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L'« ABENOMICS » : NIPPON, NI MAUVAIS !

 

Abe

La cote de popularité de la politique économique du premier ministre Shinzo Abe, surnommée « Abenomics » n’en finit pas de baisser. Alors que l’OCDE revoit ses prévisions de croissance pour 2014 en hausse à 1,5%, après 1,8% en 2013, elle les rabaisse à 1% pour 2015 et prévient que l’endettement du Japon, qui s’élève déjà à 245% du PIB pourrait devenir insoutenable.

Les « trois flèches »

Depuis sa nomination à la tête du gouvernement fin décembre 2012, Shinzo Abe a décoché les « trois flèches » de sa stratégie de relance économique. Le pays sort à peine de sa troisième récession en trois ans et ses exportations reculent pénalisées par le ralentissement de la Chine et la crise de la dette en Europe. Il compte sur ses « trois flèches » pour relancer l’économie et sortir de deux décennies de déflation : assouplissement monétaire, augmentation des dépenses publiques, stimulation de l’investissement privé.

La politique d’Abe a fait perdre 20% au Yen en trois mois, à la grande satisfaction des entreprises nipponnes qui exportent, mais au grand dam des Etats-Unis et de l’Europe. L’« Abenomics » redonne alors espoir au pays. Il lance un volet supplémentaire à son plan de relance de revitalisation industrielle. Mais le premier ministre se retrouve rapidement devant deux grands obstacles : il doit augmenter la TVA de 3 points s’il veut réduire la dette et financer la protection sociale d’un pays dont 38% de la population aura plus de 65 ans en 2050 et il s’aperçoit que les grandes firmes n’investissent pas assez dans l’archipel alors qu’elles disposent de 2 200 milliards de dollars à l’étranger. La hausse de la TVA interviendra le 1er avril 2014. En contrepartie il échafaude un plan de soutien de 40 milliards d’euros étalé de janvier 2014 à mars 2015. Aux entreprises il demande un effort en échange d’allégements de charges. Il s’agit d’augmenter les salaires pour soutenir la consommation.

Un brusque ralentissement.

Malheureusement, la croissance japonaise, qui avait bondi à 1,1% au premier trimestre 2013 a rechuté brutalement  au troisième trimestre à 0,3%, et malgré la baisse du Yen, les exportations continuent de chuter. Dans le même temps, le Yen faible a renchéri le prix de toutes les importations de matières premières et de produits alimentaires. Le Japon, touché par le tsunami, doit faire face à un alourdissement de sa facture d’énergie qu’il doit importer. Et les ménages qui voient leurs salaires de base poursuivre leur inexorable contraction, souffrent. La consommation domestique qui génère 60% du PIB n’a enregistré un progrès que de 0,1% sur le dernier trimestre. On comprend que les entreprises restent prudentes, attendant de voir ce que vont donner les réformes « structurelles » promises par la « troisième flèche ». Aucun mécanisme autonome de reprise n’a encore démarré pour prendre le relais de l’argent public injecté.

L'« Abenomics » peine à livrer toutes ses promesses.

En un an, Shinzo Abe a marqué des points contre la déflation. Le verre est à moitié plein ou à moitié vide, c’est selon. Les entreprises respirent, mais elles n’investissent toujours pas, pas plus qu’elles ne redistribuent leur cash sous formes de dividendes ou d’augmentations de salaire. Les ménages se sentent les grands perdants de l’an 1 de Abe.  Mais nul ne peut lui enlever le mérite d’avoir réveillé l’Archipel. Il a réussi à mener de front une politique monétaire, une politique budgétaire et doit à présent s’attaquer à des réformes structurelles. De fait, il a réussi à réinstaurer un climat de confiance. La dette demeure un énorme fardeau à près de 250% du PIB, mais qu’il faut relativiser : elle est détenue à 90% par les Japonais et le pays détient énormément d’actifs à l’étranger qui apportent une garantie supplémentaire. Ses résultats restent fragiles et la baisse du Yen n’a pas que des avantages. Néanmoins, il n’entend pas dévier de sa trajectoire. A lui de convaincre maintenant les entreprises d’augmenter les salaires afin que la consommation reparte et crée un cercle vertueux, d’autant plus crucial que la hausse de la TVA interviendra le 1er avril et risque de peser sur l’activité du 2ème trimestre.

Donner le change

Le Premier Ministre qui appartient à la droite nationaliste s’est donné comme objectif d’augmenter les capacités de défense de son pays pour participer à l’équilibre sécuritaire en Asie, notamment face aux prétentions chinoises. Il veut rendre au Japon sa place sur la scène internationale. Sa visite en Afrique participe de cette volonté. Cela faisait presque une décennie qu’un  premier ministre japonais n’avait pas effectué une telle virée africaine : ouest, est et sud. Clairement le continent est une « nouvelle frontière de la diplomatie japonaise ». Une manière de défier son grand rival chinois. Shinzo Abe orchestre cette renaissance en prenant soin d’éviter les commentaires révisionnistes dont il était familier avant son retour au pouvoir.

Il subsiste des doutes sur la pertinence de l'« Abenomics »

L’année 2014 pourrait s’avérer décevante. On est loin de la lune de miel qui entourait le chef du gouvernement au moment de sa prise de fonction et de plus en plus de voix s’élèvent dans son entourage pour dire qu’il tarde à mettre en œuvre les réformes promises, à commencer par celle de la santé dont les dépenses vont exploser d’ici 2025. De même que les contraintes budgétaires ne lui permettent pas de tenir le rythme de la course à l’armement lancée par la Chine. Les prochains mois seront donc décisifs.

Comme quoi, il est difficile d’agir seul dans son coin dans une économie mondialisée. Et le Japon est la 3ème puissance mondiale !

 

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