VOUS NE LE SAVEZ PEUT-ETRE PAS …
12 mai 2017
Les milliards valsent au-dessus de nos têtes.
Le Brexit a vraiment commencé.
Le vent tourne en Grande Bretagne. Nous avons été surpris par la vigueur d'une économie britannique qui a affiché depuis le vote de sortie de l’Union, une des plus fortes croissances des pays développés avec un niveau de confiance des ménages et des entreprises qui semblait inébranlable. Mais la croissance a marqué le pas au premier trimestre de cette année à 0.3% seulement. La chute brutale de la Livre britannique a provoqué une hausse des prix, qui a entamé le pouvoir d'achat et donc la consommation et la confiance des ménages. D'autre part l'environnement actuel, tant les élections législatives anticipées que la tournure qu'ont pris les négociations avec l'union européenne n'est pas propice à l'investissement. En fait, c’est le Brexit qui a commencé à faire sentir ses effets. On est bien dans un timing logique. Ceux qui pariaient sur la solidité de l’économie d’outre-manche grâce au « Brexit » vont voir ce qu’il en est réellement. Ce n'est pas la date du référendum mais le déclenchement du compte à rebours des deux ans de négociation sur le Brexit qui marque le début du doute. Rappelons tout de même que la situation économique britannique part d'un niveau relativement élevé tant en terme de croissance qu'en terme d'emploi avec un chômage au plus bas depuis 12 ans et une situation de plein-emploi. On peut penser qu'ils vont entrer dans une zone de turbulence dont on ne peut prévoir ni la durée ni l'ampleur. Le processus du Brexit a officiellement démarré d’autant plus que les 27 affichent un front sans faille et ont donné à Michel Barnier un mandat assez impératif avec à la clé une douloureuse de près de 100 milliards d’euros à solder avant toute chose. Evidemment, la « May » qui aurait bien voulu le beurre et l’argent du beurre rit jaune.
Le "shadow banking" pèse lourd.
Selon un rapport du FSB (Financial Stability Board), avec 92 000 milliards de dollars, la banque de l’ombre qui échappe à tout contrôle pèse 150% du Pib mondial. Le système bancaire parallèle continue sa croissance. Les champions en sont les Européens où le «shadow banking» est estimé à 30.000 milliards de dollars. Les Etats-Unis (26.000 milliards de dollars) leur emboîtent le pas, suivis du Royaume-Uni et de la Chine à égalité à 8.000 milliards de dollars. Petite précision de taille, la juridiction des Îles Caïmans a révélé ses chiffres pour la première fois: le « shadow banking » (6.000 milliards de dollars) s'y révèle plus important qu'au Canada et au Japon (4.000 milliards). Ces actifs représentent 170.000 % du PIB des îles ! Le FSB rappelle que les Îles Caïmans continuent d'être le lieu privilégié de domiciliation de fonds d'investissement, dont la plupart sont gérés depuis l'étranger et investissent en dehors de l'archipel. Le Luxembourg qui est pourtant l'un des plus importants centres financiers dans le monde, n'a en revanche pas participé à l'étude du FSB. Sa participation au système parallèle reste la grande inconnue. Question : à quoi peuvent bien servir les accords de régulation de la finance internationale promus par le G10 puis le G20 (Bâle 1, Bâle 2 et Bâle 3) ?
La guerre des banques centrales.
Les achats de titres et les prêts aux banques ont fait exploser les bilans. La BCE (banque européenne) est passée en tête devant la Fed (Etats-Unis) et la banque du Japon. Le total des actifs de l’institut monétaire européen atteint 4 157 milliards d’euros soit 4 568 milliards de dollars et devient le plus important de toutes les banques centrales au monde (excepté la Chine). La Fed suit avec 4 471 milliards de dollars d’actifs, un bilan stable depuis début 2015, marquant la fin de son « assouplissement quantitatif » pour relancer l’économie américaine après la crise. Quant à celle du Japon, le total des actifs reste sous la barre des 4 500 milliards de dollars, mais affiche une progression continue. L’archipel nippon injecte 80 000 milliards de yens par an (645 milliards d’euros) via des achats de dette. Pour la BCE, le résultat est la conséquence logique de son programme de « Q.E.» lancé en mars 2015. Elle a racheté 60 milliards d’actifs par mois, principalement de la dette des états européens, volume porté à 80 milliards en mars 2016 jusqu’en avril dernier où elle est revenue au niveau de 2015. Pour garder ce volume, elle y a ajouté les obligations d’entreprise. La hausse du bilan n’est cependant pas prêt de s’arrêter et va continuer jusqu’à la fin de l’année. La fin progressive de ces achats d’actifs pourrait intervenir au début de 2018, sans brusquer les marchés autant que possible.
Draghi peut se fâcher !
Le patron de la Banque centrale européenne a passé un sale quart d'heure. Confronté à des députés hollandais pour le moins hostiles à sa politique laxiste, qui l'accusaient de favoriser les pays les plus paresseux aux dépens des pays les plus vertueux, il s'est vraiment énervé, ce qui lui arrive rarement, et s'est fendu d'une déclaration sans appel : « The euro is irrevocable. This is the treaty. I will not speculate on something that has no basis». Voilà ! C'est dit ! Pas la peine de traduire. Il a son tempo, et il n’y dérogera pas. Il sait qu’il doit lâcher du lest aux faucons partisans d’un tour de vis monétaire, notamment à l’allemand Jens Weidmann qui voit cette politique et ses taux d’intérêts négatifs d’un mauvais œil. Cependant, la fin du « Q.E. » ne signifie pas une diminution du bilan mais sa stabilisation. Mario Draghi veut faire le travail « proprement ». Mais l’amaigrissement des banques centrales est une question qui hante les marchés parce que personne ne sait comment cela va se passer ni ne peut imaginer les répercussions. Certains pensent même que ce type de financement pourrait devenir permanent…
Aparté…
Deux morts de plus chez Maduro. Les Vénézueliens continuent de manifester contre le Président Maduro qui veut instaurer une nouvelle constitution. L’opposition manifeste depuis bientôt deux mois et plus de trente personnes ont déjà laissé la vie. Un grand démocrate, ce Maduro, cité en exemple par Mélenchon. Les affrontements entre la police et les manifestants s’intensifient. L'opposition réclame des élections générales anticipées, objectif central de ces mois de mobilisations. On sait que le candidat de la « France insoumise » a érigé le régime chaviste en modèle et avait inscrit l'adhésion de la France à « l'Alliance bolivarienne pour les Amériques » dans son programme. Edifiant, non ?
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