L'AMATEURISME HOLLANDAIS
27 février 2012
S’il y a bien un poste qui ne supporte pas l’amateurisme, c’est celui de Président de la République. Non seulement avec le quinquennat, le titulaire est encore plus en première ligne bien que la réforme constitutionnelle ait amputé quelque peu ses pouvoirs, mais le contexte actuel nécessite clarté des objectifs et fermeté sur les caps à tenir. La démagogie n’a plus sa place et les promesses intenables encore moins.
Depuis que la campagne a commencé au PS, nous avons vu un François Hollande d’abord affublé de tous les défauts par ses « amis » concurrents, puis lui-même varier sur ses propositions et l’interprétation du programme concocté par sa consoeur Martine. C’est déjà un handicap : composer avec un programme dont on peut penser qu’il prévaudrait avec une majorité socialiste élue aux législatives avec des investitures soigneusement choisies par la 1ère Secrétaire.
La faiblesse est surtout apparue à l’occasion des négociations entre le PS et les Verts et surtout l’accord signé entre les deux partis sans que le candidat investi ait eu son mot à dire. On en a retenu principalement un marchandage douteux de centrales nucléaires contre des postes de députés et la valse hésitation en forme de vaudeville sur un paragraphe effacé-rétabli »… C’est avec incrédulité qu’on a pu voir le candidat accepter la disparition programmée de l’industrie nucléaire, même au ralenti, et avec stupéfaction qu’on a vu le PS céder aux Verts et rétablir une clause que François Hollande avait supprimée.
Le candidat du PS n’a pas encore compris que la campagne électorale ne permettra pas cette fois-ci un comportement qui fait primer la forme sur le contenu. On peut surfer sur l’antisarkozysme . Mais la France est affectée par une crise internationale sans précédent et il faut être en mesure, tous les jours de réagir. Or, ce que nous avons pu observer depuis l’épisode du nucléaire n’est pas plus rassurant : mises au point successives sur les 60 000 postes d’enseignants, atermoiements sur le quotient familial, … un jour on propose, le lendemain on recule si c’est nécessaire. Finalement sur beaucoup de sujets, nous ne connaissons pas les choix exacts du candidat.
On nous dit que depuis le discours du Bourget, il s’est imposé. Rien n’est moins certain.L’autorité qu’on lui découvre ressemble plus à un rôle joué par un comédien qu’à la réalité du personnage : trop théâtral, trop mis en scène. Aujourd’hui, on voit un François Hollande sombrer à nouveau dans la facilité du coup pour coup, la tentation de remplacer ses réponses par l’envie de surfer sur l’antisarkozysme savamment entretenu par ses comparses.
La méthode hollandaise consiste à contenter tout le monde, c’est-à-dire personne. Ce n’est pas de cela que nous avons besoin. Derrière le discours de « faux dur » qu’il nous sert en singeant Mitterrand se cache le « mou » et le « paresseux » décrit par Martine Aubry. Passe encore qu’il n’ait aucune expérience gouvernementale, c’est un handicap, mais il se corrigera rapidement au feu du pouvoir. Que nous ayons un indécis est beaucoup plus grave. L’habileté manœuvrière risque de faire « long feu » face aux dirigeants chinois, russes ou même européens. Une dernière interrogation, et non la moindre : qu’en sera-t-il de son vrai pouvoir de décision s’il n’a pas la maîtrise totale de sa majorité législative ?
Les temps ne s’accommoderont pas d’un « amateur » à l’Elysée sans que notre pays n’en paie lourdement les pots cassés !
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