HISTOIRE
LE RASSEMBLEMENT BRUN-ROUGE DE MARINE
"EUROPA" : L’ANTIDOTE AU VENIN MORTEL DU PROTECTIONNISME

SARKOZY, LA PARADE A LE PEN

Sarkozy lambersart

Il y a ceux qui prennent leurs désirs pour des réalités. Ils accablent l’ancien président de mauvais sondages et en déduisent qu’il a raté son retour. Peut-être. Mais faut voir. Ils pourraient bien être déçus le moment venu. En effet, Nicolas Sarkozy est parti à la conquête exclusive de l’UMP. Son exposition médiatique est volontairement réduite au strict minimum et réservée à la proximité, ce qui se concrétise par la préférence accordée à des interviewes à la PQR (presse quotidienne régionale).  De même, ce qui arrive à filtrer dans le concert médiatique de son discours et de ses propositions peut apparaître comme très réducteur aux yeux de la majorité des Français, notamment ceux qui ne suivent pas de près le parcours de l’ancien président ou la vie politique, sans parler de la complaisance majoritaire dans la sphère médiatique pour le Sarko-bashing. Attention au réveil amer pour tous ceux qui voudraient le voir se planter.

Comme Le Pen, Sarko étudie de près les enquêtes d’opinion.

Le positionnement qu’il a adopté dans sa campagne a fait dire qu’il revenait avec le même que celui qui l’avait fait échouer en 2012, très à droite. Là-dessus, les avis sont partagés. Pourtant tout montre que le discours qu’il tient est très attendu par les militants, correspond à ce qu’ils attendent et devrait lui assurer un large succès dès le premier tour de l’élection interne. Mais plus généralement les thèmes qu’il développe sont les plus à même de toucher à terme des électeurs tentés par le Front National, et pas seulement sur les sujets de prédilection que sont l’immigration ou la sécurité. Mais avait-il le choix ? Un retour avec un discours recentré aurait certes plu davantage à l’opinion publique globale, dont le personnage qui  l’incarne est actuellement Alain Juppé avec un certain succès. Sauf que ce dernier est engagé dans une campagne différente, celle de la primaire pour la présidentielle. Il s’adresse donc à un électorat au spectre très large, qui dépasse celui des adhérents de  l’UMP, où il est présent sans faire des étincelles.

L’UMP se conquiert par la droite.

Nicolas Sarkozy a l’expérience de la conquête du pouvoir. Dix après 2004, le voilà confronté au même défi : prendre la tête du parti, puis rassembler son camp pour en faire une machine de guerre électorale. Déjà à l’époque la presse lui prédisait une reconstruction difficile de l’UMP quand lui promettait « une pratique de rassemblement ». Cette fois-ci, il sait bien que ce sera encore plus difficile, avec une marque à recréer et la concurrence déclarée de plusieurs candidats à la primaire. Droite décomplexée ou recentrage ? Le bilan de la campagne de l’entre deux tours de 2012 est à cet égard riche d’enseignement. Les données chiffrées sont sans appel : on les trouve dans un sondage de l’Ifop pour Paris-Match et ils montrent que la stratégie offensive de Nicolas Sarkozy s’est traduite par une remontée significative des intentions de vote en sa faveur. L’écart de 5% au soir du 23 avril s’est progressivement  réduit pour donner finalement 48,4 au président sortant, soit un gain de 3,5 points en deux semaines, ce qui est beaucoup. La dynamique était telle que son camp n’a pas vécu sa défaite comme une « vraie défaite ». C’est donc que la ligne retenue avait été efficace.  Sans entrer dans le détail, c’est surtout sur l’électorat du FN que les voix ont été regagnées (13 points), sans dégrader le taux de report des voix centristes.  Ceci s’explique par le durcissement idéologique qui s’est produit à droite et ce n’est pas par hasard si la motion de la droite forte est arrivée en tête lors des élections internes qui ont suivi. Quand on interroge les sympathisants UMP sur la ligne à adopter pour son retour, 57% attendent qu’il opte pour une ligne clairement à droite, contre 34% pour un programme de droite modérée. La proportion est encore plus forte quand il s’agit des adhérents. D’ailleurs une autre étude montre que l’UMP et le FN enregistrent des scores supérieurs de 5 à 8 points à ce qu’ils étaient dix ans plus tôt. Ce qui fait dire qu’une tendance de fond assez nette témoigne d’un déplacement à droite du centre de gravité de l’échiquier politique. Ce constat vaut aussi pour le centre et il explique l’effondrement de l’électorat du Modem. On aura l’occasion de revenir sur les différences qu’on observe entre les électorats de l’UMP et du FN. Cependant, avec la montée en puissance du FN et la fragilisation extrême de la gauche au pouvoir, il est de plus en plus vraisemblable qu’au second tour de 2017, le candidat de droite affrontera Marine Le Pen. Dans cette hypothèse, la priorité stratégique serait de créer les conditions de larges reports en provenance du centre, ce qui exigerait un « recentrage » tout en évitant une synthèse émolliente. Un exercice pour le moins délicat.

S’imposer à mi-mandat en chef du grand parti d’opposition.

La sérénité affichée par Nicolas Sarkozy repose sur une stratégie politique éprouvée. Il sait qu’il tient sa chance et il savoure le contact avec les milliers de militants qui remplissent depuis un mois toutes les salles et qui l’acclament à chaque réunion. Le tigre flaire l’arène avant le saut décisif. S’imposer comme le chef du grand parti d’opposition et s’appuyer sur cette légitimité et une organisation militante puissante qui ne demande qu’à redémarrer, c’est une stratégie très classique de prise du pouvoir sous la Vème République. A ce jeu, on comprend que la fameuse « primaire », à laquelle s’accrochent les autres candidats, ne revêt que peu d’importance. L’ancien chef de l’Etat est persuadé qu’après avoir remporté les deux élections de 2015, les cantonales puis les régionales, il bénéficiera d’un tel élan que ce sera difficile de lui disputer la place, a fortiori s’il réussit à contenir le FN. D’autant plus que le calcul table aussi sur la prise de la présidence de l’Association des Maires par François Baroin et celle de l’Association des Régions de France qui devrait logiquement basculer à droite après les élections. Nicolas Sarkozy disposera alors d’un puissant réseau d’élus locaux. Marine Le Pen sacrée première opposante à François Hollande est en train de manger son pain blanc. Qu’elle en profite, parce que la machine Sarko une fois lancée…

La nouvelle UMP selon Sarko.

La reconstruction du parti constitue donc une étape fatidique à mener rondement.  Il faut faire oublier les déboires récents et ravaler la façade comme on dit. Ce sera donc un parti rebaptisé, pour montrer le changement et, ce n’est pas anodin, retirer par la nouvelle dénomination le slogan à Marine Le Pen « UMPS ». Ce sera probablement une direction différente pour avoir les mains libres. Un président qui s’occupe de l’international et des affaires nobles, et un secrétaire général qui fait tourner la boutique. On a déjà vu. Il fera une croix sur les « courants », comme en 2004. Si la procédures des motions qui s’étaient multipliées avait contribuer à brouiller l’image du parti en multiples chapelles, la maintien dans les statuts d’un dialogue entre les trois courants fondateurs, gaullistes, centristes et libéraux, serait pourtant souhaitable pour assurer une base la plus large possible au nouvel ensemble. Ceci pourra s’accompagner de procédures de consultations des militants sur toutes les questions de fonds comme sur les changements d’organisation. On ne peut pas prôner le referendum pour consulter le peuple et ne pas l’instituer en interne. Enfin « la primaire » qui fait l’objet d’un règlement particulier sera intégralement reprise dans les nouveaux statuts. C’est une condition essentielle pour « rassembler ». Mettra-t-il fin à la possibilité d’animer des « écuries » secondaires en parallèle au parti, type « Force Républicaine » ou « Génération France » : de mon point de vue, ce serait une bonne chose. Enfin, la nouvelle direction aura la tâche de redresser la situation financière, avec 75 millions d’euros de dettes, ce ne sera pas simple. Il faudra à la fois une multiplication des adhésions et des donateurs, ce qui n’est pas impossible avec l’approche de 2017.

Conclusion.

Au-delà des quelques milliers de militants qui vont l’élire comme un seul homme, il existe une armée d’électeurs orphelins qui pourraient bien, demain, faire ou défaire son élection. Gare à trop jouer la confiance, le vote utile et le rejet du président en place.  La France en a soupé des campagnes de « postures ». Elle attend autre chose que des mots. Elle souhaite un président qui aille chercher avec les dents un véritable mandat réformiste. Il faut donc réinventer le Sarkozysme ! En termes de vision, d’attitude et de méthode d’action.

Ce sera pour après la Saint-Nicolas.

Demain : « Europa, l’antidote au poison Le Pen » et après-demain… « Putain, deux ans et demi ! »

 

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