DROITE REPUBLICAINE ET GAUCHE SOCIALE-DEMOCRATE
13 juin 2023
Ce printemps politique serait-il vivifiant ?
La sociale-démocratie, que l’on croyait enterrée, bouge encore, et ce jusque dans la gauche du gouvernement. Elle prend la forme d’une social-écologie, teintée de provincialisme, toujours aussi redistributive. Elle se prend à espérer au sein du courant « Refondations » de Nicolas-Meyer Rossignol avec pour objectif de sortir le PS de l’emprise de la NUPES. Elle rêve d’un avenir plus serein avec Bernard Cazeneuve qui a lancé son propre mouvement la « Convention » avec en pointillé une candidature en 2027. Pourtant pour cette gauche-là, la partie n’est pas gagnée.
La droite républicaine, LR pour ne pas la nommer, que l’on disait en perdition, existe encore bel et bien. Il n’est que d’entendre les hurlements de toutes les gauches pour s’en convaincre. On la disait incapable d’imposer des idées et à l’occasion de la réforme des retraites, elle s’est quelque peu désunie sur un sujet pourtant en or pour elle à cause de quelques jeunes députés en mal de démagogie. Mais voilà qu’elle refait surface et cette fois en bon ordre de marche. C’est oublier que le parti peut s’appuyer sur 200 parlementaires qui en font la première force législative et un puissant réseau d’élus locaux à travers toute la France. Avec la double proposition de loi sur l’immigration déposée au Sénat et à l’Assemblée nationale en même temps, le parti tient un sujet qui peut lui permettre de rebondir. De ce point de vue, la Droite républicaine a plus de chances de desserrer l’étau constitué par la Nupes et le RN, que la sociale-démocratie.
La doxa du gauchisme.
Les récents débats qu’elle a organisés nous montrent que la sociale-démocratie des Rossignol, Delga et Cazeneuve n’a pas encore franchement rompu avec la doxa du gauchisme culturel dicté par la Nupes, sur l’école, la laïcité, l’immigration. L’impératif multiculturel, le laxisme migratoire et son discours de déni, la déconstruction de l’héritage du passé, cette forme radicale du progressisme occupe encore une trop large place dans leur approche. Cet enfermement culturel explique en grande partie la faiblesse politique de la gauche ? L’activisme des gauchistes et des écologistes radicaux dont elle ne se démarque pas assez constitue un frein puissant à son retour en grâce. Des signaux positifs existent néanmoins comme la résistance au wokisme et aux études de genre d’intellectuels « universalistes » courageux au sein de l’Université et l’entrée de Sylviane Agacinski à l’Académie française. Malgré tout, le chemin sera long.
Un débat salutaire.
Les Républicains viennent de prouver qu’ils travaillent. Ils prennent l’initiative à juste titre avec les propositions audacieuses sur l’immigration qui en sont la démonstration. L’immigration est un sujet de vive inquiétude pour tous les Français et s’emparer de la question n’est pas faire le jeu du RN, bien au contraire et montre aussi combien les partis de gauche sont déconnectés de la réalité et même de leur électorat. Elles ont le mérite de faire sauter les tabous et d’obliger le gouvernement à sortir de son apathie sur le sujet : son propre projet n’est ni fait ni à faire, plombé par le « en même temps » qui le rend illisible. Au contraire, la majorité aurait tout intérêt à trouver un dénominateur commun avec la droite. Il existe dans le pays un large consensus pour que notre pays reprenne, sur ce front, possession de son destin. Le Danemark donne l’exemple à suivre. De même qu’il est grand temps de revoir les accords internationaux qui lient la France et l’Algérie depuis 1968. Dans le contexte actuel, la clarification sera bénéfique pour les deux pays.
Sous l’égide d’Eric Ciotti, sont lancés ce mois-ci des Etats-Généraux dont le but est de mettre à jour le logiciel du parti pour qu’il soit en phase avec la société de notre temps, et prêt pour affronter les prochaines échéances électorales. Les caciques du RN ne s’y trompent pas, qui concentrent leurs flèches sur la droite, rejoints par quelques partisans de Zemmour. Et comme au sein de LR, les talents ne manquent pas, il n’est pas déraisonnable d’imaginer un avenir plus serein pour eux. Il apparaîtra alors, le moment venu, que Les Républicains sont la seule alternative possible à Marine Le Pen.
La reconstitution d’un vrai débat entre la gauche sociale-démocrate et la droite libérale et républicaine, est ce qui pourrait arriver de mieux à notre vieux pays. On n’en est pas encore là.
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