INTERVIEW EXCLUSIVE
18 décembre 2016
Nos élus ont du talent !
Dans la série, après Paul JEANNETEAU (Vice-Président de la Région Pays de la Loire) et Catherine DEROCHE (Sénatrice), voici Thierry MEIGNEN, Maire Les Républicains du BLANC-MESNIL, commune de Seine-Saint-Denis (93).
UN MAIRE QUI DEFRISE ET QUI DECOIFFE !
Thierry Meignen est un maire qui défrise … la gauche et surtout le Parti Communiste à qui il a repris la mairie en 2014 après 82 ans de gestion sans partage. Blanc-Mesnil est une commune de 50 000 habitants qui faisait partie de la « ceinture rouge » de Paris. Depuis 2008, beaucoup d’entre elles ont changé de camp comme ses deux voisines, Aulnay-sous-Bois entre les mains de Bruno Beschizza et Drancy avec Jean-Christophe Lagarde… A 60 ans, Thierry Meignen fait partie de cette nouvelle génération de « repreneurs ».
Et sa gestion décoiffe (la stratégie d’entreprise, c’est son métier) !
Cet enfant du Blanc-Mesnil, qui y est né et y a grandi, a en tête le souvenir d’une commune où il faisait bon vivre. Au bout de sa rue, c’était les champs de blé, et un peu plus loin, les tulipes de Gonesse. Alors, vous pensez, sa ville, il la connait comme sa poche, rue par rue. Il a vu l’agglomération grignoter peu à peu la campagne de "France". Aujourd’hui, Garonor, cet énorme complexe de hangars, l’autoroute du Nord et ses multiples bretelles et les « grands ensembles » de logements (les cités) ont remplacé le paysage agricole. Il a vu petit à petit sa ville se dégrader, son tissu industriel s’étioler, son centre-ville s’anémier, la vie paisible gangrenée par l’insécurité.
DH : Comment en arrive-t-on à se dire : « Il faut que je fasse quelque chose pour ma ville ! »
Thierry Meignen : C’est venu comme ça. Un jour j’ai poussé la porte de la permanence de l’UMP, le RPR à l’époque, pour proposer mes services. J’ai participé à quelques échéances électorales et je me suis aperçu qu’on pouvait faire autrement et que je pouvais être devant. Il y avait en moi l’envie de prendre la ville en main. En 2008, j’ai échoué de quelques dizaines de voix peut-être à cause de quelques grognons de notre camp qui vivaient mal leur mise à l’écart. Mais je n’ai pas dételé et en 2014 notre campagne a été couronnée de succès. Ce n’est pas rien d’affronter une machine qui tient le pouvoir et tous les rouages de la commune depuis très longtemps.
DH : Et qu’est-ce que ça fait au gamin de Blanc-Mesnil de se retrouver le premier magistrat de la ville ?
TM : Je vis un rêve éveillé. Je n’ai plus le temps de dormir, les dossiers sont multiples et il faut faire avec une administration qu’il a fallu reprendre en main. On n’arrête jamais. Mais imaginer sa ville, s’occuper de la qualité de vie des gens, c’est passionnant. C’est, de loin, le plus beau mandat. Crevant, mais passionnant !
DH : Qu’est-ce qu’on trouve en arrivant quand on prend une mairie aux communistes ?
TM : D’abord, plus d’archives, plus rien ! Il y aurait plein d’anecdotes sur les factures bizarres qu’on a retrouvées de champagne ou de Ricard… Plus sérieusement, après 82 ans de gestion communiste, Blanc-Mesnil est une ville surendettée, délabrée, à la voirie dégradée et au patrimoine à l’abandon. Ce qui frappe aussi c’est la paupérisation, probablement voulue, de la population. 90% de la voirie est à reprendre, les écoles manquent de classes faute de gestion prévisionnelle et sont dans un état lamentable…
DH : Quelles sont les priorités du mandat ?
TM : Faire des économies pour réduire la dette est une absolue nécessité. Nous avons remis de l’ordre dans la gestion en rétablissant par exemple la concurrence dans les marchés passés par la commune. Remettre la voirie à niveau, tranche par tranche, assurer la propreté, revitaliser le centre-ville en réintroduisant des commerces… Je veux tirer la ville vers le haut : par exemple avec une belle architecture. Un promoteur m’a dit, en réaction à ce que je lui demandais : « Mais je ne savais pas que je pouvais faire ça à Blanc-Mesnil ! ». Valoriser la ville est aussi très important : nous avons une équipe de judo de classe internationale. Mieux, la Miss « Ile de France » qui concourt pour être Miss France est blanc-mesniloise. Je veux redonner aux habitants de la fierté d’être de leur ville. Ainsi, c’est peu de chose, mais j’ai rétabli le blason de la commune dans toute notre communication. C’est encore de l’identité !
DH : Dans une ville aussi cosmopolite, les problématiques doivent être compliquées, non ?
TM : Nous devons être nous-mêmes, et c’est très bien accepté. L’animation joue un grand rôle et je vais y revenir. Mais l’important est de rééquilibrer la sociologie. Nous avons le plus grand projet de rénovation urbaine avec l’ANRU non seulement de l’Île de France, mais de toute la France : 800 millions d’euros. Nous allons raser la cité des Tilleuls, aujourd’hui obsolète sur le plan habitat, et ses 2600 logements sociaux. Nous allons reconstruire un ensemble où l’on retrouvera non seulement les 2600 logements sociaux mais en plus 2400 en accession à la propriété, pour remettre de la mixité sociale. Le projet prévoit un parc paysager avec un lac au milieu car nous avons la place. En plus ce nouveau quartier est en limite de notre grand parc urbain auquel il sera rattaché. L’architecture sera soignée. Il faut donner envie de venir habiter chez nous. Faire du beau, mettre des fleurs et des arbres, c’est offrir un cadre de vie. Les gens se sentent respectés. Déjà, il commence à se dire tout autour que Blanc-Mesnil est la ville où il faut venir habiter. Ce n’est pas encore Neuilly, mais c’est l’idée… Je plaisante !
DH : J’ai vu dans le journal municipal que l’animation, en effet, est très active.
TM : A Blanc-Mesnil, c’est comme aux Galeries Lafayette : chaque minute, il se passe quelque chose ! Pour les fêtes, nous avons une animation extraordinaire sur le marché de Noël avec un véritable ours polaire et des jongleurs de tronçonneuses ! J’ai réinstallé la crèche sur le parvis de la mairie avec des personnages grandeur nature. C’est très bien accepté par tout le monde. Nous avons institué aussi un concert du nouvel an, gratuit avec des valses de Vienne. Tout cela c’est de l’identité culturelle. Pas besoin de grand discours. En 2014, pour la fête de la libération de Blanc-Mesnil, fin août, j’ai fait venir des chars Patton et des GMC qui ont défilé avec des volontaires déguisés en G’is pour les commémorations et le soir la population a pu danser au son d’un orchestre jazzy « Glen Miller ». Depuis, il est revenu tous les ans et c’est très apprécié, la foule est au rendez-vous. L’été, le parc urbain devient « Blanc-Mesnil Beach » et offre tous les plaisirs de la plage à tous ceux qui n’ont pas les moyens d’aller à la mer. Nous avons aussi multiplié les services : avec « Proxi-Mairie », sur un simple coup de téléphone, les services interviennent pour nettoyer un tag ou ramasser des immondices. Nous avons mis en place des navettes gratuites pour les seniors et rétabli la sécurité avec une centaine de caméras et une police municipale : les gens ressortent le soir alors qu’ils étaient calfeutrés chez eux à partir de vingt heures. Cet été, nous avons organisé un campus américain avec cérémonie du drapeau et des profs venus des Etats-Unis : ainsi les familles qui n’ont pas les moyens d’envoyer leurs enfants là-bas peuvent bénéficier de cours de langue sur place.
DH : Autrement dit, « bien dans sa ville, bien dans sa vie » ! Vous êtes aussi Conseiller régional. C’est un plus ?
TM : Le Conseil régional, c’est une sorte de petit parlement des maires de la région. Il faut y siéger. C’est important pour la coordination des politiques d’aménagement du territoire et pour la formation professionnelle. J’ai la chance de travailler avec Valérie Pécresse qui m’a confié l’important dossier du regroupement des services de la région et son déménagement en banlieue. C’est bouclé ! C’est vrai, c’est encore du temps supplémentaire. Je veux avant tout m’occuper de ma ville et j’aimerais faire un deuxième mandat pour aller jusqu’au bout de mes projets. « Jusqu’au bout de mes rêves ! »
DH : Une dernière question pour terminer : vous avez soutenu François Fillon, vous devez être heureux ?
TM : Depuis le début ! Oui, je suis très heureux, surtout pour lui. Parce que si une victoire est méritée, c’est bien celle-là ! Son programme me parle. J’espère maintenant qu’il va gagner la présidentielle. Nous serons tous mobilisés pour l’aider dans ce combat. Nous sommes ici dans la ville de Marie-Georges Buffet. Il va falloir que nous montrions nos muscles ! Ensuite, bah… j’espère bien qu’on pourra se retrouver pour inaugurer mon nouveau quartier. Je serai heureux d’accueillir le Premier Ministre pour couper le ruban, surtout si c’est Bruno Retailleau que j’apprécie beaucoup.
DH : Et si c’est Valérie Pécresse ?
TM : Même bonheur !
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