VERBATIM
02 décembre 2010
Parmi les penseurs de notre époque, Alain Finkielkraut est peut-être celui dont je me sens intellectuellement le plus proche. Son verbe résonne en moi. J’aime et je partage sa façon d’aborder les problèmes de notre société. Son regard sur le monde dans lequel nous vivons me parle. Voici quelques réflexions glanées dans l’interview qu’il a donnée au JDD.
Il lui était demandé de réagir à des mots qui traversent tous ses écrits.
Extraits.
« Courage. Une seule forme de courage. J’ai grandi comme tous les enfants de ma génération, dans l’obsession de la résistance et de l’insurrection du ghetto de Varsovie. Qu’aurais-je fait dans de semblables circonstances ? Telle est ma question. Question vouée et c’est une chance, à rester sans réponse… Il y a pour moi une seule forme de courage, le courage physique. Cette épreuve m’ayant été épargnée, je me contente de tenir bon, de ne pas céder à la pression du politiquement correct… L’honneur des intellectuels est de ne pas succomber à cette tentation… Les grandes figures contemporaines du courage sont, pour moi, les intellectuels de la dissidence en Pologne, en Russie, en Tchécoslovaquie, en Hongrie. »
« Humilité. Etre chrétiens et païens. L’humilité est une forme de civilité… In ne revient pas au héros de faire son propre éloge, mais il nous revient à nous de faire l’éloge des héros. »
« Chose publique. Les progrès de l’incivilité. Autrefois je m’intéressais à la chose publique avec l’idée de changer le monde et puis j’ai vu le monde changer à toute allure pour le pire. L’école est un champ de ruines, la classe cultivée disparaît, la langue française n’est plus aimée. On ne parle désormais que pour se faire comprendre, le silence tend à devenir un luxe inabordable, le progrès le plus tangible est celui de l’incivilité. Peut-on sauver le monde ? Telle est pour moi, maintenant, la question politique par excellence. Ce n’est pas du conservatisme. C’est de l’écologie, une écologie qui ne se réduit pas à la défense de l’environnement, mais qui inclut la beauté et la culture. »
« Amitié. Scier les barreaux de la cellule. L’amitié est une conversation ininterrompue, un va-et-vient entre le potin, la confidence et la réflexion partagée sur le monde…L’ami, c’est celle ou celui qui vous éclaire sur vous-même, vous libère de vous-même, qui vous fait cadeau de pensées, de formulations, dont vous seriez incapable…Sans l’amitié on serait emprisonné dans la prison de son moi. L’ami scie les barreaux de la cellule. Les copains peuvent être légion, mais l’amitié est rare. »
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