LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES
28 novembre 2011
Jeudi dernier, à l’initiative de l’association « débats et convergences », une réunion-débat s’est tenue dans la salle Plantagenêt du Crédit Agricole, bd Pierre de Coubertin. Animée par Paul Jeanneteau , député de la circonscription, avec la participation de Mme Brigitte Angibaud, procureure de la République à Angers, Mme Roselyne Bienvenu, juriste spécialisée et Clotilde Rougé-Maillart, professeur de médecine légale, chef du service au CHU d’Angers, elle a permis de sensibiliser un public attentif à la veille de la journée internationale éponyme.
Après le mot d’accueil de Daniel Houlle, président de l’association et les présentations d’usage de Paul Jeanneteau, c’est Roselyne Bienvenu qui a planté le décor, s’appuyant sur son expérience de directrice du CIDFF (Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles). Le but de cet état des lieux : « savoir » afin que chacun soit mieux « outillé » pour apporter une aide, sachant que la violence est en chacun de nous, que c’est un fait humain planétaire et que le silence et le doute sur la parole sont les caractéristiques d’une problématique ancestrale. La violence conjugale est au coeur du phénomène, sans être exclusive, évidemment. Le processus en est bien connu avec son cycle répétitif, l’occasion de rappeler qu’une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son conjoint. L’exposé permet aussi de découvrir les types de violences et le cercle vicieux qu’elles instaurent. Face à ce fléau, Roselyne Bienvenu préconise trois attitudes : écouter, croire, prendre du recul.
Paul Jeanneteau invite ensuite Clotilde Rougé-Maillart à expliquer en quoi consiste son métier de « médecin légiste ». Le professeur décrit alors les différentes étapes de la violence qu’elle doit discerner, sachant que la médecine légale n’échappe pas au problème que rencontrent toutes les professions de santé, à savoir repérer la vraie violence qui n’est pas que physique et qui ne laisse pas toujours des traces quand elle l’est : de la violence chronique au cycle infernal de la violence conjugale établie, qui concerne 50% des homicides femmes. Mais le rôle du professionnel de santé c’est aussi la prévention et surtout le dépistage par les praticiens qui n’est pas encore suffisamment établi, malgré les campagnes de sensibilisation. Il faut continuer l’effort de formation. Le rôle du médecin légiste est précisément de qualifier la gravité du délit par les lésions observées et leur retentissement sur la personne. Un travail qui se fait en collaboration avec les collègues psychiatres pour les aspects de souffrance psychologiques, fréquents dans ces violences.
Nous terminons le tour de présentation avec Mme Angibaud, dont on connait la rigueur et la détermination. Se resituant dans le cadre général de sa fonction de procureure auprès du parquet, elle rappelle que ses fonctions l’amènent à traiter des affaires dans le cadre commercial des entreprises en difficulté, des affaires civiles notamment de protection des mineurs et même de personnes majeurs et les affaires pénales qui constituent 45 000 procédures par an pour 12 000 poursuites. En ce qui concerne les violences conjugales, l’important est d’amener la victime à porter plainte. Dans les cinq dernières années, on a assisté à un doublement des plaintes. Tout un travail qui s’appuie sur les relais que sont les associations, les médecins mais qui doit être conforté par la formation des enquêteurs et des professions médicales pour assurer une bonne prise en charge. C’est à ces conditions qu’on arrive à faire sortir les affaires, saluant au passage le service de médecine légale très performant qui détecte 200 victimes par mois… avec 60 défèrements.
Le tableau étant complet, le débat peut s’engager et les questions portent sur l’accueil des plaintes, les possibilités de protection offerte aux femmes, l’accompagnement des procédures… C’est aussi l’occasion pour les représentants des associations comme SOS Femmes de témoigner et pour les orateurs de montrer leur parfaite connaissance du sujet. Un public conquis, dont on peut penser qu’il assurera à l’avenir son rôle de relais et pour chacun la nécessité de solidarité face à une situation de violence dont une femme serait victime.
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