C’EST LA DOUCHE FROIDE !
27 mai 2019
Aveu d’impuissance : on ne peut rien faire contre le rouleau compresseur des médias.
Mais que s’est-il donc passé entre le vendredi où les sondages situaient la liste Bellamy entre 12 et 14% et dimanche à 8% ? Le moins qu’on puisse dire c’est que le compte n’y est pas. Il y a un tel décalage entre l’intensité de la campagne, l’enthousiasme qu’elle a suscité, la mobilisation qu’elle a entraînée et le résultat final, qu’on a peine à y croire. L’incompréhension domine : sommes-nous si marginaux ? Nos thèmes européens étaient-ils si déplacés ? On nous réclamait l’union : elle était réalisée avec des personnes de talent et nos représentants n’ont pas démérité dans la cacophonie des débats. La campagne active sur le terrain n’a pas payé, c’est une leçon à retenir.
Nous nous sommes heurtés à l’hostilité générale des médias et à l’efficacité logomachique d’un Bardella. Le système Macron a fonctionné à plein et le « vote utile » qu’il a suscité nous a pris en étau, reléguant au second plan le sujet du scrutin : l’Europe. Il y a ceux qui ont voté Macron pour éviter Le Pen, et ceux qui ont voté Le Pen pour sanctionner Macron : *plumés des deux côtés ! Un tel système démocratique fondé sur le rejet, ne tiendra pas longtemps.
Il y a pourtant des choses positives à retenir de cette campagne.
D’abord la candidature de François-Xavier Bellamy a réhabilité la politique au sens noble du terme, en assumant ses convictions, y compris lorsqu’elles sont minoritaires et pour cette fois, nous tenions un candidat sincère capable d’incarner une ligne politique intellectuellement fondée.
Ensuite, cette élection a permis de réaliser le rassemblement de toutes nos sensibilités associées à celle du centre d’Hervé Morin, et ce n’est pas un mince acquis, si on sait le faire perdurer, notamment pour les prochaines échéances locales pour lesquelles nous aurons encore des cartes à jouer. Le nombre des élus locaux, départementaux et régionaux qui ont apporté leur soutien à la liste Bellamy montre que Les Républicains ont une implantation que La Rem n’a pas.
Enfin, il reste à espérer que la douche froide de ces résultats ne réduise pas à néant le sursaut militant et d’adhésions que nous avons observé.
On ne peut que regretter que nos concitoyens se soient laissés manipulés par des médias de gauche, leur montrant Les Républicains comme un parti inutile, et présentant un seul enjeu : celui du match entre Macon et Le Pen. Résultat : les trois premiers, comme par hasard sont tous les trois de gauche. Car il faut bien se dire que la Marine a un programme de gauche qui rejoint souvent celui de Mélenchon, que les écologistes sont des « pastèques », vertes à l'extérieur, rouges à l'intérieur, et que Macron va continuer la politique dite de la « demande », typiquement de gauche, distribuant sans compter, sans se préoccuper du déficit et de la dette et donc qu’avec LREM, la France marche (court, même) droit dans le mur.
De quoi demain sera-t-il fait ?
Commençons déjà par un Grenelle de la droite et du centre si on veut sauver l’essentiel ; mais je crains que chacun ne se voie un destin présidentiel et que ce soit compliquer à réaliser. L’union est un combat, ça, on le sait depuis très longtemps. Si nous avions fait un bon score, chacun s’attribuerait les lauriers, mais comme c’est un échec cuisant, le fautif est tout désigné. Il y en a qui tire déjà sur le pianiste.
Et l’Europe dans tout ça ?
En France on a eu une participation élevée de près de 10 points de plus qu’à la dernière élection. Macron a perdu son pari mais sauvé les meubles, car le Rassemblement National a devancé le parti de la majorité, sans véritable surprise. Qu’un parti extrémiste eurosceptique arrive en tête des élections européennes en France n’émeut plus personne... Les Verts créent la surprise en prenant la troisième place. Pour Les Républicains, c’est la désillusion, je n’y reviens pas, et aussi pour la France insoumise et ce dont on ne se plaindra pas. Quant au PS, il est soulagé : il a dépassé les 3% pour rembourser sa campagne.
En Allemagne, les conservateurs d’Angela Merkel arrivent premier mais avec un score historiquement bas (28%). Les partis conservateurs gagnent également en Croatie, en Finlande, en Grèce, en Lettonie, en Lituanie et en Irlande. Les sociaux-démocrates sont en tête en Espagne, au Danemark, en Suède, aux Pays-Bas, au Portugal, en Slovaquie, en Roumanie et à Malte. Les libéraux (dont fait partie LREM) obtiennent le plus de sièges en Estonie, au Luxembourg, et en République Tchèque. Les partis nationalistes et souverainistes arrivent en tête en Italie, en Hongrie, en Belgique et en Pologne. Ils détiennent ensemble 22% des sièges, mais forment 3 groupes divisés.
S’ils ne gagnent nulle part, les verts avec 9.3% des sièges, font plusieurs percées comme en France, en Allemagne, en Belgique ou encore en Suède.
Les deux groupes traditionnels, les conservateurs de droite (23.8%) et les sociaux-démocrates de gauche (20%) conservent le plus de sièges au Parlement européen, mais ils ne représentent plus la majorité. Une défaite qu’ils doivent en grande partie au score en France des Républicains et du PS.
Au final, on se retrouve donc avec une Europe très divisée, sans groupe majoritaire, donc affaiblie.
Et la France sera sur la touche, peu représentée dans les deux principaux groupes politiques européens, avec les Républicains minoritaires chez les conservateurs et le PS inexistant chez les sociaux-démocrates.
Il reste à suivre les tractations pour la répartition des postes et la présidence de la Commission.
En guise de conclusion, je veux adresser à François-Xavier Bellamy un grand merci : il y a longtemps qu’un homme politique ne m’avait fait vibrer autant par ses discours. J’ai envie de lui adresser à mon tour cette belle citation de Bernanos qu’il avait utilisée au meeting de Paris : « Tenez bon, tenez ferme, soyez fidèle… » et je voudrais ajouter mon admiration pour Agnès Evren et Arnaud Danjean qui ont porté si bien nos idéaux avec le reste de la liste.
*Seulement 34% des électeurs de François Fillon il y a deux ans ont effectivement voté cette année pour la liste de François-Xavier Bellamy, Ils ont été 27% à voter pour La République en marche (LREM), 18% pour le Rassemblement national (RN), 9% pour l'UDI.
En politique, il faut apparaître, susciter la curiosité puis l'adhésion. Les médias ont délibérément obstrué le champ d'exposition. Les Français qui n'ont ni FACEBOOK ou autres réseaux sociaux ne nous ont pas vus. Le tractage sur les marchés ont été utiles mais insuffisants en terme d'image.
Nos meetings débordants de vitalité n'ont pas été relayés sur les chaines info.
Face cette stratégie pro-marcon là, il est difficile de lutter, tu as mille fois raison.
Je crains qu'il faille attendre les pires ennuis pour la France pour que les électeurs s'intéressent à une autre alternative que LAREM ou RN.
Rédigé par : Richard VIAU | 27 mai 2019 à 16:40