DUR DE BOXER DANS LE VIDE !
14 juin 2022
Un exercice démocratique impossible.
Comme beaucoup de candidats LR, Roch Brancour n’a pas pu réussir son pari. Même parti très tôt en campagne, toucher les électeurs devient un exercice impossible sauf à avoir une aura exceptionnelle. Que de trésors d’énergie pourtant dépensés en six mois ! Une mobilisation enviable avec plus de 70 personnes sur le terrain. Tractages, boîtages, réseaux sociaux, réunions privées et publiques, tous les ressorts ont été exploités. Manquait une cerise sur le gâteau, peut-être, la visite d’un ténor national emblématique, mais lequel ? … Soyons persuadés que cela n’aurait pas changé grand-chose au résultat quand on scrute les scores des uns et des autres : le candidat RN fait ses 12% bien que totalement absent de la campagne, le candidat de la majorité engrange 35% sans faire grand-chose. Et un citoyen sur deux a boudé les urnes ! Dans un tel contexte où le désintérêt et le vote d’évitement s’additionnent, il n’y a guère de place pour le vote de conviction.
Ensemble à la peine.
Mais plus grave, ces élections législatives qui voient la majorité présidentielle à la peine avec une chance sur deux d’obtenir une majorité absolue au second tour, nous montrent les limites dangereuses de la stratégie macronienne. Car le président réélu n’avait pas compté avec l’habileté tactique d’un Mélenchon, qui, sans augmenter les voix de la gauche par rapport à 2017, a su, avec un rassemblement et une répartition des rôles pour les différentes composantes de la gauche, éviter la dispersion au premier tour et, en présentant une seule candidature par circonscription contourner le couperet des 12,5% des inscrits. Une stratégie payante qui le met aux portes du pouvoir et lui permet de conquérir des parts d’influence dans la future assemblée avec, notamment la présidence quasi acquise de la Commission des Finances. D’autant plus que chacune des composantes, qui siègera sous ses propres couleurs, va y gagner en sièges par rapport à l’assemblée sortante.
Le vote positif impossible.
Le débat s’est donc réduit à un centre attrape-tout et deux extrêmes qui s’y opposent. Pour les autres candidats, cela revient à boxer dans le vide. Sauf que cette fois-ci la mécanique s’est enrayée. C’est un tournant car on voit les limites de cette stratégie, qui ne peut fonctionner que si on est capable d’aspirer les camps intermédiaires. En 2017, l’effondrement du PS avait permis le jack pot. Mais la droite a résisté mieux qu’à la présidentielle et crée la difficulté, à savoir que la base centrale est devenue un peu trop faible et se retrouve en difficulté par rapport aux deux forces radicales situées aux extrêmes. Les électeurs encore motivés, à peine un sur deux, se répartissent entre les partisans des deux camps extrêmes et ceux qui ne veulent ni de l’une ni de l’autre. Il faut dire que la danse du ventre de Macron, oscillant entre la séduction des électeurs de Mélenchon pour faire barrage à Le Pen après avoir fait des mamours pour attirer ceux des Républicains a de quoi dérouter.
L’abstention en exergue.
Cette élection souffre d’un autre problème. Car la grande gagnante, c’est l’abstention. Avec 52% on franchit un nouveau cap pour ce qui était considéré naguère comme une échéance majeure. On peut y voir une résultante du « en même temps » macronien qui conduit à mettre tout dans tout et ruine l’intérêt du débat qui devient inexistant. D’ailleurs tout a été fait pour qu’il le soit. Le tout aggravé par des consignes de vote confuses et mêmes contradictoires avec un ni-ni illisible pour le second tour. L’autre réflexion qu’il faut avoir, c’est le positionnement de cette élection dans la foulée de la présidentielle : il faut croire que les Français ne comprennent plus leurs institutions et qu’on vienne leur demander de revoter un mois et demi après pour avoir une majorité pour gouverner le pays. Enfin, il y a le mode de scrutin majoritaire à deux tours qui ne semble plus adapté à la situation. Sans tomber dans le piège de la proportionnelle pour laquelle notre peuple n’est pas fait, l’élaboration d’un mode de scrutin come celui des Régionales, proportionnel avec prime majoritaire, serait peut-être le bienvenu.
LR vivant pour combien de temps ?
Pour Les Républicains, c’est encore une défaite, même si le parti sauve quelque 75 circonscriptions où ils pourront encore guerroyer pour le second tour. Le terrain et l’ancrage territorial n’est pas la panacée non plus : quand il n’y a plus de souffle porteur, on a beau mouiller le maillot, le résultat est de plus en plus difficile à obtenir. Paradoxe de la situation : le RN et Ensemble convoitent les voix LR rendues disponibles pour faire élire leurs candidats, mais l’inverse est vrai aussi pour les sauvés LR du 1er tour. Lot de consolation, si le camp du Président n’est pas majoritaire, les députés LR deviendront les arbitres incontournables des « élégances », ce qui promet de bons moments. Mais on n’en est pas encore là. Ils devraient être aussi largement plus nombreux que les élus labellisés « Horizon» le groupuscule d’Edouard Philippe concédé au forceps par Macron.
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