LIBERAL : JEU ET STRATEGIE
29 mai 2008
Ségolène ROYAL avait ouvert le feu dans Le Point en affirmant que le "libéralisme politique est depuis l'origine indissociable du socialisme démocratique". Bertrand DELANOE lui répond qu'il est "libéral" et socialiste. Ce à quoi la Commère du Poitou a rétorqué :" être libéral et socialiste, c'est totalement incompatible". Elle n'est pas à une contradiction près. Mais au fait, parlent-ils de la même chose ?
Il y a le libéralisme politique à quoi chacun peut se rattacher sans difficulté puisqu'il s'agit de la doctrine qui nous a donné la Déclaration des Droits de l'Homme, la liberté de pensée, le pluralisme des idées donc des partis.... Et il y a le libéralisme économique qui en découle et qui se traduit aujourd'hui par l'économie (sociale ou non) de marché. Dans le débat qu'ils ont engagé au sein du PS, nos deux protagonistes jouent sur l'ambiguïté que recouvre l'appellation "libéral". Comme on ne leur fera pas l'injure de faire fi de l'histoire des idées politiques qui nous montre que le "socialisme" intervient pour corriger les effets négatifs du libéralisme économique, les affirmations qu'ils se lancent à la tête font partie d'un jeu de conquête ou, si l'on veut d'une stratégie de positionnement en vue du congrès de Reims. Le Maire de PARIS pense déborder sa concurrente sur sa droite, apparaître comme un réformateur débonnaire capable de séduire les centristes quand la Présidente de Poitou Charente se tourne vers la gauche du PS pour contrecarrer une fuite des militants vers l'extrême gauche. On aimerait bien savoir si au fond, ils adhèrent à l'économie de marché en renonçant au dogme marxiste qui encombre encore l'idéologie de leur parti et qui alimente une partie importante de son militantisme.
DELANOE-ROYAL, même combat : ni l'un ni l'autre n'est pas plus libéral que socialiste. C'est un débat artificiel, superficiel. Ce sont tous les deux des Hypocrites. Lui pourra toujours dire aux uns : "je suis libéral", pour l'instant d'après se tourner vers les autres en leur affirmant :"je suis socialiste". La belle affaire ! Le socialisme pour la doctrine, le libéralisme pour la popularité. Elle, feint de s'offusquer en réduisant le "libéralisme" au capitalisme échevelé, la mondialisation inhumaine, les délocalisations et les licenciements, ce qui permet la colère "juste" (un mot qu'elle aime bien)! Et surtout, elle met par la même occasion son adversaire dans le camp des patrons exploiteurs. Ce que personne ne croira.
Faux débat donc, et jeu malsain. Rien ne distingue vraiment DELANOE de ROYAL, ou STRAUSS KAHN. Il y a bien des clivages au sein du parti et l'on peut être certain qu'un Jean-Luc MELENCHON ne partagera pas cette approche libérale. Et pourtant le PS ferait bien de trancher en reconnaissant complètement l'économie de marché, quitte à montrer sa spécificité sociale. Parce que pendant que nos deux comparses se livrent à leurs palinodies, le Tintin des Soviets promet de faire tout ce que le PS ne fera pas, avec un discours cohérent susceptible de plaire à beaucoup de gens.
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