DELUGE D’ARGENT MAGIQUE !
10 juin 2022
A quarante-huit heures des élections législatives, l’argent magique coule à flot. Les mesures de compensation de l’inflation pleuvent et écrasent le débat sans que le sujet du financement ne soit jamais évoqué et alors que Christine Lagarde annonce la fin des rachats pas la BCE et le relèvement de ses taux.
Dernier exemple en date, l’annonce par Emmanuel Macron de l’élargissement aux étudiants boursiers du Pass’sport, une allocation de 50 euros pour l’acquisition d’une licence sportive. Elisabeth Borne, de son côté, a annoncé une hausse de 4% des retraites cet été. Après une première revalorisation de 1,1% en janvier, il faudra compter au final sur une dizaine de milliards d’euros de coût supplémentaire en année pleine. Mais Bruno Le Maire s’empresse de contester qu’il s’agit de mesures électoralistes, ce que personne ne croira. Des annonces sur lesquelles il ne sera pas possible de revenir et plaçant la future majorité à l’Assemblée nationale devant le fait accompli.
S’il s’agit de contrer Jean-Luc Mélenchon et le catalogue des dépenses promises par la Nupes, cette avalanche de dépenses proposées par l’exécutif conforterait plutôt l’idée que tout est possible et a contrario renforce le mirage des 250 milliards annuels que le leader gauchiste fait miroiter. Reste que les mesures dépensières s’empilent sans que personne n’évoque la question du remboursement.
C'est pourtant la fin d'une ère, celle de l'argent facile et pas cher. A l'issue d'un Conseil des gouverneurs, la Banque centrale européenne a confirmé qu'elle cesserait d'abreuver le marché de liquidités, comme elle le fait depuis 2015, dès le 1er juillet, et qu'elle relèverait ses taux par deux fois, en juillet et en septembre. Mis en place pour lutter contre la déflation, ce dispositif n'a plus sa place en période de forte hausse des prix : « Nous devons tenir le cap et être déterminés à contenir l'inflation », a confirmé la présidente, Christine Lagarde.
L'arrêt du programme d'achat d'actifs n'est pas une surprise. L'inflation en zone euro enchaîne les records. Elle a atteint 8,1 % sur un an, en mai et les nouvelles anticipations de la BCE prévoient qu'elle tournera encore autour de 3,5 % en 2023, avant de retomber à 2,1 % en 2024. Des prévisions que certains jugent très optimistes.
Avec la hausse des prix et le relèvement des taux, certains pays auront du mal à réduire le poids de leur dette publique. Le taux d’emprunt à 10 ans italien a bondi à 3,61 %, celui de la France a dépassé les 2% alors qu’il évoluait encore à 0,20% en début d’année. Quand on sait qu’un point de hausse c’est environ 10 milliards d’euros supplémentaires à trouver pour les intérêts, on comprend que personne n’aborde le sujet, surtout à la veille des élections.
En attendant, il pleut des milliards sur la campagne…
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