IRAN, IRAN…RANPATAPLAN !
22 juin 2009
L’Iran n’a de démocratie que le nom.
Le voile est tombé. La démocratisation et le retour à un régime de vraies libertés ne sont pas pour
demain. Le candidat qui dénonce le résultat du scrutin, et qui se présente
comme réformiste, Mir Hossein Moussavi est un ancien premier ministre qui a
servi le régime des Mollahs. Son élection aurait-elle changé quelque chose ?
Sur le plan intérieur de l’Iran, on aurait probablement assisté à quelques
évolutions dans l’application d’un islam moins radical sur le plan des moeurs. Mais
pour le reste, on peut se poser la question, notamment de la position qu’il
aurait eue face au changement profond de l’attitude américaine et sur le
dossier nucléaire. C'est "burqa noire" et "noire burqa" ! Car, il ne faut pas se méprendre, l’élection ne mettait pas
en concurrence des soutiens au régime face à des candidats qui auraient
souhaité s’en affranchir. Tous se réclamaient de la continuité d’une théocratie
qui ne revêt les habits de la démocratie que le temps d’une élection. Et encore,
découvre-t-on que même là, les dés sont pipés.
Ahmadinejad a joué la carte du
populisme. Malgré son incompétence économique, il a probablement bénéficié d’un
fort soutien populaire chez les pauvres. Et si sa victoire massive est
suspecte, la majorité qu’il a obtenue ne peut pas être expliquée uniquement par
la fraude. La vérité c’est que l’Iran n’est pas mûr pour le changement, en tout
cas, tel que nous le concevons, nous occidentaux. Ce changement ne peut pas
venir de l’application d’une démocratie tronquée. Il faudrait une nouvelle
révolution qui fasse disparaître le pouvoir des ayatollahs. Or aucun candidat n’a
fait campagne contre la nature du régime et le nucléaire. Aucun n’a mis en
cause Ali Khamenei. D’ailleurs, les manifestants pro-Moussavi, crient leur
colère au nom de l’Islam et d’Allah…
L’Iran va connaître une épuration au
nom des menaces qui pèsent sur lui : un pays isolé par la politique de son
Président, qui est lui-même directement responsable de cet isolement, une classe politique déchirée…Voilà pourquoi
Moussavi n’a aucune chance d’obtenir l’annulation du scrutin qu’il réclame. La
voix des émeutiers sera tôt ou tard étouffée par les milices, polices et gardes
diverses inféodées aux barbus à turban. Il est désormais interdit de la « khameney »
(ramener) !
Deux conséquences : sur le plan
intérieur, il est possible que la cassure entre la population et le régime
subsiste. On a l’impression que le peuple iranien a saisi cette occasion pour
chercher l’oxygène dont il manque, asphyxié par la chape de plomb d’un régime
tyrannique qui contrôle la vie quotidienne jusque dans les moindres
interstices. On peut penser que la révolte est profonde : les jeunes et
aussi leurs parents sont dans la rue. Elle met en pleine lumière les luttes
internes entre les différents courants politiques du régime. C’est une guerre
de mollahs dont le peuple semble profiter. Ira-t-il jusqu’à s’en affranchir ?
Le terreau de la crise économique et la montée du chômage que le pays connaît
pourrait y aider. "Mort au dictateur" est un cri révélateur qu'on n'était guère habitué à en entendre à Téhéran.
Sur le plan extérieur, la réélection
d’Ahmadinejad pose un problème grave à Obama. Elle donne un coup d’arrêt à « l’ouverture »
prônée dans le discours du Caire et que
le régime iranien rejette. Elle renforce le clan des faucons israëliens et sera
critiquée évidemment par les Républicains américains qui auront beau jeu de
crier à « l’angélisme ». Il faudra donc que le président américain
rassure son opinion et qu’il montre sa
capacité à brandir le bâton. D’ailleurs, sur injonction du congrès, c’est ce qu’il
a commencé à faire.
Autrement dit, dans un avenir
prévisible, l’Iran va maintenir son cap, avec son cortège de provocations et de
double langage pour camoufler son intention véritable sur le nucléaire. Il faut
donc s’attendre à un durcissement des termes du dialogue entre les Occidentaux
et ce pays, tout en ménageant les pays arabes que la bombe iranienne terrifie…
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