SOUS LES YEUX DU MONDE ENTIER
03 mars 2022
Effroyable spectacle.
Je ne sais pas si Poutine se rend compte de l’effroyable spectacle qu’il donne au monde entier avec l’invasion de l’Ukraine par ses troupes. Elles multiplient les crimes de guerre et contre l’humanité sous les objectifs des caméras de tous les continents, ceux des multiples appareils capables de réaliser des vidéos en temps réel, ceux des satellites capables de montrer ce que le terrien ne peut pas voir. La technologie moderne est ainsi : tout se sait, tout se voit. Ainsi Vladimir Poutine devra, un jour, rendre des comptes devant l’humanité de tout ce qui aura été perpétré en son nom.
Le peuple sous le boisseau.
Le peuple russe, soumis à une censure d’un autre âge, est abreuvé d’une logomachie ignoble faite d’un tissu de mensonges, mais il ne peut pas ne pas savoir. Les réseaux sociaux, internet, les multiples liens qui unissent des familles entières entre Ukraine et Russie, offrent une porosité impossible à contrôler. Il est des voix qui s’élèvent, courageuses car elles s’exposent aux pires sévices d’un régime totalitaire prêt à tout pour réduire toute protestation au silence. Pourtant, c’est le peuple tout entier qui devrait se soulever pour ne pas être complice d’une telle barbarie. L’appel de Navalny, du fond de sa géole peut-il être entendu ? Du moins sauve-t-il un tout petit peu l’honneur d’un peuple plongé, certainement à son corps défendant, dans l’opprobre et la honte. Le syndrome de l’hyperpuissance a rendu fou le maître du Kremlin, car il n’y a pas d’autre mot pour qualifier le défi qu’il lance au monde entier, menaçant d’utiliser l’arme nucléaire si on lui résiste. Après cet épisode monstrueux, à combien d’années de honte le peuple russe va-t-il se trouver condamné face à tous les autres peuples de la Terre ?
Le réveil des vieilles démocraties.
Au moins aura-t-il réveillé nos vieilles démocraties du continent européen qui s’était assoupies sur l’oreiller confortable de la paix qu’elles pensaient acquise pour toujours. Et voilà qu’elles redécouvrent sa fragilité. Le réveil est tardif mais peut se révéler salutaire. La première puissance économique du monde a de nombreux moyens de répliquer et de se défendre. Elle prend conscience que de nouveau, il va falloir remettre à niveau ses dispositifs de défense. Sous le choc de l’invasion de l’Ukraine, elle vient de décider en trois jours ce qu’elle essayait de mettre en place depuis de nombreuses années. Elle a conduit l’Allemagne à faire sa révolution copernicienne en matière de défense. Elle prend des mesures de rétorsion contre la Russie qui vont mettre à mal son économie et peut-être provoquer son effondrement. La puissance des 27 a peu à craindre des effets négatifs qui pourraient en résulter. Quand l’Europe veut, l’Europe peut ! Elle doit dès maintenant réfléchir à une nouvelle organisation de sa sécurité pour l’ensemble du continent, en partenariat avec les Etats-Unis et l’Otan. La France a un rôle éminent à jouer et il est important qu’elle retrouve tout son pouvoir d’influence.
Un peuple de héros.
En attendant, c’est le peuple ukrainien, magnifique de patriotisme dans sa résistance, qui souffre sous les bombardements russes, ou sur la route de l’exil qui déchire les familles. Le Président Zelinski donne au monde libre une belle leçon d’attachement à la démocratie et à son peuple. Son intervention en vidéo devant le Parlement européen lance un appel que tous les démocrates dignes de ce nom doivent entendre et les députés européens ne s’y sont pas trompés qui ont voté dans la foulée une résolution demandant que la candidature de l’Ukraine à l’Union européenne soit acceptée. Un effet boomerang que Poutine n’avait probablement pas prévu. Pour l’heure, notre solidarité et notre soutien ne doivent pas faiblir.
Rien ne vaut la démocratie.
Ceux qui trouvaient des vertus à ces démocratures illibérales voient aujourd’hui où le pouvoir autoritaire sans partage et sans limite peut conduire. En ces temps de campagne électorale, puissent les Français en tirer la leçon : notre vieille démocratie est peut-être usée, mais elle permet la confrontation des idées et le choix, les manifestations dans la rue et l’expression libre dans les médias, et cela porte un nom : la liberté. Mais celle-ci a un prix : le vote citoyen. Puissent-ils s’en rappeler les 10 et 24 avril prochain en se rendant aux urnes et en éliminant déjà les candidats qui trouvent des grâces au dictateur russe !
Commentaires