LES DEBATS DE 2012 SE DESSINENT
08 juin 2011
La disparition de DSK du paysage politique dont il pouvait incarner une dimension « sociale-libérale » nous ramène à un débat droite-gauche plus classique, quel que soit le candidat choisi par le PS. Les autres candidats des deux camps ne jouant que pour la 1ère mi-temps, avec des préoccupations parfois plus terre-à-terre comme la quête de voix pour leur financement, montrer leur capacité de nuisance ou négocier des sièges de parlementaires à grappiller aux partis de gouvernement, plus que pour apporter vraiment leur pierre au débat.
On distingue déjà les thèmes « clivants ».
Retour aux équilibres financiers contre fuite en avant. L’actualité parlementaire de cette fin de mandat avec la dernière rustine posée par le gouvernement qu’est la suppression du « bouclier fiscal » est un avatar de plus qui ne résout rien au fond. La réforme de notre système fiscal reste à faire et elle est indispensable. Le problème qui est posé en trame de fond est celui du retour aux équilibres financiers, promis en 2007 mais mis à mal par la crise. Dans ce contexte, à droite on privilégiera le maintien d’une politique rigoureuse de la dépense publique en cherchant à rester sur la ligne de crête très étroite de limitation des impôts pour ne pas grever notre compétitivité et notre consommation. Le PS est sur une autre stratégie, conforme à son idéologie : augmenter les impôts en accentuant la pression sur les « riches » ; mais il sera difficile de financer à la fois le remboursement de la dette, ne pas la creuser, et satisfaire les promesses dépensières comme la création de 300 000 emplois jeunes ou l’augmentation du nombre des fonctionnaires. Une fuite en avant en quelque sorte.
Produire pour partager ou distribuer avant d’avoir produit. Eternel débat entre la droite et la gauche rendu plus aigu par le taux de croissance faible compris entre 2 et 2,5% au maximum, sauf vraie surprise. C’est le partage de la richesse qui se pose à nouveau. La droite mettra l’accent sur la compétitivité des entreprises et la création d’emplois de l’économie réelle, la dimension sociale découlant du niveau d’activité. La meilleure façon de partager est encore de pourvoir prétendre à un salaire, et mieux d’être en situation d’en augmenter le montant. La gauche, elle, verra d’abord la souffrance sociale à soulager par des aides, la création d’emplois qui relèvent du traitement social du chômage. C’est sa tendance à développer l’assistanat. Non qu’il ne soit pas nécessaire, mais dans le contexte contraint de nos finances publiques, l’exercice risque de devenir périlleux.
Ouverture au monde contre repli sur soi. Parmi les conséquences de la grave crise mondiale que nous venons de vivre, nous voyons bien la tentation de revenir aux égoïsmes nationaux. Les efforts du G20 tentent d’enrayer cette tendance sans totalement y parvenir. Il n’y a qu’à voir l’attitude de la Chine, avec sa monnaie. Ce sera là encore un thème de débat clivant, mais dont l’axe se déplace : entre la droite et le Front national d’un côté, entre le PS et le Front de Gauche de l’autre. La pire des erreurs serait que les Français se laissent entraîner vers les fausses solutions attrayantes et démagogiques du repli à l’intérieur des frontières, erreur génératrice de dégâts considérables pour nos épargnants et nos entreprises. Mais trouvera-t-on entre partis majoritaires le consensus qui permette de faire avancer l’Europe, de conserver l’Euro, et de créer l’élan qui donne envie à nos entrepreneurs d’aller sur le vaste marché mondial. Les Français, à qui l’on ne cesse de tenir un discours négativiste qui tend à faire croire que tous nos maux viennent de là, n’ont toujours pas compris que la mondialisation est une chance pour peu qu’on veuille bien se pencher sur nos quelques handicaps, surtout mentaux, pour les résoudre.
Ecologie responsable contre écologie de la décroissance. Là aussi, nous n’échapperons pas au débat. D’un côté, nous avons les acquis du Grenelle de l’environnement, avec la part de réalisme et de compromis qu’imposent les temps d’évolutions et d’adaptations nécessaires de nos systèmes de production, de financements des dispositifs économes en énergie, de développement des énergies renouvelables. Les avancées sont loin d’être négligeables. La question de l’énergie nucléaire sera centrale, évidemment. Mais, quoi qu’il arrive, nous sommes condamnés à la croissance, ne serait-ce que pour rembourser notre dette. A gauche, puisque les « Verts » sont traditionnellement à gauche de la gauche, à la différence des Français écologistes qu’on trouve dans les électeurs de tous les partis, les propositions se font plus radicales et impliquent un vrai changement de société et des pratiques de consommation. Un modèle difficile à mettre en place tout seul dans son coin. L’abandon du nucléaire y est une idée centrale, à laquelle le PS, par tentation électoraliste, en surfant sur l’émotion suscitée par Fukushima, semble se rallier. Mais sortir du nucléaire d’ici trente ans, cela a-t-il un sens ? N’est-ce pas un marché de dupe puisque l’on sait que parallèlement nous devons développer les autres sources d’énergie. Sauf que le nucléaire assure notre indépendance énergétique et constitue un fleuron de notre compétence industrielle et de notre recherche.
Voilà déjà de quoi alimenter une campagne électorale. Il y aura d’autres thèmes. Nous y reviendrons.
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