BUDGET 2014 : ECONOMIES FICTIVES ET VRAIS IMPOTS
06 octobre 2013
Et d’abord en finir avec la tirade minable servie en boucle par Ayrault et son Casanova des finances à l’assemblée et sur les plateaux de télé dès qu’on les interpelle sur leur délire fiscal. Oui, la dette a augmenté de 600 milliards sous Sarkozy, oui Fillon a prélevé 30 milliards d’impôts : mais il y a des raisons à cela. En 2009, tous les états européens, y compris l’Allemagne, ont subi avec la chute des recettes liées à la crise, des déficits qui allaient de 5 à 12% du PIB. Au sortir de cette crise, le gouvernement Fillon avait réussi à réduire le déficit plus rapidement que prévu : en 2010 le déficit a été de 7,1% au lieu de 8%, en 2011 il est tombé à 5,3% au lieu de 6. Le budget de l’Etat 2012, voté avant l’élection présidentielle, était même inférieur pour la première fois depuis plus de 50 ans à celui de l’année précédente. On voit bien que les prélèvements effectués ont bien servi à faire baisser le déficit.
Depuis le milieu de l’année 2012 et l’ajustement budgétaire voulu par les socialistes, avec un choix délibéré d’augmenter les dépenses, ce n’est plus le cas. L’année 2012 s’est terminée sur un déficit de 4,8% au lieu des 4,5% envisagés. Si on se reporte à l’an dernier à la même époque, le budget voté pour 2013 prévoyait un déficit public de 3% du PIB. Du fait que le gouvernement n’a pas voulu faire une loi de finance rectificative en cours d’année, ce déficit atteindra au moins 4,1% ! Le gâchis est immense : la gauche a levé depuis son arrivée 30 milliards d’euros supplémentaires pour qu’un déficit qui devait être de 3% en 2013 se retrouve propulsé à 3,6% en 2014. Où sont passés les dizaines de milliards d’impôts ? A quoi ont-ils servi ? La France a négocié un délai de deux ans supplémentaires pour revenir à l’équilibre et ne tient pas ses engagements.
Bercy promet 15 milliards d’économies sur les dépenses, et n’hésite pas à parler d’un effort historique. Sur 150 milliards de trou, on voit bien qu’il manque un zéro. Devant l’ampleur du gouffre des dépenses qu’elle a ouvertes et du choc fiscal qu’elle a provoqué, la gauche annonce maintenant qu’elle va faire porter les efforts sur les économies. Mais celles-ci ne sont adossées à aucune réforme structurelle : elles sont soit virtuelles, soit éphémères. Virtuelles, parce qu’en fait on se contente de ralentir le rythme de la hausse par rapport à une augmentation spontanée, ce qui est de la poudre aux yeux. C’est comme si un obèse annonçait qu’il maigrit parce qu’il n’a pris qu’un kilo au lieu de trois. Ephémères parce qu’une partie des économies sont faites sur le dos de la trésorerie des « opérateurs » que l’Etat ponctionne à l’aveugle. Cela ne peut pas marcher au-delà d’une année.
Le gouvernement tient le même raisonnement pour le déficit de la sécu : on nous parle d’une économie de 3 milliards, en s’appuyant sur un raisonnement de tendance. On considère que les dépenses augmentent de 3,8% et en limitant la hausse à 2,4% on prétend faire des économies !.. Plus je pédale moins vite, moins j’avance plus vite, dirait l’autre. Imaginons un ménage qui raisonnerait de la même façon !!
Par contre, pour 2014, la liste des nouvelles mesures d’imposition est longue, et ce sont les ménages qui vont en subir l’essentiel, une hausse de 12 milliards d’euros. Cela risque d’avoir des conséquences très graves sur le pouvoir d’achat, la consommation, et donc la croissance. On peut déjà prédire que comme en 2013, c’est par centaines de milliers que des ménages modestes ou appartenant aux classes moyennes verront leur impôt augmenter ou deviendront imposables. On est loin de la certitude du sombre Ayrault affirmant crânement que seul un Français sur dix, appartenant à la partie la plus riche de la population, serait touché ! Ce que la précédente majorité qui était soi-disant le « gouvernement des riches » avait réussi à faire en votant en 2010 et en 2011 des mesures qui portaient essentiellement sur le patrimoine. En fait d’économies, on retiendra surtout que le taux de prélèvements obligatoires qui a atteint 46% en 2013, un record, va encore augmenter en 2014 de 0,15 point. On est bien dans l’overdose fiscale. La France glisse dans le "collectivisime" de l'économie administrée.
On dit qu’en 2014, les entreprises bénéficieront d’une réduction d’impôt de 10 milliards grâce au crédit d’impôt compétitivité emploi. Si cette baisse est incontestable, il n’est pas certain que le dispositif mis en place sera efficace. Il aurait mieux valu une baisse directe des charges, notamment pour l’emploi. Mais comment comprendre que dans le même temps, apparaisse un nouvel impôt* sur l’excédent brut d’exploitation qui doit rapporter 2,5 milliards d’euros. Portant à la fois sur les amortissements et les frais financiers, il risque de pénaliser gravement nos entreprises industrielles au moment où il faudrait au contraire les aider à redresser leur compétitivité. Comme toujours, on reprend d’une main… Si en plus on ajoute les projets de fiscalité écologique, sur lesquels le gouvernement avance masqué avec la contribution climat énergie, il faut s’attendre à de nouvelles hausses, ne serait-ce que sur les carburants ou sur le gaz… et la facture pourrait là encore être salée. On peut faire confiance à Casanova et ses comptes d’apothicaire.
Une autre politique est possible. Le gouvernement Fillon en avait établi les contours et commencé de s’y engager. Nous aurons l’occasion donc d’y revenir.
* Le gouvernement recule sur cet impôt mais porte à 37% le prélèvement sur les sociétés, un taux record !
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