POLE NORD POSITION
01 avril 2009
La fonte de la calotte polaire s'accélère et, en même temps, la compétition pour le contrôle de fabuleuses richesses.
Ce nouvel eldorado aiguise les appétits des grands, Russie au premier rang, Etats-Unis, Canada, et des riverains, Norvège et Danemark, ce qui donne lieu à des revendications territoriales parfois surprenantes. Comme celle de la Russie qui réclame auprès de l'ONU, l'extension de son plateau continental qui lui permettrait de contrôler près de la moitié de la haute mer polaire.
Ce sont des enjeux considérables. Selon certaines études, le Pôle Nord contiendrait 20% des ressources énergétiques de la planète non encore découvertes. Près de 80% des réserves de pétrole et 90% des réserves de gaz et de charbon russes seraient situées dans la zone arctique. Le champ offshore de la mer de Barents renferme à lui seul 3 800 milliards de mètres cubes de gaz, soit la consommation de la France pendant 80 ans !
L'ouverture de nouvelles routes maritimes permettra une économie de distance de 40% entre l'Europe et l'extrême orient. Depuis longtemps, les routes aériennes passaient au-dessus du pôle Nord, désormais, nous aurons aussi les routes maritimes : un bateau, le Polarstern, a pu emprunter les passages du nord-ouest et du nord-est sans avoir à briser la glace.
Mais c'est aussi une menace écologique qui guette cette région du monde. Non seulement parce que la disparition des glaces va faire disparaître toute une faune et le réchauffement des eaux attirer certaines espèces comme morues et harengs avec les conséquences pour la pêche. Mais aussi parce qu'il faut craindre les pollutions qu'un trafic maritime en augmentation peut occasionner sur un écosystème sensible. Déjà les exploitations pétrolières existantes rejettent du dioxyde de soufre par la combustion des 200 000 mètres cubes de gaz brulés chaque jour par les torchères. Merci pour l'effet de serre et les retombées sur l'environnement ! Il y a aussi le H2S, hydrogène sulfuré, contenu dans le gaz et dont la moindre fuite sèmerait la mort en quelques minutes....
L'Europe a bien compris que la libération de l'océan arctique par les glaces, qui pourrait intervenir d'ici 2015 au rythme actuel de fonte, menaçait les grands équilibres de cette région du monde. Son rêve était d'instituer un statut international du même type que pour l'Antarctique. Mais la situation est très différente : à un océan entouré par des terres on ne peut pas appliquer les mêmes recettes que pour un continent très inhospitalier entouré de mers.
L'union européenne arrive aussi un peu tard. Elle s'est mobilisée grâce au combat de Michel ROCARD, qui vient de recevoir mission du Président de la République. Sous son impulsion, le Parlement européen plaide pour un statut international visant à protéger l'Arctique en préconisant une gouvernance multilatérale pour promouvoir “une exploitation durable des ressources” du Pôle Nord.
En attendant, l'Arctique reste un enfer blanc avec des températures qui oscillent entre -56° et +30°, où les conditions de vie restent périlleuses pour les hommes des industries qui s'y implantent. Qu'importe le coût, l'or noir n'a pas de prix !
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