DU GRAND MENTOR AU GRAND MENTEUR
12 mars 2019
Pour quelques points…
Pour quelques points de plus grappillés dans les sondages, il se damnerait. Aussi notre « grand mentor » va-t-il prolonger un peu le plaisir en continuant à organiser des « débats » au-delà du 15 mars. Quoi de plus confortable, en effet, que ces rencontres encadrées, pour ne pas dire très cadrées, où le Président peut exhiber son savoir et son talent d’orateur, bien réels, face à des questionneurs et quelques rares contradicteurs, triés sur le volet et tous très policés. Lui qui rêve d’être en perpétuelle « apesanteur » trouve avec les chaînes d’info continue, un excellent moyen de nous imposer sa présence à longueurs de journées. Mais on ne sait pas où va nous mener ce matraquage médiatique. Avec le mouvement des « Gilets Jaunes » à l’automne dernier, Jupiter est tombé brutalement de son Capitole, ébranlé par l’été meurtrier de l’affaire Benalla. Tous ses mensonges lui sont revenus en pleine figure. La promesse des « jours meilleurs » s’est traduite par une aggravation sans précédent de la situation et des records de prélèvements fiscaux. Depuis, la France « en marche » continue d’être ballottée chaque fin de semaine par ce qui est devenu un rituel : « la marche des gilets », avec à la clé un ou plusieurs centre-ville plus ou moins saccagés. La jacquerie tourne en eau de boudin, n’ayant ni leader, ni vrai projet, ni même une utopie. Elle est devenue de la violence pour de la violence, de la haine sociale, ou encore pour les plus paisibles, la simple détestation des élites et la dénonciation naïve de ceux qui « ont » plus que les autres. Les vrais "gilets" du début ont laissé la place aux nihilistes. Comment satisfaire les imprécations les plus contradictoires : c’est le rond-point de Raymond Devos, avec un sens interdit à chaque sortie ! Une forme d’impasse.
Le désarroi de la République en Marche.
Le terrain étant occupé au plus haut niveau, difficile d’exister derrière. Le parti présidentiel en fait la cruelle expérience, ainsi que le gouvernement. Ce qui nous vaut un beau concert discordant. Comment sortir du débat : voilà la bonne question. La profusion des propositions dans tous les sens conduit à des choix inconciliables. Il y aura forcément des déçus. Au lieu de promouvoir des idées neuves qui devaient « réinventer le monde » pour mettre fin aux maux de la France, à commencer par la fiscalité confiscatoire, il ne se passe pas un jour sans qu’on nous propose d’augmenter les impôts ou d’en créer de nouveaux, et tout y passe. Le rétablissement de l’ISF, ce dont Macron ne veut pas entendre parler ; l’élargissement de l’IFI, sans se soucier de l’état du secteur du bâtiment qui bat furieusement de l’aile à cause de sa mise en place ; durcissement du régime des successions, bonne manière de se mettre à dos les Français très attachés à la transmission ; CSG progressive, l’arnaque qui écrasera un peu plus les classes moyennes ; retour de la taxe carbone qui serait un retour à la case départ des gilets jaunes…. Une quête éperdue pour trouver de l'argent pour boucher le gouffre d'un Etat impécunieux. Chaque jour, le Président ou son premier Ministre, doit refermer la porte que des députés en mal de visibilité veulent ouvrir. Par contre, pas un ne s’est penché sur une possible diminution des dépenses publiques qui conditionne l’indispensable baisse des impôts. Le grand débat n’aurait donc eu pour but que d’être un grand défouloir en attendant que « ça se calme », ce qui finira bien par advenir. Le parti présidentiel vient de sortir du bois dimanche dernier pour constater « une forte demande de justice fiscale » qui émanerait du mouvement des gilets jaunes. Les Ministres avaient déjà semé leurs petits cailloux : de Darmanin à Gourault, de Le Maire à Poirson et à Schiappa, les propositions ont fusé, avec le plus souvent en musique de fond la ritournelle bien connue : "faire payer les riches !" Au moment où la croissance marque le pas, on admirera la synchronisation. On voudrait plomber un peu plus le pays qu’on ne s’y prendrait pas mieux.
Le grand menteur.
C’est là que l’as de la manipulation et de la disruption va entrer en action. On nous prépare, parait-il des "mesures fortes". On peut donc craindre le pire. Et ça recommence : en mots, on s’adresse à la droite, et en faits, on va faire une politique de gauche, comme d’hab. ! Au charbon, Edouard Philippe : « il y aurait quelque chose de curieux à imaginer que la sortie du grand débat soit plus d’impôt ». Ce serait oublier que la révolte a été déclenchée par un ras-le-bol fiscal. De l’autre côté, il faut bien comprendre que sans effort de baisse de la dépense publique, on ne pourra pas aller au-delà des 100 milliards de déficits programmés et qui représentent déjà une somme énorme par rapport aux 400 milliards de recettes de l’Etat : 25%. Mais Macron a une botte secrète : comme pour sa lettre aux Européens, il peut changer d’avis et s’emparer des idées des autres. Annoncer qu’on va faire, ne veut pas dire le faire ! Peut-on faire confiance à un Président qui donne le feu vert pour faire voter la loi anti-casseur et (en même temps) saisit le Conseil Constitutionnel avant même qu'elle soit complètement votée ? De la même façon, il ne peut sortir de son « grand débat » que par un grand mensonge. Et on sait qui seront une fois de plus les cocus : les classes moyennes. Qu’il se méfie, parce que le feu continue de couver partout. Le pays voit bien que le système « prélèvements, déficits, emprunts, dette » a rongé toutes les marges et est une machine à fabriquer de la misère et de la pauvreté. Rien de bon ne peut sortir de cette crise, excepté des efforts, ce que visiblement l’exécutif répugne à proposer.
Pour gouverner, il ne suffit pas de dire à chacun ce qu’il a envie d’entendre ou de faire la leçon.
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