HISTOIRE
PEUT-ON LUI FAIRE CONFIANCE ?
QUELQUES CLES POUR COMPRENDRE LA JAUNISSE

UNE BAISSE INQUIETANTE DE LA NATALITE

Naissance-bebe

 

Cela fait maintenant quatre ans de suite que notre pays enregistre une chute du nombre des naissances.   En 2018, 758 000 bébés sont nés, 12 000 de moins que l’année précédente. Nous sommes loin du pic de 833 000 de 2010 !  Dans le même temps le nombre des décès augmente mécaniquement du fait de notre pyramide des âges,  au fur et à mesure que le « papy boom » entre dans la vieillesse. 614 000 décès en 2018 : le  solde « naturel » entre naissances et décès n’a jamais été aussi faible : 144 000. C’est bien ça qui est inquiétant : la baisse de la natalité  va accentuer  le vieillissement avec tout ce que cela peut générer d’effets sur la société et son équilibre. La  population de la France s’élève désormais à 66 993 000  habitants. C’est l’économie qui devrait souffrir le plus de cette évolution : croissance en berne, retraites moins généreuses, déficits publics…  Piètre consolation : la France reste quand même l’Etat le plus fécond de  l’UE.

Evolution des mentalités.

Nous sommes dans une époque qui marche sur la tête. Les  couples qui sont en capacité de faire des enfants ne veulent plus en faire, ou diffèrent toujours plus le moment, souvent pour privilégier une carrière, et ceux qui ne sont pas en situation de procréer,  revendiquent le droit d’en avoir quitte à se mettre à trois ou quatre, par le biais de la  PMA ou de la GPA. Et puis, il y a maintenant le mouvement « no kids » (pas d’enfants) : l’argument de  l’écologie est brandi pour ne pas donner naissance à des « pollueurs » supplémentaires. C’est pousser l’écologie punitive un peu loin.  On met ainsi la reproduction humaine sur le même plan que la consommation des ampoules ou l’utilisation d’un vol transatlantique. Et Yves Cochet apporte de  l’eau au moulin dans une interview à l’Obs : «  Ne pas faire d’enfant supplémentaire, c’est le premier geste écologique ».  Inutile de préciser  qu’il est aussi adepte de la décroissance. Et il ajoute : « limiter nos naissances nous permettrait de mieux accueillir les migrants qui frappent à nos portes ». Ces discours ne promettent rien de bon pour notre société. Voilà où on en arrive : faire  moins d’enfants est une « action » pour lutter contre l’empreinte carbone, entre « devenir Végan » et « laisser sa voiture au garage ».  Quant à la famille, elle est de moins en moins la valeur centrale,  au profit d’un concept plus flou  et protéiforme. Le souffle de la vie laisse la place de plus en plus à une conception consumériste « d’enfant produit » que traduit le « droit à l’enfant », qu’on peut s’acheter quand d’autres préfèreront investir dans un chien de race. Déchristianisation et matérialisme sont passés par là.  Je ne sais pas s’il faut s’en féliciter.

La politique familiale à l’abandon.

La corrélation est  flagrante. La  baisse des naissances est bien la conséquence d’une série de décisions politiques prises notamment depuis 2012. Nous payons cash la fin de la politique nataliste qui faisait de la France une exception démographique. La  baisse de la fécondité est aussi et surtout un effet de la détérioration des aides fournies à la famille. On sait, en effet, que les « crises » ont peu de résonnance démographique. A titre d’exemple, la crise de 2008 a été suivie d’un pic de naissances en 2010 ! Par contre, les politiques d’aides à la naissance et de soutien financier ensuite  pour élever l’enfant ont toujours été déterminantes. Car, c’est vrai, avoir un enfant coûte cher et engage pour de nombreuses années la vie d’un ménage. La  confiance dans la politique familiale joue donc un rôle essentiel dans la décision des couples de procréer ou non. Or, nous avons observé ces dernières années de nombreuses atteintes à ce qui faisait le succès de la politique nataliste : fin du caractère universel des allocations familiales et la diminution de leur montant, fin de la défiscalisation des emplois familiaux, revalorisation des plafonds de ressource et des allocations familiales à un niveau inférieur à l’inflation… Les classes moyennes ont été touchées de plein fouet. Mais d’autres mesures ont aussi impacté l’envie de procréer : la réduction des dotations aux collectivités locales a entrainé nombre d’entre elles à renoncer à construire des crèches supplémentaires ou à mettre en place des relais d’assistance maternelle. Et pour se convaincre un peu plus du bienfondé de l’argument « politique nataliste », on observe que les pays européens les moins généreux pour les familles affichent aussi les taux de fécondité les  plus faibles !

Le  déclin démographique, facteur d’appauvrissement.

Tous ceux qui s’intéressent à la démographie savent quelles bombes à retardement et quels effets en chaine elle peut générer. Par exemple, la baisse de la fécondité des femmes, tombée à 1,87 enfant par femme en 2018 alors qu’il oscillait autour de 2 enfants par femme entre 2006 et 2014, aura des effets qui se mesureront dans vingt ans sur le plan économique et social. La baisse du nombre des femmes en âge de procréer aux âges où elles  sont les  plus fécondes (20-40 ans) depuis le milieu des années 90, est aussi à prendre en considération : 9,1 millions en 1998, 8,8 millions en 2008 et 8,4 millions en 2018.  Moins de femmes font forcément, en moyenne et globalement moins d’enfants, à fécondité constante, or, celle-ci diminue. Donc  moins de femmes faisant moins d’enfants chacune. Cette baisse de la natalité touche toutes les catégories sociales  et l’Unaf s’interroge sur les causes conjoncturelles qui accentuent le phénomène : probablement le signe de contraintes croissantes pour les familles. Mais le plus grave à moyen terme, c’est qu’une démographie déclinante nuit à l’économie et génère en cascade une accumulation de problèmes : une croissance amoindrie, des retraites  moins généreuses, des tensions sur les déficits  publics… Un seul exemple : dans dix ans, les dépenses liées à la perte d’autonomie atteindront près de 30 milliards d’euros. Avec un pays dont la dette publique est à 100% du PIB, il vaudrait mieux avoir des forces vives pour faire face  à l’accroissement des dépenses collectives  liées  au vieillissement, inéluctable, lui ! Ah si, il y a une marge de manœuvre : si dans les pays de l’Europe du Nord, 75% des adultes de moins de 65  ans ont un emploi, en France ils ne sont que 65%. Et inévitablement reculer l’âge de départ en retraite, seul vrai moyen de les financer sans peser davantage sur les actifs. D’autant plus qu’en principe, après 2020, la « population active »  devrait commencer à diminuer.

 

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