HISTOIRE
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AUSTERITE OU LAXISME ?

Relancelogo1

Il n’y a que dans les pays laxistes que l’austérité est contestée et présentée comme l’ennemie de la croissance. Le débat entre partisans et adversaires de l’austérité fait rage au sein de la gauche et jusqu’au sein du PS. C’est en fait le sentiment de frustration de la gauche qui s’exprime parce qu’elle enrage de n’avoir rien à distribuer : l’état des finances publiques ne le permet pas, pas plus que le regard sourcilleux des marchés à qui on emprunte 8 milliards d’euro par mois.

Le chef de l’Etat a eu beau recadrer les belligérants en signifiant qu’il ne changerait pas de ligne, certains ministres comme Benoit Hamon et Arnaud Montebourg n’en démordent pas. Autant par souci des échéances électorales calamiteuses qui s’annoncent que par convictions personnelles.

Alors, le sérieux budgétaire peut-il tuer la croissance ? Tout dépend de quelle croissance on parle. S’il s’agit de favoriser l’activité à court terme ou de redonner à l’économie des forces pour une croissance plus durable dans un cadre budgétaire plus serein. L’austérité se traduit par une politique budgétaire restrictive dans laquelle les recettes fiscales augmentent et les dépenses publiques sont réduites. Généralement cela se traduit par un ralentissement de la demande de biens et de services ce qui permet de réduire structurellement les déficits et de redonner de la compétitivité au pays. C’est la politique qu’a choisie de suivre l’Allemagne il y a dix ans : rigueur sur les salaires, réformes pour fluidifier le marché du travail, et surtout un bon positionnement de ses produits qui ont permis une croissance assise sur une base industrielle solide. Le résultat, c’est un coût du travail inférieur de 12% à celui de la France et de fortes exportations. Les allemands ont gardé un haut niveau de vie et les finances publiques sont en équilibre depuis l’année dernière.

La situation de la France est fort différente. Dans la même période, elle a privilégié la consommation comme principal pilier de sa croissance économique. Au moment de la crise financière, en 2008, elle a laissé filer les déficits pour financer les « amortisseurs » sociaux. Aujourd’hui encore, le gouvernement se défend de faire de la rigueur et n’a pas encore fait de choix douloureux, comme baisser drastiquement le budget de l’état et les salaires des fonctionnaires ou les pensions… Il a préféré augmenter les impôts des ménages et des entreprises pour réduire le déficit public, mais ce faisant il a plombé un peu plus la compétitivité, plongeant le pays dans une molle récession ; il a par contre repoussé à 2014 sa volonté de réduire les dépenses.

La hausse des impôts tout comme la baisse des dépenses publiques ont pour effet de grignoter du pouvoir d’achat, ce que l’on vient de constater. Donc de ralentir la consommation, principal moteur de la croissance en France. Les entreprises investissent moins, produisent moins et préparent moins l’avenir. Par contre, le chômage progresse fortement.

La consommation comme principal moteur de l’économie est une erreur dangereuse dans une économie ouverte peu compétitive : elle débouche sur l’augmentation des importations et le déséquilibre de la balance commerciale. Elle conduit tout droit à l’endettement. D’un autre côté, un programme d’austérité, s’il se traduit par une baisse des dépenses publiques et un véritable effort structurel (par exemple supprimer un échelon administratif), peut avoir comme bienfaits à plus long terme d’adapter l’économie à un monde en perpétuelle évolution, de rendre les entreprises plus compétitives et le pays moins dépendant de ses créanciers extérieurs par l’amélioration des finances publiques. Maîtrise des dépenses de l’état va de paire avec croissance plus solide.

Il est certes possible de réduire les déficits publics sans affecter la croissance, mais cela exige des conditions qui ne peuvent être réunies en France. Car une politique d’austérité sérieuse pèse sur le PIB si aucune mesure de relance immédiate n’est décidée parallèlement, ce que la France n’a plus les moyens de proposer, et c’est bien là le problème. D’autre part, autre difficulté, une politique de l’offre, c’est-à-dire de relance par les investissements en favorisant la production, n’a de sens que si l’économie est compétitive. Il est possible aussi d’y parvenir en récupérant de la demande extérieure pour compenser ce qu’on perd en demande intérieure : pour cela il faut pouvoir dévaluer le taux de change ce qui n’est pas possible avec l’euro. Il est encore possible d’y parvenir en accompagnant la réduction du déficit par des politiques structurelles de croissance. C’est l’idée du choc de simplification lancé par le gouvernement. Mais il est trop timoré tout comme le pacte de compétitivité proposé aux entreprises. Trop timide, trop tard, trop contraint…

Si on ajoute le contexte défavorable de partenaires majeurs comme l’Espagne et l’Italie qui sont eux-mêmes en phase de « consolidation », on peut comprendre que la rigueur, ce n’est pas qu’une affaire de courage. Il n’est pas utile, pour autant, après avoir câliné les patrons de PME, de faire voter une loi aussi antiéconomique que celle qui porte sur l’obligation de cession d’une entreprise rentable. On ne change pas la gauche et ses lubies.

L’austérité, c’est compliqué, impopulaire et douloureux. Le laxisme, c’est pire que tout : il nous a conduits à la situation qu’on connait aujourd’hui. Le débat, pour la gauche, c’est sauver les apparences.

 

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