La réunion à Strasbourg du sommet de l’OTAN a attiré les projecteurs plus sur
les manifestants dont la violence choquante nous a médusés que sur l’essentiel,
c’est-à-dire la réunion des nations de l’Alliance et les décisions qui ont été
prises. La présence de Barak OBAMA et le show auquel il s’est livré aura peut-être
aussi contribué à escamoter ce qui, à mes yeux, est l’événement principal de ce
début de printemps : la fin de l’hégémonie américaine sur le monde
occidental.
C’est en substance, ce que le Président américain est venu dire à l’Europe,
en reconnaissant les bienfaits de sa construction économique et politique, et
surtout en lui annonçant que désormais, il faudra qu’elle assume pleinement son
rôle, notamment en matière de défense et aussi de lutte contre le terrorisme. Traduisons :
en clair, l’Amérique n’a plus les moyens d’assumer seule toute le charge, ni même
le plus gros.
Ce n’est pas pour déplaire à notre Président qui souhaite que le retour de
la France au sein de l’OTAN, soit l’occasion de renforcer la politique
européenne de la défense. On aura pu mesurer, une fois de plus, la solidité de
l’accord franco-allemand, la chancelière, co-invitante du sommet, ayant manifesté
son adhésion à cette démarche. Et Barak OBAM ne s’y est pas trompé en saluant
la volonté de leadership français au sein de l’organisation.
C’est un moment important de notre histoire commune qui se joue. De cette
nouvelle distribution des rôles, va émerger une politique avec une dimension
réelle pour l’Europe qu’il s’agisse des relations avec le nouveau continent, de
celles avec la Russie ou l’Asie. Et l’OTAN étant faite pour agir au bénéfice de
notre sécurité commune, il a bien fallu aborder les sujets concrets : l’Afghanistan
et la lutte contre le terrorisme constituant la principale préoccupation du
moment. Il fallait aussi désigner un nouveau Secrétaire Général, occasion d’un
bras de fer avec la Turquie, qui a permis de vérifier que le tandem MERKEL-SARKO
n’avait pas l’intention de se plier à des exigences inacceptables : M. RASMUSSEN
a donc été désigné à l’unanimité… On aura découvert aussi que le Président
américain souhaitait à tout prix une pacification des relations de son pays
avec le monde musulman. C’est ainsi que l’on peut comprendre son souhait de
voir entrer la Turquie dans l’Union. Il propose, mais l’Europe dispose. Car ni
la France, ni l’Allemagne n’ont changé d’avis sur ce sujet.
Un espace sur la scène planétaire se dessine pour l’Europe. Il est grand
temps qu’elle l’occupe. Voilà un thème
de campagne tout trouvé pour l’élection au Parlement européen du 7 juin
prochain.
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