Les promesses de Nicolas SARKOZY sont-elles tenables ? Au-delà des discours convenus, j'ai voulu en avoir le coeur net en allant chercher les chiffres à la source : bernique ! Les Ministères en sont toujours à l'âge de pierre et sont restés sur le sacro-saint "N-2". Autrement dit rien de fiable après 2005. Il reste alors à raisonner sur les ordres de grandeur en exploitant les infos qui filtrent çà et là.
Le plus lourd à tenir sera la baisse de 4 points des prélèvements obligatoires, en gros 68 milliards d'€, pour revenir dans la moyenne européenne. La faisabilité dépendra essentiellement de la croissance et de la durée sur laquelle portera l'effort : ce qui est sûr, c'est qu'il faudra plus de cinq ans avec le taux de croissance de 2,25% (très crédible) sur lequel se base le projet. En économisant sur les préretraites (5 milliards d'€), en réorganisant la formation professionnelle (masse de 23 milliards d'€), en ne remplaçant qu'un fonctionnaire sur deux, en réorientant 3% des dépenses de et en recherchant un gain de productivité de 2%, l'Etat pourrait économiser une vingtaine de milliards. Sur un budget de 900 milliards d'€, ce sont des marges de manoeuvres possibles et réalisables. Si avec la mise en oeuvre du bouclier fiscal à 50%, on réussit à faire revenir une partie des 70 à 100 milliards d'€ "exilés" chez nos voisins, ce serait un bonus (de 3 à 7 milliards d'€ d'impôts supplémentaires) qui arrondirait les angles.
Quels sont les obstacles ? Evidemment, il y en a : la conjoncture internationale jouera un rôle non négligeable. Si la croissance mondiale s'affaisse, l'exercice sera rendu difficile. En interne, il faudra compter avec la résistance des syndicats sur des sujets comme le nombre des fonctionnaires (j'y reviendrai dans un autre article), le redéploiement du financement de la formation professionnelle, ou la suppression d'organismes inutiles qui sont autant de niches défendues ardemment (exemple des succursales de la Banque de France)... Il faudra compter aussi avec le vieillissement de la population et l'accroissement des dépenses inévitables qui y sont liées.
Il y a aussi des facteurs favorables. Le redémarrage de l'économie allemande qui est notre premier client et notre premier fournisseur, la baisse du déficit de l'Etat engagée depuis 5 ans et réelle, une croissance en Europe qui devrait se maintenir ( en France, 1 point = 18 milliards d'€ de rentrées) : autant de bonnes nouvelles. On peut espérer les effets positifs des mesures de dynamisation de l'économie avec en corollaire la baisse du nombre des demandeurs d'emplois et la hausse conjointes des salaires, le retour de la compétivité stimulé par la baisse des charges, qui entraînent plus de rentrées fiscales, moins de dépenses en allocations, moins de délocalisations. Autant les effets négatifs de l'absence de croissance peuvent s'additionner en spirale, autant les effets positifs peuvent, de la même façon s'enchaîner. C'est comme ça que le gouvernement s'est retrouvé avec un déficit 2006 ramené à 2% au lieu des 2,9 prévu au moment du vote du budget : recettes de TVA plus fortes que prévu, et pourtant le taux de croissance 2006 n'a été que de 2%.
Conclusion : pari difficile, à n'en pas douter, mais tenable à condition d'avoir une volonté politique forte ! Celle de Nicolas SARKOZY l'est à n'en pas douter, mais sa marge de manoeuvre dépendra aussi du score de son élection.