HISTOIRE
BOJO SUR LA BRECHE
DEUX PERILS EXISTENTIELS POUR LA FRANCE (suite)

DEUX PERILS EXISTENTIELS POUR LA FRANCE

Le modèle de croissance à crédit que Macron a poussé  dans ses dernières extrémités n’est pas le seul  péril qui pourrait provoquer l’effondrement  de notre pays.

Le récent colloque sur la « déconstruction » qui s’est tenu à la Sorbonne, comme une riposte à ce qu’on appelle désormais la  « révolution woke »,  met en lumière un  véritable enjeu civilisationnel. 

Un autre danger, tout autant périlleux, est mis en avant dans le livre posthume de Jean Daniel « Réconcilier la France, une histoire vécue de la nation », dans lequel le fondateur du « Nouvel Obs » constatait la faillite de notre politique d’immigration et d’intégration et s’inquiétait des problèmes posés par l’Islam à la laïcité, soulignant « l’islamisation de la vie quotidienne dont l’expansion est inquiétante ».

Ces deux problématiques, la lutte contre le wokisme et la communautarisation croissante des musulmans, devraient constituer des débats majeurs de la campagne présidentielle, tant elles mettent en cause l’identité même de la France.

 

Universite

LE WOKISME, LA NOUVELLE TENTATION TOTALITAIRE.

L’impasse intellectuelle de la  « déconstruction ».

« Après la déconstruction, reconstruire les  sciences et la culture », tel était le titre du colloque qui s’est tenu la semaine dernière à la Sorbonne. Sa préparation  a confirmé, s’il en était besoin, les  craintes quant aux menaces qui pèsent depuis quelques années sur la liberté académique : menaces et pressions, pour empêcher sa tenue ont conduit nombre d’intellectuels et d’universitaires à renoncer à y participer de crainte de voir leur carrière brisée, d’autres  se  sont désistés pour ménager leur réputation. La « déconstruction » qui regroupe une diversité de courants, de la pensée décoloniale à la théorie des genres en passant par l’écoféminisme, dont le wokisme n’est qu’un des aspects,  ne voit le réel que comme lieu de domination et d’oppression : des femmes par des hommes, du Sud  par le  Nord occidental, des « racisés » par les Blancs, etc... Depuis deux ans,  il ne se passe pas une journée sans que des annonces de conférences, de colloques ou de postes à pourvoir soient publiés dans les termes de cette idéologie sous l’impulsion de potentats qui agissent en toute impunité, sans aucun contrôle, appliquant par exemple l’écriture inclusive en dépit des consignes officielles, avec comme conséquence de voir des champs disciplinaires entiers remplacés  par des études culturelles transversales qui ne reposent pas sur un savoir validé mais sur des préjugés militants. Doit-on y voir un effet pervers de l’autonomie des universités ? Parallèlement, l’Université a connu, ces derniers temps, trop d’annulations de conférences pour qu’on ne s’inquiète  pas de la situation de la liberté de recherche, des critiques et des pressions qui s’y exercent. Les tenants de l’idéologie woke veulent imposer une sorte de totalitarisme considérant que leurs dogmes ne se discutent pas, réinventant l’obscurantisme face à la tradition universaliste éclairée de l’université française. Le « déconstructionnisme », qui en vient à confondre la recherche et le militantisme, la vérité et la morale, la  science et l’idéologie, et parce qu’il ne saurait tolérer aucune contradiction, est une impasse intellectuelle., mais aussi une formidable machine à détruire notre République que le pouvoir actuel combat mollement.

Imposer le débat.

L’Etat devrait donc veiller à ce que les pratiques universitaires demeurent conforme à la déontologie, ce qu’il ne fait pas, comme en témoigne l’attitude du Ministère de l’Enseignement supérieur face au cas de l’IEP de Grenoble, ou quand on enseigne aux futurs enseignants dans un INSPE des contenus contraires aux directives ministérielles. Que les tribunes contre l’islamo-gauchisme publiées à l’automne dernier aient suscité en réponse des pétitions comptant des centaines de signatures, dit assez la force de ces courants  militants. Il n’est donc  pas superflu de les combattre car  ils sont objectivement dangereux ! C’est au nom de cette tradition humaniste et universaliste héritée des « Lumières » que le but du colloque était d’ouvrir le débat, pas de le clore. Un débat qui ne se réduit pas  à un affrontement entre la gauche et la droite, comme les  wokistes voudraient le laisser croire en hurlant par avance « au fascisme », tragique inversion  des rôles dont ils ont l’habitude. Car on trouve beaucoup de représentants de la gauche « républicaine » pour s’opposer à eux, et mobilisés à cette occasion. Ce  colloque est considéré comme une première riposte. Il n’est pas inutile, non plus,  de redire à quoi servent les établissements d’enseignement supérieur. La « reconstruction » passe par le rappel des frontières entre la recherche et le militantisme, par la transmission de savoirs et l’apprentissage de la rigueur scientifique.  Il s’agit d’éduquer les étudiants à faire usage de distance critique et de liberté d’esprit, tout en les habituant à se confronter à des idées différentes des leurs, là où le wokisme leur propose une seule grille de lecture toute faite :  tout est domination. Il s’agit tout bonnement de sauver l’esprit critique. Est en jeu une définition communautariste et essentialisée de la citoyenneté, que certains  voudraient imposer à rebours des valeurs de l’universalisme républicain dont notre pays est  dépositaire depuis la Révolution française. Le débat est essentiel car il touche aux fondements intellectuels des valeurs sur lesquelles est fondée notre République : Liberté, Egalité, Fraternité, ne sont concevables que dans le cadre de l’universalisme laïc.

Autant il serait déplacé d’instaurer un contrôle du savoir par l’Etat, autant, il ne serait pas inutile, comme le suggère Pierre-Henri Tavoillot, Président du Collège de Philosophie, que soient instituées au sein des universités, des missions « Liberté », pour veiller au respect de la liberté académique. Ce serait déjà ça.

 

Commentaires

Georges

Il faudrait définir précisément le mot "laïcité".
Pour moi cela devrait signifier:
interdiction de tous signes, vêtements, accessoires religieux sur le territoire national sauf dans les lieux de culte et au domicile privé (exit foulard, djellaba, croix, turban, chapeau noir...etc.).
Dérogation pour les personnels officiels des cultes dûment déclarés en préfecture et limités en effectif, avec carte de type professionnelle.
Décréter une appellation unique pour les officiels du culte : "aumônier" avec la précision de religion derrière
Interdiction d'appellation de parti politique de type "chrétiens démocrates" pour éviter "musulmans démocrates" ou "juifs démocrates".

Bonnes réflexions, mais quel coureur de CDD politique osera?

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