LE PS DANS L’ŒIL DU CYCLONE
27 août 2009
Les vents
tourbillonnants qui soufflaient ces jours derniers ne sont que le prélude de la
tempête qui risque de s’abattre sur le PS lors de l’université de la fin de
semaine à La Rochelle. L’annonce de Martine Aubry, aujourd’hui dans le Monde,
est probablement faite pour calmer le jeu : elle se prononce pour des « primaires
ouvertes » afin de désigner un quelconque leader pour la présidentielle de
2012. Elle semble donner satisfaction à ceux qui, réunis autour de Vincent Peillon
samedi dernier, appelaient de leurs vœux cette procédure. Mais elle a à peine
parlé que déjà des voix s’élèvent, à commencer par Paul Quiles, pour protester
et dénoncer une stratégie qui vise l’alliance avec le Modem. Un procès d’intention
certainement prématuré, car il serait étonnant que ce soit l’intention de fond
de la 1ère Secrétaire, il en dit long cependant sur les tensions
internes qui agitent la maison de la rue de Solférino.
Comment le
PS va-t-il sortir de cette ornière. Le
Parti ne manque pas de têtes pensantes. Il fourmille de clubs de réflexion. Ses
ateliers de la rénovation ne sont sûrement pas improductifs. Autrement dit, les
idées ne doivent pas manquer. Nous ne ferons pas ce procès-là, même si l’équipage
actuel est dans l’incapacité d’en faire la synthèse et de communiquer dessus. Alors ?
Le PS est
en panne de leadership, c’est une évidence. Des chefs potentiels de talent, il
en a plus qu’il n’en faut, de Strauss-Khan à Peillon, de Valls à Royal, de
Fabius à Hollande ou Delanoë…sans oublier la « maire Martine » !
Mais aucun n’arrive à réunir autour de lui un mouvement suffisamment vaste pour
qu’il s’impose à tous les autres. De plus, la guerre entre les « quadras »
et les éléphants fait rage, peut-être parce que les structures sont trop rigides
et faites pour empêcher l’émergence d’une nouvelle garde. Elles ont été pensées
dans un contexte, celui de Mitterrand, qui n’existe plus.
Le PS n’a
pas de stratégie présidentielle, c’est une autre évidence. Il n’a pas tranché
dans les alliances, ce qui est absolument nécessaire dans le cadre du scrutin
majoritaire. C’est cette bataille justement qui a fait du congrès de Reims, un
happening calamiteux. Martine Aubry a été mise en avant pour fédérer la gauche
et pour contrer l’alliance au centre prônée par Ségolène Royal. Son élection de
justesse n’a pas permis de trancher ce poblème crucial qui pèse forcément et
pèsera de plus en plus dans les débats. Car
fédérer à gauche s’avère terriblement difficile sans apparaître comme
dominateur. S’allier avec les écologistes passerait mieux, mais ceux-ci sont
tentés de mettre la surenchère depuis les élections européennes… quand au
Modem, on voit mal Bayrou renoncer à se présenter.
Enfin, le
PS n’a pas réglé ce qui est primordial, à savoir la question programmatique. Tant
qu’il n’aura pas défini ses axes stratégiques et les idées pour entraîner le
mouvement, il avancera clopin-clopant, en accumulant les « postures »
existentielles, souvent à contre-courant de ses propres convictions : ainsi
de la suppression de la pub sur les chaînes publiques ou de la loi Hadopi, pour
ne prendre que ces deux exemples. Il a perdu une partie de sa crédibilité aussi
sous Jospin qui tenait un discours étatiste et pro-services publics à la
française et en même temps privatisait France-telecom ou EDF. La rénovation du
projet socialiste est indispensable. Tant que cet aggiornamento ne sera pas fait,
il sera à la peine.
Aussi, la position de Martine Aubry est-elle intenable, comme on le voit. Elle temporise mais elle ne peut pas piétiner ceux qui l’ont fait élire et ce pour quoi elle a été élue. On voit bien que les fameuses primaires n’ont guère de sens dans un scrutin majoritaire à deux tours, dont le premier en constitue justement une. Ce type de tri des candidats risque bien d’être complexe à mettre en place et de n’intéresser que ceux issus du PS… Car vous pensez bien que les autres, Mélanchon, Besancenot et autres, n’ont pas l’intention de renoncer en servant de « marchepied » à un candidat qui pourrait ensuite s’allier avec le Modem, car, on le sait, si Bayrou a sa main tendue, c'est pour tirer vers lui !
Salut,
En ce qui concerne la participation du PS dans les débats du projet de loi HADOPI, je n'irais pas dire que le parti est allé à contre-courant de ses principes. Au contraire : qui oserait encore vanter les soit-disants bien faits de ce projet de loi, qui en réalité servira surtout pour amorcer la surveillance massive du net, et éventuellement - si par miracle la formule venait à fonctionner conformément au prétexte de son invention - à permettre aux lobbyistes majors de prospérer encore un peu de temps dans leurs privilèges.
Quand les gens ouvriront les yeux sur ce sujet, ils se rendront compte à quel point la majorité est parue stupide en considérant connaître le milieu, et pourtant incapable de donner une signification au web 2.0, ou de faire la différence entre un pare-feu et un logiciel de bureautique.
C'est ce projet de loi qui pourrait accréditer la gauche, et à mon avis, le PS ne se gênera pas. Après tout, c'est bien la majorité qui lui aura tendu la perche...
Rédigé par : Teddy | 28 août 2009 à 09:50