LA SCIENCE CONFRONTEE A L’OBSCURANTISME
19 janvier 2018
Le phénomène atteint tous les pays occidentaux, mais notre pays est particulièrement concerné. Il suffit d’observer le recul du nombre des étudiants inscrits dans les disciplines scientifiques qui sont passés de plus de 130 000 dans les années 1996-97 moins de 10 000 au début des années 2000 et le déclin s’est poursuivi depuis. Une chute préoccupante d’autant plus qu’inversement on voit progresser les comportements de méfiance à l’égard de la science, une forme d’obscurantisme qui se propage d’autant plus facilement qu’internet offre des tribunes aux arguments simplistes des propagandistes. Si la méfiance éthique est raisonnable quand il s’agit par exemple de bioéthique, domaine où tout ce qui est techniquement possible n’a pas vocation à être autorisé, elle n’est pas de mise quand il s’agit de sujet de santé publique mettant en jeu la sécurité sanitaire collective.
La vaccination.
Alors, je vais faire encore hurler, mais je veux participer au combat contre l’obscurantisme quand il s’agit de la vaccination obligatoire. Au moment où nous constatons une recrudescence des maladies infantiles contagieuses et où notre pays est exposé à une immigration de population dont l’état sanitaire pourrait s’avérer dangereux en propagation d’épidémies diverses, ce qu’on peut lire, entendre ici ou là sur la vaccination obligatoire me laisse pantois. Quand j’apprends que 55% des français pensent que le ministère de la Santé est de mèche avec l’industrie pharmaceutique pour cacher la nocivité des vaccins, je dis qu’on nage en plein délire. Quand on se met à craindre la science plus que la nature, la médecine officielle plus que les errements des médecines alternatives, l’intégrisme n’est pas loin. Quand il s’agit de leur santé personnelle, les patients ont le droit de faire ce qu’ils veulent, y compris de croire au pouvoir des poudres de perlinpinpin. Mais quand il s’agit de la vaccination, le libre arbitre individuel n’a plus lieu d’être. Car disons-le haut et fort, la vaccination n’est pas affaire de choix individuel, c’est une décision qui nous engage tous : ceux qui ne se vaccinent pas mettent la santé des autres en danger et s’ils tombent malades par leur faute, ils ont évidemment recours à la Sécurité sociale, qui est aussi financée par les autres ! La logique de solidarité collective en matière de vaccination s’impose donc, voilà pourquoi il faut à juste titre la rendre obligatoire pour un certain nombre de maladies. Toutes les études scientifiques depuis un siècle montrent que la vaccination est vitale pour la collectivité et sauve des millions de vies. Il ne sera pas dit que le pays de Descartes soit devenu le pays de la haine de la science.
Les onze vaccins obligatoires.
En matière de sciences, toutes les opinions ne se valent pas. Tout est bon pour alimenter le fantasme de collusion avec les laboratoires mais on ne peut pas faire l’impasse sur l’épidémie de rougeole qui a frappé la France en 2011 : entre 2008 et 2016, plus de 24 000 cas déclarés, près de 1500 ont présenté une pneumopathie grave, 34 cas ont connu des complications neurologiques et 10 sont décédés. A côté, les rares inconvénients issus des vaccinations sont bénins. Il est bon que la vaccination soit obligatoire. Les résistances n’ont pas lieu d’être, sauf à se réfugier dans l’obscurantisme et les croyances, comme présenter la vaccination comme un acte « contre-nature ». Il ne s’agit pas de condamner le recours à l’homéopathie, mais celle-ci ne doit pas exclure la médecine allopathique. Et quand il s’agit de lutter contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche, les méningites, l’Hépatite B, la pneumonie, la rougeole, les oreillons ou la rubéole qui font l’objet des 11 vaccins obligatoires, la question de la liberté individuelle ne peut se poser face à la sécurité collective.
Ces croyances qu’il faut combattre.
L’hygiène a permis la disparition des maladies infectieuses : c’est faux ! C’est l’introduction du vaccin qui a permis la diminution des personnes infectées. L’exemple observé au Japon le prouve : un suspension du programme de vaccination contre la coqueluche a été suivi d’une explosion de la maladie qui retombe dès que le programme reprend. Le pays n’a pas connu, dans le même temps, de crise de l’hygiène qui aurait pu apporter l’explication, ce qui, en aucune façon n’aurait influencé la bactérie responsable de la coqueluche.
Multiplier les vaccins nuit au système immunitaire des enfants : Encore faux ! Leur système immunitaire peut affronter plusieurs vaccins à la fois, et même ceux-ci le stimulent en lui permettant de fabriquer des défenses. Une étude a même estimé que le système immunitaire des jeunes enfants peut répondre à 10 000 vaccins à la fois. Avec 11 vaccins, il reste de la marge.
L’immunité innée est suffisante pour faire face aux maladies : toujours faux ! A la naissance, un nourrisson est protégé contre certaines maladies grâce aux anticorps transmis par la mère, mais l’immunité disparait après quatre mois tout au plus. Seule la vaccination apporte une protection complète et durable.
Les vaccins causent l’autisme : une hypothèse émise par une étude portant sur 12 cas qui n’a jamais pu être vérifiée par de nouvelles études. Par la suite, il a été révélé qu’une manipulation frauduleuse des données avait été réalisée par le responsable de l’étude en question.
Les vaccins peuvent causer la mort subite du bébé : certains ont mis en corrélation la mort avec la vaccination, sur des cas isolés. Toutes les études épidémiologiques s’accordent à dire qu’il n’existe pas de lien de causalité. Il n’en reste pas moins, que ce phénomène de mort subite reste encore mal compris.
L’extension de l’obligation répond à des intérêts économiques : l’impact reste faible, dans la mesure où 70% des enfants ont déjà reçus les 8 vaccins supplémentaires concernés par l’extension de l’obligation.
Ce sont les adjuvants à base d’aluminium qui suscitent le plus les craintes. Or, ils sont utilisés depuis 1926 sur l’ensemble de la planète sans qu’aucun signal d’alerte n’ait été émis par aucun pays. 12 millions de doses contenant ce type d’adjuvant sont administrées chaque année en France et un seul nouveau cas de myofasciite serait survenu depuis 2012 ! Aucun lien de causalité n’a pu être établi avec les adjuvants aluminiques.
La lutte contre l’obscurantisme n’est pas chose aisée, à une époque où la logique de la violence et de l’irrationnel prolifère. A défaut de faire appel à la raison, j’espère que la logique des arguments et des faits avérés l’emportera sur les affirmations assénées par des gens qui fondent souvent leur démarche scientifique sur des convictions douteuses. Allez-y, traitez-moi de tous les noms d’oiseaux qui vous plairont !
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