HISTOIRE
LA DEUXIEME HUMILIATION DE LA GAUCHE
LE FUSIL A TIRER DANS LES COINS

L’ETAT DE FAIBLESSE…

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 Dans quel pays vit-on ? Est-ce bien la France, ce pays où l’on peut mourir dans une salle d’attente des urgences sans que personne ne s’en aperçoive ? Ce pays qui compte un cambriolage toutes les minutes et demi ? Où l’on peut se faire rançonner la nuit sur une aire d’autoroute ? Où l’on peut se faire arracher son collier sur les Champs-Elysées ? Où l'on peut mettre à sac le centre ville d'une grande ville comme Nantes en profitant d'une manifestation ? ... Et j’en passe !

Voilà que même nos campagnes naguères si paisibles sont devenues le terrain d’action favori des malfrats en tout genre.

Vols dans les campagnes : le ras-le-bol des agriculteurs !

Les projecteurs de l’actualité sont braqués sur le Salon de l’Agriculture : la campagne se déplace Porte de Versailles. Mais la vraie campagne, elle, fait l’objet d’une actualité moins agréable et il ne fait pas toujours bon y vivre. Les vols dans les fermes ont littéralement explosé depuis 2006. L’Observatoire de la délinquance pointe une hausse de plus de 66 % en cinq ans. En 2013, on en aurait recensé plus de 10.000. Du tracteur aux récoltes, plus rien n'est épargné.

Des bandes organisées, de plus en plus nombreuses, écument désormais les champs et les fermes, en quête de butins parfois très rémunérateurs : machines agricoles, récoltes, carburant, câblage, tout y passe. Même les animaux. Comme si nos champs s'étaient brusquement transformés en un gigantesque libre-service. Dans le sud de la France, un réseau international, responsable du vol de 38 tracteurs, vient d’être démantelé. Montant du préjudice : 3,2 millions d’euros… Des interpellations ont eu lieu en Espagne et en Roumanie.

Une forte progression des vols.

Ce qui est inquiétant, c’est la progression très forte et très rapide des délits (15% en 2012, 7% en 2013 avec 10 426 méfaits recensés) et une aggravation des dommages causés. Ces chiffres laissent rêveur et pourtant ils sont inférieurs à la réalité, à la fois parce que l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) ne prend pas en compte les vols avec effraction, mais aussi parce que, très souvent, les agriculteurs jugent inutile de porter plainte. Pour les agriculteurs, la facture s’alourdit très vite. Le réservoir d’un tracteur contient de 400 à 600 litres de gazole. S’il est siphonné et détérioré par l’opération, la note peut atteindre 3.000 euros. Sans parler du fait que le tracteur étant momentanément inutilisable, c’est une, deux ou trois journées de travail perdues.

Le phénomène affecte tout particulièrement les fermes situées dans le voisinage des routes nationales 3 et 4. « Ce sont des axes routiers très commodes pour les voleurs, qui viennent de la région parisienne avec des porte-chars pour embarquer le matériel. Une fois commis leur forfait, ils filent vers l’Europe de l’Est », explique Arnaud Rousseau, de la FDSEA. Les gendarmes y ont découvert des sites de revente regorgeant de machines volées.

Mais il n’y a pas que le matériel qui est concerné. Ainsi dans les Pyrénées-orientales, les agriculteurs ont subi des vols de récoltes de fruits. Parfois en très grandes quantités d’un coup, 5, 6, 7 à 8 tonnes. Parfois tout au long de la saison par quantités de 500 à 600 kilos au rythme d’une fois par semaine. La période des vendanges dans la région de Collioure et de Banyuls a été riche en mauvaises surprises. Les voleurs n’ont pas hésité à vendanger à la machine sur une exploitation. La proximité des villes est clairement un facteur aggravant. Celle des frontières aussi. 

La région Champagne-Ardenne a été parmi les toutes premières victimes de vols importants dans les exploitations. Dans cette région, les méthodes de pillage et les circuits de revente sont très organisés. Les animaux dépecés sur place ont beaucoup choqué les esprits. Cela requiert un certain professionnalisme et des outils observe la FNSEA. La vision des carcasses débarrassées de leur viande gisant au milieu du champ n’est pas près de s’effacer de la mémoire des éleveurs.

La gendarmerie est mobilisée.

La gendarmerie  incite à porter systématiquement plainte pour faciliter ses interventions et les rendre plus efficaces. Elle s’est rapprochée de la FNSEA et de ses fédérations départementales, organisant des réunions dans les lieux les plus chauds afin d’éviter la tentation de certaines victimes d’organiser leur propre défense. Mais l’intervention de la gendarmerie ne suffit pas toujours à régler le problème. Elle se heurte à de multiples obstacles, à commencer par la difficulté à qualifier les faits devant la justice. Exemple de cet agriculteur débouté de sa plainte auprès du tribunal qui a classé l’affaire parmi les cas de glanage, historiquement tolérés, alors qu’il s’agissait du pillage d’une récolte.

Les vols de matériel sont orchestrés par des bandes très organisées, rompues au repérage et à l’action rapide. Mais en face de ces délinquants de grande envergure, on trouve des voleurs beaucoup plus ordinaires et franco-français. Lorsque le butin est revendu dans les pays de l’Est, il n’est pas toujours simple pour les gendarmes d’obtenir le soutien des autorités locales pour saisir les biens immobiliers des délinquants. 

La coopération internationale en matière de délinquance itinérante se développe. Chaque Etat alimente à partir de ses propres données un gigantesque fichier européen, qui recense personnes, véhicules, armes à surveiller de près. Le système est consultable par tous les pays de l’espace Schengen et donne lieu à beaucoup d’échanges et de collaborations entre forces de l’ordre. D’une manière générale, les trafics de matériel sont plus faciles à déjouer que les vols de récolte, qui ne sont même pas recensés par les outils statistiques. Pour le repérage de ce type de vol, la gendarmerie en est réduite aux simples contrôles routiers.

Aussi, la gendarmerie a entrepris de développer avec l’aide des agriculteurs des dispositifs d’alerte par SMS ou par courrier entre agriculteurs lorsqu’ils remarquent une situation suspecte. Près de 200 référents de la sûreté viennent donner des « trucs » aux agriculteurs lors des réunions syndicales pour déjouer les voleurs. Le matériel rentré dans un local fermé court nettement moins de risque que celui qui est garé à l’extérieur.

On en vient à regretter le temps des brigades installées dans chaque village, avec ses gendarmes qui vadrouillaient à toute heure du jour et de la nuit. Mais ça, c’était il y a longtemps, au milieu du 20ème siècle, dans un autre monde.

La vérité, c'est que l'Etat a de plus en plus de mal à assurer ses fonctions régaliennes. Un autre signe de notre décadence.

 

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