PEUT-ON LUI FAIRE CONFIANCE ?
16 janvier 2019
Comment est-on arrivé là ?
A entendre le discours macronien répercuté par tous les rouages de la sphère présidentielle et jusqu’au maire d’Angers, Christophe Béchu –les juppéistes n’étant pas en reste-, ce serait dû à trente ans de lâcheté des gouvernants qui n’ont pas eu le courage de réformer… Franchement, ça n’est pas sérieux ! C’est oublier que Nicolas Sarkozy, après le règne laxiste de la cohabitation Chirac-Jospin, et malgré la crise violente de 2008-2009, a réussi à trouver le moyen de faire voter 80 réformes dont la plupart aujourd’hui servent de socle aux nouvelles avancées qui seraient nécessaires. On a oublié que Hollande a détricoté nombre d’entre elles comme le transfert des charges des entreprises sur 2 points de TVA ou celle du Conseiller territorial, dont on voit bien rétrospectivement l’intérêt qu’elle avait. La vérité c’est que nous payons surtout cinq ans d’inconséquences et dix-huit mois d’incompétence. Autrement dit le prix d’un quinquennat calamiteux et celui d’un exécutif déconnecté des réalités depuis l’élection de Macron, assorti d’une majorité inexpérimentée et réduite à l’état de « laquais du château ».
Le « Grand Débat » me laisse perplexe et dubitatif.
On a eu le "zombie tétanisé", assis à sa table pour ânonner en 13 minutes, 13 milliards de dépenses supplémentaires. On a eu ensuite, le soir du 31 décembre la "poupée mécanique" remontée comme un réveil pour débiter des voeux déphasés. Et maintenant revoilà le "séducteur en campagne" pour animer "son grand débat". D’abord il ne faudrait pas que celui-ci dérive en grand « déballage ». La lettre aux Français du Président est à la fois une incitation et porte en elle-même, à travers certains questionnements, le poison du « décidé d’avance ». « Sans tabou » claironne-t-il, certes, mais pour quoi faire ? On le sait adepte du « en même temps » et il y en a eu quelques beaux exemples hier à Bourgthéroulde, ce village normand sorti subitement de l’anonymat par la geste macronienne, où le Président en une même phrase est capable de dire tout et son contraire. Le talent oratoire ne fait pas tout, seuls les actes ou les résultats comptent. Et au vu de ce que l’on a observé depuis dix-huit mois, on a le droit d’avoir des doutes. De sérieux doutes. D’ailleurs, même des membres de la commission du « Débat National », autres que Chantal Jouanno, n’hésitent pas à dénoncer la mainmise de l’exécutif. Pour eux les conditions de transparence et d’indépendance ne sont pas réunies et cette consultation restera « sous contrôle total » du pouvoir. « Un flou intégral subsiste » concernant la restitution des contributions et le traitement final des données par … « le Président de la République ». Car si le débat peut se dérouler en toute liberté, ce qui compte autant, sinon plus, c’est ce que l’on fera des conclusions et qui les tirera. En attendant, son lancement n’a pas l’air de refroidir l’ardeur des « gilets jaunes » dont le nombre recommence à grossir chaque week-end. Ce qui peut se comprendre.
Le rôle des partis démocratiques.
Les Républicains, aujourd’hui seule force d’alternance démocratique au pouvoir macronien, ont décidé d’y participer en organisant un « contre débat ». Le parti va formuler ses propositions et comme il porte depuis 18 mois conte le pouvoir jupitérien, les principales revendications de la classe moyenne formulées aujourd’hui à travers le mouvement des gilets jaunes, hors celles des quelques extrémistes des deux bords infiltrés en leur sein, il est le mieux placé pour se faire entendre. Car, évidemment, il est essentiel que l’on reste dans le cadre de la démocratie représentative. On peut dire tout ce qu’on veut des partis traditionnels, ils restent nécessaires à l’organisation de la vie politique dans le cadre de la Constitution. Je plains les transfuges qui ont choisi ce moment pour rejoindre le RN de Marine Le Pen, contre une place sur la liste des européennes. J’espère pour eux que Mrs Mariani et Garraud se sont munis d’une grande cuillère en bois avant de s’asseoir à la table du diable.
Vous l’avez compris.
La question de la confiance est au cœur de la réussite de l’exercice lancé comme une bouée de sauvetage par le Président, pour empêcher son quinquennat de sombrer. Je ne serai pas de ceux faciles à amadouer. Comme disait ma grand-mère : « chat échaudé craint l’eau froide ». Cela ne m’empêchera pas de dire ce que j’ai sur le cœur !
Prochain sujet : 750 000 naissances en 2018 ! Une baisse inquiétante qui se poursuit…
excellente analyse de simple bon sens d'un acteur et observateur de la politique depuis longtemps
Rédigé par : émile bourdin | 23 janvier 2019 à 13:43