, d’opinion, d’expression, d’initiative… et se traduit concrètement pas la liberté d’association, de réunion, etc… Je ne partage pas la conception de la gauche qui donne un contenu idéologique à la notion de liberté : elle est d’abord collective. Cela veut dire que l’individu doit s’effacer devant le corps social. C’est ainsi, par exemple, que l’éducation des enfants doit relever d’abord de l’Etat avant les parents, ce qui explique les dérives observées dans les réformes de Vallaud Belkacem. Le collectif prime sur l’individu. A la limite, l’Etat peut pourvoir à tout, d’où l’idée du « revenu universel »… Les pays collectivistes ont poussé cette notion jusqu’à instaurer le parti unique (liberté collective) pour les élections, ce qui limite la liberté d’expression et d’opinion. Les gens de droite sont tolérants, même s’ils peuvent parfois être têtus et bornés, ceux de gauche, à cause de l’idéologie qui a toujours raison même quand la réalité montre le contraire, sont presque toujours sectaires.
L’égalité.
C’est sur le terrain de l’égalité que les divergences seront probablement les plus fortes. Quand on est de droite, l’égalité se limite au statut juridique des citoyens qui ont les mêmes droits et devoirs. Au-delà, c’est la notion d’équité, par exemple en matière d’impôts, et d’égalité des chances, par exemple pour les études, qui sont recherchées. Et le pragmatisme s’impose souvent. La gauche, toujours par idéologie, se réfère à l’égalité sociale. Il faut parvenir au nivellement social, notamment en matière de revenus, mais pas seulement. Elle conduit à nier les différences de talents des individus. En politique elle pratique « l’égalitarisme » qui conduit au nivellement par le bas à l’école, et au refus de la sélection qui est remplacée par le tirage au sort. En matière d’imposition, elle instaure une progressivité qui va jusqu’à une fiscalité confiscatoire. Être à gauche c’est être « plus égaux* » que les autres, comme aurait dit Coluche. On voit que les deux approches sont difficilement conciliables. Je ne partage en aucune façon cette manière d’aborder l’égalité.
Le rôle de l’Etat.
Continuons avec le rôle de l’Etat. Pour la droite, il faut d’abord que l’Etat assume ses fonctions régaliennes : sécurité, défense, justice, finances publiques. Il peut s’occuper d’économie, mais ce n’est pas une fonction naturelle. Une partie de la droite, de tradition colbertiste ou bonapartiste, a pu assigner à l’Etat un rôle interventionniste dans les domaines jugés stratégiques. La droite accorde de l’importance à l’autorité et au respect de l’ordre public qui doivent être des priorités, et sans lesquels il n’y a pas de liberté individuelle possible. Pour la gauche, l’Etat a la main sur tout, y compris l’économie. Ce qui a valu dans le passé la nationalisation des banques et des grandes entreprises. Pour la gauche, le droit à la contestation fait partie des principes fondamentaux, et il y a toujours une répugnance à la répression des mouvements violents qui troublent l’ordre public. D’où l’accusation de laxisme souvent proférée à son égard. Pour caricature, on a d’un côté une préférence pour l’autorité et de l’autre un penchant pour l’anarchie. Sinon, comment expliquer Notre-Dame des Landes ?
L’économie.
En matière d’économie, c’est encore une ligne de clivage quasi inconciliable. La droite privilégie l’initiative privée. Le rôle de l’Etat consiste à créer un environnement le plus favorable possible au développement des entreprises, en favorisant les investissements et la création d’entreprises, soit par des aides, soit par un régime fiscal favorable. Pour cela, il faut que le capital puisse prospérer à chaque étape de sa constitution. Le développement de l’emploi en est la résultante. Pour la gauche, le capitalisme est le mal absolu. C’est pourquoi elle préfère le dirigisme. Comme elle est obligée de faire avec des entreprises privées, c’est par la fiscalité que la régulation se fait. Le meilleur exemple en est le CICE : plutôt que de baisser les charges des entreprises qui les empêchent d’être compétitives, il a été mis en place un « crédit d’impôt », mesure fiscale entre les mains du gouvernement, qui peut donner lieu à « contrôle » sur son utilisation et à son retrait du jour au lendemain. Il s’en suit lourdeur administrative et complexité des dispositifs. Il faudra que Monsieur Macron m’explique comment il va concilier le point de vue de Robert Hue pour qui le travail est « une aliénation » et celui d’Alain Madelin pour qui le travail est « la condition de l’épanouissement personnel de de la dignité » pour un individu.
Je pourrais continuer comme ça longtemps.
Sur la solidarité, la droite souhaite que les aides aillent aux plus démunis en mettant fin au maquis des allocations multiples et variées, la gauche campe dans l’assistanat généralisé et rêve d’un revenu universel. Les gens de gauche sont toujours généreux en paroles et avec l’argent des autres … Encore deux exemples pour terminer. Les différences de repères font que la droite préfère le scrutin majoritaire pour les élections, qui a l’avantage de donner des majorités pour gouverner ou gérer, alors que la gauche est adepte de la proportionnelle, certes plus juste, mais qui a le gros inconvénient, dans notre pays, de déboucher sur des assemblées sans majorités pour gouverner. D’un côté l’efficacité, de l’autre la négociation et le bavardage. Et enfin, le meilleur pour conclure : les dépenses. On finit le quinquennat avec 300 milliards de plus ajoutés à la dette, sans l’excuse d’une crise et avec pourtant l’opportunité offerte par le fameux « alignement des planètes ». Depuis toujours, en principe, la droite remplit les caisses quand elle passe au pouvoir, la gauche les vide. Cette caricature s’est atténuée ces trente dernières années, à cause du système électoral qui fait que notre pays est toujours en campagne ce qui ne laisse pas de périodes suffisamment longues pour les politiques de redressement. La droite a donc sa part dans l’endettement, même si chaque fois qu’elle l’a pu, elle a tenté de freiner les dépenses. On a oublié que le débat à la fin du quinquennat de Sarkozy portait sur la mise en place de la « règle d’or ». Bayrou en a été un adepte mais il l’a aujourd’hui oubliée. De fait la propension à la dépense est dans les gênes de la gauche, comme en témoigne l’endettement de toutes les collectivités reprises par la droite après des années de gestion socialiste ou communiste.
Je me demande bien comment Monsieur Macron va concilier toutes ces approches contradictoires avec son auberge espagnole. Forcément, il y a une partie de ses soutiens qui sera cocue comme le dit si bien Jean d’Ormesson. Moi, je sais lesquels. En tout cas, il n’aura pas ma voix. Je préfère une valeur sûre pour mes idées : François FILLON.
* La France est devenue plus égalitaire que la Chine comme le montre l'étude de Thomas Picketty. L'égalité est une obsession socialiste : haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, commissariat général à l'égalité des territoires, comité interministériel à l'égalité et à la citoyenneté, secrétariat d'état à l'égalité réelle, loi égalité et citoyenneté...
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