HISTOIRE
AUSTERITE OU LAXISME ?
L’ECONOMIE : DE LA REGRESSION AU GÂCHIS

HOLD-UP SUR LA LUTTE DES CLASSES

 

Marine-Le-Pen présidentielle

Dans sa course à la dédiabolisation du Front National et sa recherche de label républicain irréprochable, Marine Le Pen se présente aujourd’hui comme la défenseure du prolétariat, consciente de la désaffection des ouvriers pour le Front de Gauche et le PC dont le discours ne fait plus recette dans leurs rangs, pas plus que celui de Besancenot. Trop de déconvenues sans doute avec la désindustrialisation, les fermetures maintenant avérées des hauts fourneaux de Florange, de la raffinerie Pétroplus et de l’usine PSA d’Aulnay. Il y a des promesses de réenchantement qui ne trouvent pas là leur pleine réalisation, si vous voyez ce que je veux dire !

Derrière les mots, il y a les maux.

Cependant, derrière la magie des mots, il y a les maux que la fille-à-son-père continue d’avoir du mal à cacher. Il ne suffit pas de proclamer que le FN, social et souverainiste, est « le parti des travailleurs » pour en faire une réalité. Il semble galvanisé, même s’il a mobilisé nettement moins que l’année dernière. Mais il en va de même des syndicats qui alignent de maigres défilés en ordre dispersé. Le FN fête Jeanne d’Arc, évidemment, mais il fête surtout le travail. Dans la droite ligne de l’esprit pétainiste qui avait présidé à sa création. Marine Le Pen s’engouffre dans l’espace laissé par les brouilles confédérales. « Nous sommes le parti des travailleurs », clame-t-elle dans son discours offensif qui s’adresse aux salariés « de l’établi ou de la boutique », à ce « peuple d’abord », comme l’indique l’immense affiche qui barre l’Opéra de Paris. Et à tous, elle oppose « les magnats de la haute finance », dans un élan aussi sincère que l’était celui de François Hollande au Bourget en 2012. Ces magnats dopés par « la mondialisation sauvage » et « l’individualisme prédateur ». C’est bien la lutte des classes ressuscitée. Quand il n’y a plus un syndicat pour rêver du « grand soir », Marine Le Pen n’hésite pas à s’emparer du discours révolutionnaire et à appeler le peuple à « se lever », sur les pas des « résistants de 1940 et du «non » au référendum de 2005 ».  En matière de récup’ on ne peut pas faire mieux : voilà un amalgame osé. La tonalité dominante est désormais sociale et souverainiste. Elle s’adresse aux « petits » et veut rassurer par la nation. Elle reste néanmoins identitaire et centrée sur l’immigration.

Marine Le Pen veut apparaître comme la seule défenseure des « oubliés ». Et profitant de leur incapacité à s’unir, elle n’hésite pas à faire des syndicats des acteurs du « système », au même titre que le PS et l’UMP, en affirmant que « Le Medef et la CGT ont sacrifié les travailleurs sur l’autel de la flexibilité », ce qui est partiellement inexact, puisque la CGT a justement refusé de signer l’accord sur le marché du travail. Mais qu’importe pour Marine Le Pen, pourvu que cela serve son objectif.

Une porosité qui inquiète à droite comme à gauche.

Face à cette offensive, l’UMP hésite sur l’attitude à observer. D’un côté, des anciens chiraquiens tel François Baroin regrettent que « les digues érigées entre la droite et le FN soient devenus poreuses », et, pour eux, le mot d’ordre électoral voulu par Jean-François Copé, « ni PS ni FN », qui tend à mettre les deux partis sur le même plan, constitue « une fissure » de cette fameuse digue. A l’inverse, le Président de l’UMP estime, à juste titre, que la droite ne pourra jamais ramener à elle les électeurs du FN sans cultiver un discours « identitaire ». De toute façon, les uns et les autres rejettent l’alliance électorale avec le parti d’extrême droite, alors que l’électorat de droite est beaucoup plus sensible aux sirènes nationalistes.

A gauche aussi, la porosité avec l’extrême droite inquiète. Luc Carvounas, chargé au PS des relations avec les autres partis de gauche, observe que lors des élections partielles, « le Front de gauche s’effrite électoralement ». Mais cela ne l’empêche pas, souligne-t-il, de « nourrir le doute et un vote de rejet », favorisant le FN !

Jean-Luc Mélenchon a radicalisé son discours dans l’espoir d’apparaître comme une alternative au PS. Marine Le Pen souhaiterait, elle, apparaître comme une alternative à l’UMP, et pour cela, elle lisse son propos. L’un et l’autre ont cependant au moins un point commun : ils constituent une épine dans le pied du PS et de l’UMP, qui doivent trouver la parade.

Paradoxalement, la « droitisation », n’a pas fini de faire couler beaucoup d’encre.

 

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