CETTE REVOLTE QUI MONTE
07 octobre 2013
Le résultat de la cantonale partielle de Brignoles est tout sauf surprenant. Les grandes orgues médiatiques, comme d’habitude, tonnent en chœur avec la gauche contre le péril du FN, appellent au « Front Républicain », alors que l’essentiel n’est pas là. Non le FN n’est pas devenu le premier parti de France. Non, son candidat n’a pas gagné une voix de plus, il bénéficie de l’amplification mécanique de son score par la faible participation et probablement de voix mélenchonistes venues en renfort. Car l’essentiel c’est que deux Français sur trois ne sont pas allés voter dimanche dernier. Les perdants de l’abstention sont évidemment en premier les candidats de gauche mais aussi celui de l’UMP victime de son message brouillé et de la querelle au plus haut niveau. On notera que si les écolos avaient fait liste unique avec la gauche, c’est l’UMP qui aurait été éliminée. A chacun d’en tirer les leçons.
Le pingouin voulait réenchanter le rêve français : manifestement c’est le contraire qu’il a produit. Un cauchemar. L’exaspération n’est pas dans ces indignés chers à Stéphane Hessel qui serait bien surpris de les trouver là où ils sont aujourd’hui. La preuve en est que les cortèges syndicaux sont réduits aux professionnels et peu suivis. Mais partout on ne croise que des gens prêts à en découdre. Ce sont plus de 300 000 chefs d’entreprises qui ont ralliés les « Tondus » en guerre contre les charges patronales, les médecins ne sont pas en reste avec l’association « les médecins ne sont pas des pigeons » et battent le rappel, le Mouvement pour la liberté et la protection sociale multiplie les démarches d’incitation à quitter la Sécurité sociale, des appels à la grève de l’impôt se multiplient sur la toile, et jusqu’aux grandes surfaces de bricolage qui bravent l’interdit en passant outre une décision de justice qui leur interdisait d’ouvrir le dimanche, soutenues dans leur démarche par un « collectif des bricoleurs du dimanche ». Enfin, ce sont des Français par dizaines de milliers qui se sont mobilisés sur internet pour défendre le bijoutier de Nice comme un cri envoyé à la justice qui n’ose plus punir.
Le pouvoir et les politiques auraient tort de négliger ces rebellions aux accents juvéniles et pourtant sérieuses. La preuve en est le succès de Frigide Barjot qui a réussi à jeter des centaines de milliers de Français dans la rue pour protester contre le mariage pour tous. Le potentiel de révolte est énorme et ne demande qu’à cristalliser. Il faut craindre une fédération de ces colères éparpillées mais ayant la volonté commune de défier un Etat devenu oppresseur. Ce sont des initiatives spontanées dont la capacité à rassembler repose sur la légitimité des multiples ras-le-bol qu’ils soient d’ordre fiscal, éthique, éducatif, identitaire ou sécuritaire.
Face à cette grogne qui monte, le gouvernement s’entête à ne gérer que l’accessoire et à tenter de contenter son électorat. La réforme des rythmes scolaires, la création d’une allocation pour les jeunes précaires (une de plus), la généralisation du tiers payant chez les médecins, autant de dépenses qui vont à l’encontre de l’essentiel qui est l’ardente obligation de désendetter l’Etat. Son modèle d’économie administrée, qui a échoué partout, nous conduit droit dans le mur. Mais dans l’opposition on ferait bien de prendre aussi la mesure de cette situation : aborder les problèmes du réel, en finir avec les querelles byzantines, proposer des solutions crédibles et audacieuses. Et laisser de côté, pour un autre moment, la querelle du leadership.
Ce que nous annonce le résultat de Brignoles, ce n’est pas une vague bleu-marine, mais un « tsunami » aux municipales et aux européennes, si rien ne change avant la fin de l’année dans les comportements et les discours. A l’opposition républicaine de faire son boulot avec détermination en se saisissant de l’essentiel : fiscalité, compétitivité, identité, sécurité.
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