UNE SOIREE AVEC BELLAMY.
16 mai 2019
Il me fallait bien vingt-quatre heures pour retomber sur Terre. C’est vrai, je suis ressorti du meeting d’hier soir sur un petit nuage : la foule au rendez-vous, de vieux amis dans la salle, des adhérents qu’on ne voyait plus depuis des lustres, bien sûr, mais surtout le discours de François-Xavier Bellamy a été d’une telle intensité qu’encore aujourd’hui on en parle avec le même émerveillement, le mot n’est pas trop fort. Et ceux qui me liront et qui y étaient ne me contrediront pas.
Je ne vais pas m’étendre sur les autres intervenants, chacun dans leur rôle avec des exposés de bonne facture. Je me contenterai de relever quelques moments sortant de l’ordinaire dans le propos de notre tête de liste. C’est avéré, quand il fait de la « civilisation européenne » un enjeu essentiel, il sait convaincre. Edouard Philippe ne peut qu’ironiser, tant, à côté, sa vision de l’Europe est technocratique et étriquée. Laissons-le à son mépris, c’est celui des médiocres quand ils sont parvenus.
Dans son exposé, François-Xavier Bellamy a abordé un sujet d’importance, celui de la crise environnementale. Il en voit la principale cause dans la mondialisation débridée qui a abouti, en faisant de chacun de nous un consommateur qu’il faut satisfaire avec le meilleur produit au meilleur prix, à la mise en place d’une organisation mondiale « taylorisée » où les uns fabriquent tandis que les autres se contentent des activités de services et de loisirs. Cette organisation qui oublie le travail comme créateur de la richesse a conduit à des déséquilibres insupportables pour les sociétés et pour la planète. Pour les sociétés parce que le consommateur doit pouvoir aussi travailler pour avoir un pouvoir d’achat, et c’est parce qu’on l’a oublié que la puissance publique est condamnée à le lui garantir par l’argent public, grâce à des prélèvements fiscaux toujours plus élevés, avec en corollaire le chômage… on connait la suite. Pour la planète, parce qu’au prix d’une concurrence toujours plus exacerbée, on fait faire aux produits des parcours toujours plus incroyables et en même temps désastreux pour l’empreinte carbone : un poisson pêché dans la mer du Nord part en Chine pour être "fileté" et revient en Europe comme plat cuisiné pour être consommé ; la Chine nous achète nos chênes qui partent chez elle pour revenir chez nous en parquets prêts à poser ; nous consommons de l’agneau de Nouvelle-Zélande qui a fait 18 000 km pour arriver dans nos assiettes … Face à ces phénomènes, l’Europe en est restée à un code de la concurrence entre ses états : cherchez l'erreur ! Le rééquilibrage mondial du marché est nécessaire et cela passe par une prise de conscience de l’Europe : il nous faut réapprendre à produire ce que nous consommons et par la mise en place d’une barrière écologique, imposer aux produits qui veulent entrer les mêmes règles et les mêmes contraintes que celles que nous imposons à nos propres producteurs. Alors, un grand pas sera fait pour résoudre la crise environnementale. Nul besoin d’une banque du climat dotée de 1 000 milliards d’euros. Cette mise en lumière de l’individu devenu d’abord un consommateur qui est dissocié de sa capacité de travail éclaire d’un jour cru la crise que nous connaissons en France et explique l’obsession pour ne pas dire la tyrannie du pouvoir d’achat.
Un autre temps fort de son intervention a porté sur la notion de dignité de l’être humain. C’est l’aventure chrétienne, après l’apport grec de la raison et de la liberté et celui de la res-publica romaine, qui donne le sens de la dignité humaine. Je ne peux m’empêcher alors de repenser à l’approche qui avait été développée par Jean Leonetti, le radical laïc et constater la grande proximité des deux analyses. N’est-ce pas là ce qui fait notre culture commune. Là encore, la dimension européenne est nécessaire si l’on veut que l’humain soit respecté. Notre civilisation à quelque chose de singulier à dire au monde sur le respect de la nature humaine, et le tire de son héritage judéo-chrétien.
Et puis, il y a eu ce moment poignant quand François-Xavier Bellamy a évoqué nos deux soldats morts au Mali, en proposant une minute de silence en leur mémoire, les prenant en exemple pour démontrer que nous sommes liés les uns aux autres, que nous sommes obligés par ce qui nous précède, et c’est ce qui donne sens à leur sacrifice. Moment d’intense émotion quand il récite les paroles du chant des soldats qui portaient les cercueils de leur camarade, en point d’orgue de la démonstration.
Le philosophe se fait diablement pédagogue avec son intelligence tranquille. Et l’auditoire est sous le charme, au sens propre du mot. Voilà un excellent avocat pour défendre notre vision de l’Europe et nos propositions au sein du groupe PPE, tant il est vrai que la politique se mesure, comme il dit, au service qu’elle rend. On en redemande !
Merci pour ce texte qui résume parfaitement l'intensité de cette soirée à laquelle j'ai eu la chance d'assister.
Avant que mr Bellamy ne soit investi, j'avais acheté et lu son livre "DEMEURE" qui m'avait déjà éclairé sur la valeur de l'auteur.
Sa logique, son calme et son humilité devraient convaincre les indécis.
Soyons optimistes.
Rédigé par : Daniel PRESSI | 17 mai 2019 à 11:57