LA FIN DES SHERIFS ?
08 janvier 2009
Nicolas Sarkozy a annoncé, à l'occasion de la rentrée de la
Cour de Cassation, son intention de supprimer la fonction du juge
d'instruction, l'un des piliers du système pénal français depuis près de 200
ans, pour en faire un "juge de
l'instruction" qui ne serait plus chargé des enquêtes, mais en
contrôlera le déroulement.
Le juge d’instruction, dans sa forme actuelle, n’est
pas un arbitre et les nombreuses fuites, organisées ou non, au cours de leur
instruction, mettent à mal les droits de la personne et la présomption d’innocence.
On l’a encore vu avec l’affaire DRAY.
La justice française s’orienterait dès lors vers une
procédure contradictoire, plus adaptée aux évolutions de la police technique et
scientifique. Le culte de l’aveu doit laisser la place à la culture de la
preuve.
Mais le chef de l'Etat veut une
réforme globale et souhaite voir instaurer une audience collégiale publique
pour le placement en détention provisoire, ce qui entraînerait la disparition
du juge des libertés et de la détention (JLD), créé par la loi sur la
présomption d'innocence en 2000. Cette proposition était l'une des
recommandations en 2006 de la commission parlementaire chargée d'enquêter sur
le fiasco de l'affaire d'Outreau.
Dans le même esprit, il a également
appelé de ses voeux "une audience
publique sur les charges" reprochées aux personnes poursuivies.
Cette réforme qui devra être "engagée dès cette année",
intervient moins d'un an après la mise en place en mars des pôles de
l'instruction, une innovation également consécutive à Outreau, censée renforcer
les droits de la défense.
Cette proposition est un nouveau pavé dans la mare. Elle
était pourtant prévisible, mais elle prend une fois de plus l’opposition de
court qui en est réduite à faire chorus avec les syndicats du « non à tout »
par ses jérémiades et ses accusations qui sont autant de procès d’intention
sans fondement.
Il est en effet comique de voir la gauche une fois de
plus crier au viol démocratique contre une proposition qui met fin à une
fonction léguée par Napoléon et directement héritée des anciens « lieutenants
criminels du roi ». Il est aussi grand temps que notre système français s’aligne
sur les règles judiciaires européennes. La cour européenne des droits de l’homme
dénonce régulièrement notre pays pour ses atteintes à la présomption d’innocence,
les délais déraisonnables des enquêtes, des procès et l’absence de débat
contradictoire.
C’est à une révolution intellectuelle que le Président
nous invite, tout autant que judiciaire, tant il est vrai que les procédures
contradictoires s’imposent partout et que la religion de l’aveu semblent
sorties d’un autre siècle.
Enfin, Outreau ne se reproduira plus !
Résumer ce débat au seul procès d’intention en mise
sous tutelle de la justice par l’exécutif est une imposture !
Mais au fond, l’opposition par ces procès permanents
qu’elle nous assène ne nous projette-t-elle pas ce qu’elle ferait, elle ?
Parce qu’en la matière, elle est mal placée pour donner des leçons… ou elle a
la mémoire courte.
Que penser de la prise de position d'Eva Joly qui sans être contre une réforme insiste quand même beaucoup sur sa crainte de voir la justice passer sous la tutelle de l'executif.Même si elle vient de rejoindre Dany le rouge elle doit tout de même encore savoir de quoi elle parle!Elle dit qu'elle préfère l'évolution à la révolution!
Rédigé par : JPP | 10 janvier 2009 à 14:32