HISTOIRE
LES APPRENTIS SORCIERS CATALANS AU PIED DU MUR
L’ISF, MIROIR AUX ALOUETTES.

MACRON, PREMIER DE CORDEE D’UN ETAT OBESE

Macron interview

 

Je vous préviens, l’article est un peu long, mais la démonstration exige d’entrer dans le détail.

Un Président bavard et péremptoire.

La « transformation » remplace la réforme, on veut bien. Est-ce si sûr, car au-delà des mots, la réalité est bien plus complexe. Pendant la plus grande partie de son interview, on a vu un Macron enfoncer les portes ouvertes avec un discours cent fois entendu sur tous les sujets abordés de la réforme du droit du travail à l’apprentissage ou à la relance de la participation, en oubliant une chose essentielle, au-delà de « je veux », c’est que ce n’est pas l’Etat qui crée les emplois. J’ai pour ma part relevé une vision assez simpliste de l’investissement : le levier fiscal ne sera pas suffisant pour être à la hauteur des défis de l’innovation et de l’économie numérique et de  l’ampleur des fonds qu’il faudrait réunir pour les relever. Il aurait fallu supprimer complètement l’ISF, dont il tente de trouver une cohérence (fragile) avec la taxation des signes de richesse qui envoie un signe contradictoire. Emmanuel Macron s’est étendu longuement sur les sujets futiles au détriment de ceux qui sont pourtant prioritaires pour les Français : la sécurité, l’immigration, les sujets sociétaux. Pas un mot sur le communautarisme. Par contre, je l’ai trouvé convaincant sur les sujets internationaux trop rapidement traités. On n’a pas évoqué l’Europe : dommage ! Alors certes, les intentions sont bonnes et leurs réalisations conjuguées pourront sans doute apporter quelques améliorations à notre situation économique et sociale,  mais le chemin n’est pas le bon pour qu’elles soient durables : « transformer » le pays ce serait transformer l’Etat, or de cela il n’est pas question.

La France est un Etat socialiste.

Il n’y a que les Français qui ne le savent pas. J’ai même entendu un slovaque affirmer que notre pays était communiste : voilà qui aurait fait boire du petit lait à Méluche. On pouvait espérer en sortir un peu avec les projets libéraux des candidats de la droite d’Alain Juppé  ou de  François Fillon. Ils avaient enfin compris qu’il fallait sortir du colbertisme gaulliste pour insuffler une dose de liberté dans notre économie et dans les rouages de l’Etat : du libéralisme, quoi, et surtout diminuer significativement le nombre des fonctionnaires. Mais voilà, c’est Macron qui a été élu. Cet ersatz de socialiste n’est pas là pour arranger les choses. Si son projet est bien de faire  emprunter au capital le circuit de l’investissement, par la coercition fiscale, il n’est pas dans ses priorités de désendetter l’Etat ni de vraiment baisser les dépenses collectives. La mutualisation obligatoire des fruits de la vie économique fait de la France un pays socialiste. La preuve en est : le PS a tout perdu et personne ne s’en est aperçu. Pour une raison toute simple : chez nous l’Etat en tant que tel  est déjà plus socialiste qu’un parti socialiste ne pourrait jamais le devenir. Il contient tous les éléments structurels du socialisme réel : les dépenses publiques, qu’il s’agisse de l’Etat, de la Sécurité sociale ou des collectivités locales sont décidées par des assemblées publiques élues  démocratiquement. Ce sont elles qui décident que les choix collectifs sont prépondérants par les sommes qu’ils mobilisent et font que le système devient à la lettre « socialiste » puisque la collectivité prime sur l’individu. « L’Etat enserre, contrôle, réglemente, surveille et tient en tutelle la société civile, depuis ses manifestations d’existence les plus vastes jusqu’à ses mouvements les plus infimes, de ses mouvements d’existence les plus généraux jusqu’à la vie privée des individus » : ce commentaire que l’on doit à Karl Marx date de 1869, et pourtant il est une brûlante actualité. D’autant plus que depuis, la puissance de l’Etat  n’a cessé de croître avec son armée de près de 6 millions de fonctionnaires. Un tropisme qui n’a fait que s’exacerber avec le temps et dans lequel s’inscrit complètement le pouvoir actuel.

Macron reste dans le droit fil du modèle centralisateur dit « bismarckien ».

La référence du Président est plutôt le  modèle scandinave avec le rôle central  qu’il entend continuer de réserver à l’Etat, illustré par le programme d’investissements publics annoncé par le Premier Ministre, ou par la nationalisation envisagée du système d’assurance-chômage. Ce n’est pas lui qui fera descendre la France de son piédestal de championne du monde des dépenses collectives des pays développés, selon le classement de  l’OCDE : 56,4% du PIB, à égalité avec la Finlande. L’Allemagne est loin derrière avec 44,3% du PIB. Encore faut-il souligner qu’outre-Rhin on équilibre les  dépenses avec des recettes excédentaires. Ce n’est pas le cas chez nous :   les dépenses  publiques sont couvertes par les impôts  et cotisations sociales à hauteur de 45,9% du PIB.  Les  10,5 point d’écart s’expliquent par les autres recettes et surtout par le déficit public et sont comblés par les emprunts. Encore 185 milliards d’euros prévus en 2018 ! On n’est donc pas près de se désendetter. La véritable mesure du poids  de la  sphère publique dans l’économie et la société, ce sont ses dépenses, les prélèvements fiscaux et sociaux en étant le prix douloureux à payer. Avec Macron, la France reste dans le schéma d’un système d’assurance obligatoire où l’Etat est toujours prêt à se substituer au marché en tant que pourvoyeur de bien-être. Notre hexagone a poussé très loin ce « socialisme » bureaucratique. Quand il affirme : « La suppression des cotisations chômage qui représentera plus de 250 € par an au niveau du SMIC » c’est un bon exemple de la présentation qu’il donne de son action. Celle-ci entretient la fiction selon laquelle l’Etat créerait de la richesse et du pouvoir d’achat : c’est le degré zéro de l’argumentation en matière de politique économique. Car l’argent ne vient pas de nulle part. En l’occurrence ici c’est la CSG, c’est-à-dire l’impôt, qui permet  cette suppression, prélevé sur les citoyens, donc sur leurs revenus soit du travail, soit de la rente. Et quand l’impôt ne suffit plus, ce qui est le cas de notre modèle social, c’est l’emprunt ! Et sous prétexte que la croissance économique est un peu plus forte que prévu, aussitôt on décide de faire moins d’économies sur les dépenses publiques : c’est ce qui se passe encore avec le budget 2018. C’est l’inverse qui aurait été pertinent, mais à condition de suivre une autre logique que celle de l’Etat tout puissant et bienfaiteur, même quand il est fauché. Il n’est pas étonnant alors que ses choix se portent sur le renforcement des prérogatives de l’Etat et se méfie de tout ce qui pourrait donner un peu de liberté : ainsi dans la réforme du droit du travail il renforce les branches,  et un certain corporatisme sur lequel il a la main, ce qui permet à l’Etat d’étendre ensuite les accords aux entreprises qui n’ont pas participé aux négociations. De même il privilégie l’étatisation pour la réforme de l’assurance-chômage, ce qui est une manière d’étendre un peu plus le champ de « l’Etat providence » en transformant un dispositif assurantiel en indemnisation d’Etat. Mais qui financera ? Le Président ne le dit pas, mais on a compris.

Il laisse un espace à la droite.

Pour remettre la France dans le coup du 21ème siècle, il faudrait au contraire venir au modèle libéral de type anglo-saxon,  le « Welfare state » qui privilégie le  marché et limite les  mécanismes de solidarité à ceux qui en ont le plus besoin. Notre modèle d’économie administrée n’est plus adapté face aux défis posés par la société de l’information, la mondialisation et le vieillissement de la population. Notre pays socialiste est noyé dans un océan libéral et prend de plein fouet le choc de la concurrence. Il est pris dans un cercle vicieux qui consiste à toujours prélever plus pour financer la machine à redistribuer, moyennant quoi il pèse tellement sur l’appareil productif qu’il est toujours moins concurrentiel. La richesse produite n’est plus suffisante, alors on emprunte et comme nos entreprises sont en difficulté, le chômage augmente… ce qui conduit à augmenter la facture. Et même quand l’Etat par la relance de la consommation qu’il finance obtient un peu de croissance, les fruits de celle-ci sont annulés par le déficit de notre commerce extérieur qu’ils creusent. Le système est depuis longtemps dans le mur, avec dette à 100% du PIB et chômage de masse. Il n’y a qu’une révolution libérale qui permettrait de rompre cette spirale mortifère pour notre pays. Elle ne viendra pas de Macron qui veut renforcer les prérogatives d’un Etat obèse.

 

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