FRANCE : LE MOTEUR TOUJOURS EN PANNE !
29 janvier 2014
Le tournant de l’offre opéré par le pingouin-goujat suppose pour réussir, des débouchés extérieurs. Mais la zone euro, principale partenaire de notre pays a encore une demande interne déprimée et la solution serait une relance de la coopération européenne. C’est un premier chantier pour le gouvernement français. En 2003, l’Allemagne a pu réduire le coût du travail car ses exportations soutenues en partie par la demande européenne croissaient rapidement. Confrontée à une zone européenne menacée par la déflation, la France ne dispose pas du même atout.
Le chef de l’état vient de découvrir la mondialisation et ses règles du jeu.
La France, sans pratiquement de protection douanière ou monétaire vis-à-vis de l’extérieur dispose d’un PIB de 2611 milliards de dollars à comparer au PIB de 72690 milliards de dollars pour l’ensemble des pays de la planète (FMI). C’est dire si notre demande intérieure pèse fort peu face à l’immensité du marché mondial. Les débouchés sont théoriquement infinis pour les exportateurs du « made in France ». Par ailleurs, loin de constituer un pré carré, notre marché national est largement ouvert aux produits industriels étrangers qui en couvrent pratiquement la moitié. L’alternative est donc très simple : soit on accepte le jeu de la division internationale du travail, ce qu’on appelle la mondialisation, soit on trouve préférable de fermer les frontières et de vivre entre soi, à notre rythme. En fait, le chef de l’état a fini par accepter la mondialisation et ses règles du jeu. Peut-être évitera-t-on ce que d’aucuns caricaturent la vie économique internationale avec la formule lapidaire « des esclaves fabriquent des produits vendus à des chômeurs », ce qui exprime un danger bien réel pour les pays occidentaux. En effet, le principal problème de la France, c’est la production. Il était temps de s’en apercevoir.
On promet de desserrer les freins, mais il n’y a toujours pas de moteur.
La croissance frémit quelque peu en ce début d’année 2014, mais elle vient de l’extérieur. La consommation nationale continue de se trainer autour de 1%, et les entreprises ont des marges au plus bas depuis trente ans : globalement, elles n’ont aucune raison d’accroître leur effort d’équipement. Autrement dit, l’attente est forte en matière de fiscalité, de dépense publique, d’assouplissement du marché du travail, de baisses des charges, de soutien à l’innovation. Car il ne suffit pas de réduire les injections de narcotiques pour faire galoper une économie. Pour l’instant le pays n’a plus de tonus, plus de ressort, avec une économie que le moindre aléa météo bouscule. La hausse de la TVA va rogner le pouvoir d’achat déjà anémique en passant progressivement dans les prix en particulier là où elle est la plus marquée, le relèvement de 7% à 10% qui concerne essentiellement les services produits en France. Les augmentations de salaires sont limitées à l’ancienneté dans la fonction publique, elles sont comprimées dans les entreprises et l’embauche n’est pas au rendez-vous, comme on vient de le constater. Les emplois aidés qui coûtent fort cher n’ont pas suffi à inverser la courbe.
Un virage qui serait salutaire si …
Aussi, le « virage » annoncé pourrait-il être salutaire. Encore faut-il que ce ne soit pas que des mots. Il est beaucoup question d’allégements de charges pour les entreprises et même de baisse d’impôts pour les ménages. Le tout financé par des économies massives. Mais le bouclage budgétaire reste bien mystérieux. Car en réalité, les 50 milliards d’économies d’ici 2017 étaient déjà gagés pour tenir les objectifs de réduction du déficit. Si le gouvernement veut diminuer rapidement les prélèvements obligatoires, il devra augmenter d’autant les économies. Et encore, ce raisonnement n’est valable que si la croissance est au rendez-vous et que le déficit diminue comme prévu. Ce qui n’est déjà pas le cas pour 2013 où il sera plus important que l’objectif fixé de 4,1%. La conjoncture étant très fragile, les impôts rentrant mal, le retour sur terre après les belles annonces risque de faire mal. Si à fin mars, la publication du dérapage du déficit public s’établit à 4,3% du PIB voire plus, le retour à 3% en 2015 va nécessiter un effort accru et incontournable, car repousser cet engagement aurait un impact considérable. Le gouvernement ne trouvera pas d’échappatoire du côté du déficit structurel, car, là encore la France devrait déraper. Conformément à la « règle d’or » imposée par le haut Conseil des Finances Publiques, l’exécutif devra réaliser davantage d’économies. Le pacte de responsabilité devra absolument intégrer le respect de tous ces engagements. Résumons-nous : 50 milliards + 15 milliards (reliquat du transfert du financement de la politique familiale financée en partie par le CICE) + 12 milliards (dépassement 2013) = 77 milliards à trouver au minimum d’ici 2017. L'habileté a ses limites.
Quand l’économie administrée résiste.
Comment faire, quand le sombre Ayrault annonce qu’il ne fera pas d’économies sur le dos des fonctionnaires, que le pingouin décide mercredi de s’attaquer au mille-feuilles administratif et samedi de ne pas toucher aux départements … ? L’exercice d’équilibrisme va rapidement atteindre ses limites. En échange de la baisse des charges, le chef de l’état exige des contreparties « précises et vérifiables ». Compréhensible : le message est à destination de sa majorité déjà guère convaincue par la démarche. Mais insoutenable : quelle entreprise peut dire à l’avance comment son carnet de commande va se remplir, préalable à toute embauche ? Viser les jeunes et les séniors, qualité des emplois à travers la formation, les grilles de classification : on tourne autour du pot. Nos gouvernants n’ont toujours pas compris : tant qu’ils resteront dans le cadre de l’économie administrée dans laquelle l’emploi se décrète il ne pourra s’établir un climat de confiance avec les patrons, mot honni que l’on ne prononce jamais. On l’a bien constaté avec l’échange entre Sapin et cette chef d’entreprise de mille salariés à « Des Paroles et des Actes » ou encore avec Karine Berger, prisonnière de son idéologie, à « Mots Croisés » lundi dernier. Le top, c’est Montebourg qui réclame 2 millions d’emplois !!! Pourquoi pas trois ou quatre pendant qu’on y est …
La maladie des commissions et des comités Théodule.
Pour rassurer son camp, l’exécutif n’a pas lésiné sur les précautions : il institue des « Comités Théodule » en forme de conseils et d’observatoires : conseil stratégique de la dépense publique, observatoire des contreparties, conseil de simplification, emplois d’avenir… les réflexes étatistes ont la vie dure. Les outils retenus pour mettre en œuvre le pacte de responsabilité procèdent toujours de cette conception dirigiste usée jusqu’à la corde. Depuis trente ans, l’état, de fort qu’il était est devenu obèse et son intervention a perdu en efficacité ce qu’elle a gagné en surface. Sur la réduction des dépenses publiques, sur la baisse des charges, le recours aux commissions et autres comités de pilotage masque mal l’incapacité à agir fort et vite. Volontarisme des mots, impuissance des procédures ! D’ailleurs 70% des Français sont restés sceptiques !
Comme on les comprend.
De toute façon, il n’y a rien à attendre dans l’immédiat, les discussions en cours si elles accouchent ne serait-ce que d’une souris, sa mise en application ne sera faite qu’en 2015 au mieux voire 2016… en vue de 2017. Au train où vont les choses, on a le temps de crever d’ici là. Et pourtant, deux Français sur trois sont prêts à moins de services publics pour payer moins d’impôts !
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