LA DEUXIEME HUMILIATION DE LA GAUCHE
21 février 2014
L'humiliation de 2007.
En 2007, avec une élection triomphante sur Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy avait fait subir à la gauche une humiliation : il avait gagné la bataille des idées. Son pragmatisme, son « travailler plus pour gagner plus », qui n’était qu’un raccourci d’une réalité intangible qui veut que pour partager la richesse, il faut d’abord la produire, avait eu raison de la « démocratie participative » de son adversaire, ultime avatar de la pensée post soixante-huitarde. Elle ne le lui a jamais pardonné !
Avec ses 931 réformes qu’ils s’acharnent à détricoter, les socialistes voudraient bien aujourd’hui faire oublier ce quinquennat qu’ils n’arrivent pas à dépasser tant ils ont ragé après leur défaite. Si bien qu’aujourd’hui, tout est encore de la faute à Sarkozy, énoncé à chaque instant avec la plus belle mauvaise foi du monde, oubliant leurs propres déclarations d’opposants. La gauche plaidait alors pour l’augmentation des dépenses de l’Etat. Elle pensait que la réduction de la dépense publique, la relance par la consommation, la compétitivité et l’aide à l’innovation par des allégements de charges n’avaient d’autre but que de servir les intérêts du « grand capital » et des patrons, au mépris de toute justice sociale. Elle s’est donc empressée dès son arrivée au pouvoir de créer 60 000 postes dans l’Education nationale, et de mettre fin aux « abus » dont bénéficiaient les riches.
Mais voilà, la réalité est ce qu’elle est. Il n’y a pas un « réel » libéral et un « réel » socialiste. Comme la loi de la pesanteur ou de la gravitation, la réalité est la même pour tous. Et les mesures de bon sens, naguère prônées par la droite, finissent par s’imposer. Notre Président de gauche est bien obligé de convenir que, sur tous les points essentiels il est obligé de faire un demi-tour acrobatique, « sans tournant » bien qu’à 180 degrés, par rapport à tout ce qu’il défendait dans l’opposition, il y a à peine deux ans.
Quelle nouvelle humiliation !
Le voilà réduit à chercher désespérément 50 milliards d’euros d’économies, le voilà qui songe à geler le traitement des fonctionnaires, et, loin de défendre comme la gauche le fit toujours, la relance par la consommation et l’augmentation des salaires, le voilà qui propose un pacte de compétitivité et une aide à la politique de l’offre en baissant les charges des entreprises. De quoi provoquer le désespoir de la CGT, de FO, de Mélenchon et de Besancenot.
Nous vivons un bouleversement intellectuel sans précédent : c’est la mort à petit feu mais inexorable, des idées les plus profondément ancrées dans le logiciel de la gauche en matière d’économie politique. L’effet de ces mutations est évident : elles débouchent sur une chute vertigineuse de la cote de popularité de Hollande, particulièrement dans la gauche de la gauche, un effondrement qui n’est pas compensé par la moindre augmentation en provenance de la droite. C’est une perte de confiance dans les capacités du chef de l’Etat, encore jamais observée jusqu’à aujourd’hui. Une humiliation supplémentaire : plus bas que le honni Sarkozy !
Le gouvernement a bien fait tout son possible pour faire oublier cette conversion au réel, encore insuffisante bien sûr, en actionnant des projets bien clivants pour faire croire qu’il tenait encore sur les valeurs : mariage gay, euthanasie, avortement, ABCD de l’égalité. Mais comme c’est cousu de fil blanc et très diviseur, il n’a fait que se planter davantage. Au point de retirer les propositions délirantes qui étaient hébergées sur le site de Matignon, en matière d’immigration, l’immense majorité des Français étant convaincue que c’est bel et bien aux étrangers de s’adapter à la France et non l’inverse. Au point aussi de reculer au dernier moment sur une loi famille qui portait très mal son nom mais qui avait mis le feu.
Les idéaux de la gauche en miettes.
L’idée que la gauche a le monopole du cœur a volé en éclat. Parce qu’en plus, les scandales suscités par la vie personnelle du locataire de l’Elysée, après les affaires Guérini, Cahuzac, DSK et autres, les idéaux en ont pris un bon coup.
La vérité, c’est que les valeurs de fraternité, de solidarité, sont désormais mieux représentées dans la droite républicaine qui ne se paie pas de mots et qui sait que pour être généreux autrement qu’en paroles, il vaut mieux être riche, et que pour partager les richesses, il vaut mieux les produire d’abord.
Finalement, la défaite de Nicolas Sarkozy aura eu au moins ce mérite : le passage de la gauche au gouvernement l’a mise au pied du mur. Car il ne fait aucun doute, s’il avait gagné, que le « peuple de gauche » aurait continué de penser de la même façon en mettant avec une hargne redoublée des bâtons dans les roues. Consolation chèrement payée. Car, nos apprentis ont une aptitude inégalée à taper à côté du clou : mauvais choix en matière d’augmentation de la TVA, usine à gaz du CICE qui ne profite pas aux bonnes entreprises, méconnaissance des rouages de la création d’emplois,…
Que de temps perdu !
Et comme il vaut mieux l’original à la copie, le temps va encore être long d’ici à 2017.
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