OPA DE LA « GAUCHE » SUR LE PS ?
13 octobre 2011
« Ceux qui ont aimé Montebourg dans la primaire vont adorer Mélenchon dans la présidentielle", a-t-il dit lors d'une rencontre avec la presse avant une réunion publique, en référence à la troisième place de M. Montebourg lors de la primaire PS avec 17% des suffrages, ajoutant : « les positions du Front de Gauche sont en quelques sorte désenclavées ».
Le retour du socialisme du XIXème siècle.
De fait, tout au long de sa campagne et lors des trois débats télévisés, Arnaud Montebourg a développé des propositions souvent très éloignées de celles de Martine Aubry et François Hollande. En tout cas, beaucoup plus radicales sur de nombreux points.
Clairement positionné à la gauche du PS, le député de Saône-et-Loire s'est fait pendant des semaines le chantre de la « démondialisation ». Il a notamment prôné le protectionnisme contre le « dumping » des pays en développement, quand Martine Aubry évoquait simplement la nécessité d'un « juste échange ». Contrairement à la maire de Lille et au député de Corrèze, il s'est aussi dit opposé à un retour du déficit public sous la barre des 3 % en 2013, comme l'engagement en a été pris auprès de Bruxelles, considérant que l'austérité budgétaire rajouterait de la crise à la crise. Une divergence majeure. Assumant son « interventionnisme », Arnaud Montebourg a également demandé un blocage des loyers dans les zones à forte spéculation immobilière et le partage moitié-moitié des dividendes entre actionnaires et salariés. Des mesures qui n'étaient pas dans le projet socialiste validé au printemps par tous les candidats. Surtout, il insistait pour « mettre sous tutelle » le système financier « par des mesures prohibitives et dirigistes » par une entrée « autoritaire » et « sans contrepartie » de l'Etat au conseil d'administration des établissements financiers, avec un droit de veto. Mais, en aucun cas, par une recapitalisation ou une nationalisation des banques au frais du contribuable.
Gauche dure contre gauche molle ? Gauche quand même !
Dimanche prochain, les électeurs d’Arnaud Montebourg pèseront donc sur le résultat. Seront-ils renforcés par un supplément de participation au vote de la gauche de la gauche ? Ce n’est pas impossible. L’électorat le plus déterminé à gauche peut être tenté de forcer le destin en faisant désigner le candidat qui paraît le plus à gauche.
Et dans le face-à-face auquel nous avons assisté, c’est Martine Aubry qui a envoyé le plus de signaux en direction de ces électeurs-là. Sa « gauche forte » pour ne pas dire « dure » participe de ce registre. Elle fait valoir aussi ses bonnes relations avec les verts, dont les positions de plus en plus gauchistes d’Eva Joly sont plus en cohérence avec elle qu’avec son concurrent.
Manifestement François Hollande, fort des ralliements de Valls, Royal et Baylet, continue de jouer la carte du rassemblement, en pariant sur la captation des voix du centre au second tour de la présidentielle. Deux axes se dessinent donc.
Un face-à-face sans grand relief destiné au seul électorat de gauche.
Au demeurant nous avons assisté à un bon exercice de propagande dans le style « passe-moi la rhubarbe, je te passe le séné », et c’est à peine si on y soupçonnait la présence d’un peu d’arsenic. Il faut dire que les plats étaient complaisamment servis par des journalistes dévoués. Aucun contradicteur pour dénoncer les mensonges – il y en eut – ou souligner les conséquences désastreuses de leurs propositions. Bon sang que c’était ennuyeux pour qui ne vote pas à gauche ! « L’amère » de Lille a été la plus offensive, et pour une rassembleuse, certains trouveront curieux que pour l’instant aucun des autres candidats ne se soient désistés pour elle. Elle garde pourtant ses chances : n’oubliant pas que c’est l’électorat le plus motivé qui se déplace. Sauf si les sondages font état d’une envolée de François Hollande, auquel cas, nombreux seront ceux qui voleront au secours de la victoire, elle peut l’emporter d’une courte tête dimanche soir.
Ce serait une bonne nouvelle pour le Président sortant.
C'est vrai que, quand les temps sont durs, il faut voter M.O.U.
Signé : Mouvement Opportuniste Unifié
Rédigé par : jibe124 | 14 octobre 2011 à 07:38