HISTOIRE
ET POURTANT LA TERRE SE RECHAUFFE !
FLEXIRIGIDITE

RETOUR SUR L’ECONOMIE

Compétitivité

Les événements extérieurs et les problèmes sociétaux ne doivent pas nous distraire de l’essentiel. La Cour des Comptes s’est rappelée cette semaine au bon souvenir du gouvernement en lui signifiant qu’il fallait diminuer les dépenses –ce qu’il n’a pas commencé à faire-, et Bruxelles aussi en réaffirmant que l’objectif de 3% n’était pas négociable.

En 2012, la zone euro n’a pas explosé, le système financier mondial semble sorti du chaos, l’économie américaine semble redémarrer tandis que les exportations de la Chine repartent à la hausse. Donc tout va bien ? Pas vraiment. L’économie française s’enlise dans les sables mouvants de 2013 et les économistes craignent les effets sur les économies européennes des plans d’austérité qui se prolongent. C’est la France qui donne les signes de faiblesse les plus inquiétants.

Le déclin de la France s’accentue.

On a vu que dans un contexte particulièrement difficile, notre salut ne viendra ni de l’Etat –qui est nu- ni de l’extérieur. La révision à la baisse de la croissance allemande en est le signal le plus éloquent. Pour nous l’essentiel se jouera sur deux moteurs : la consommation et l’investissement. Les prélèvements massifs sont un puissant frein du premier, les difficultés de financement et les trésoreries ne sont pas au mieux pour le second.

Pour Christian Saint-Etienne, nous vivons un mai 40 économique. Qualifiant Hollande de « Gorbatchev français, inconscient des terribles leviers de l’histoire qu’il actionne », il constate que la France est au bord du dépôt de bilan économique et moral car elle a renoncé à se battre puisqu’elle n’est responsable de rien. Tout est la faute des autres : la globalisation, l’Allemagne, l’euro, l’immigration… Il décrit un paysage peu réjouissant et pourtant réel, chiffres à l’appui : industrie en déclin, université en perte de prestige, commerce extérieur en chute libre, dépense publique sacralisée. Du coup la France perd son statut de grande puissance mondiale et rate la troisième révolution économique et industrielle.

Il faut inventer un nouveau pacte productif et social.

Pour se relever, Il faut réduire de 60 milliards d’euros les dépenses publiques en France. Cela ne peut évidemment pas se faire avec un saupoudrage. On ne peut espérer résoudre le problème de la dette par l’inflation dans le contexte actuel, indique Nicolas Baverez. Ses déséquilibres structurels la rangent parmi les pays du sud, renchérit Daniel Cohen et de ce fait, elle est le plus gros risque pour la zone euro : « Elle s’est refusée à toute réforme de son modèle économique et social, que chacun sait insoutenable. Mais elle emprunte sur les marchés comme les pays du nord de l’Europe. Ce paradoxe ne durera pas éternellement ».

La France décroche face à ses concurrents depuis le début du siècle : ses coût de production ont augmenté, ses entreprises ont gagné moins d’argent, le marché des produits haut de gamme s’est rétrécit, les dépenses de recherche ont stagné depuis 15 ans. Du coup, la balance commerciale a plongé, les exportateurs ont perdu des parts de marché et leurs effectifs ont diminué. A cela s’ajoutent des dépenses publiques élevées, une fiscalité lourde et improductive, une flexibilité du travail jusque là à double face, privilégiant la rigidité du marché du travail.

On ne s’en sortira pas sans un nouveau pacte productif et social, et un nouveau système institutionnel en phase avec la 3ème révolution industrielle nous dit Christian Saint-Etienne. Il faut notamment « changer de vision sociétale et remettre l’homme libre et responsable de ses actes au cœur de notre société politique, de notre économie et de notre protection sociale ». Il faut aussi « désoviétiser la sphère politico-médiatico-éducative au sein de laquelle la fiscalité et la haine attisée contre les riches ont remplacé la police politique comme instrument d’oppression ». Car le pays a tous les atouts pour rebondir et s’imposer comme l’un des moteurs de l’Europe.

La croissance comme seule porte de sortie.

Il faut réaliser un choc en faveur de la compétitivité en sortant des 35 heures pour revenir à 38 ou 39 heures de travail par semaine, y compris dans la fonction publique, recommande pour sa part Nicolas Baverez. De son côté, Daniel Cohen constate que la sortie ne peut se faire ni par la politique budgétaire à cause de l’endettement, ni par la politique monétaire puisque les taux d’intérêt sont proches de zéro. La seule porte de sortie, c’est la croissance, qui passe par la productivité, l’innovation et la gestion coopératives des risques systémiques. Les mesures fiscales prises (65 milliards) depuis 2011 vont provoquer avec une forte probabilité un choc financier sur la dette française à la fin de 2013 au début de 2014. Il y a donc urgence à réduire les dépenses en remettant tout à plat sans attendre.

Le pacte de compétitivité et les accords sur la flexibilité apportent un peu d’oxygène, mais ce n’est pas à la hauteur du défi. Les récentes déclarations de notre ministre des Finances pour qui « tailler à la hache dans les dépenses publiques crée des blocages et des résistances » en disent long sur le chemin qui reste à parcourir à nos responsables politiques pour se mettre à jour avec leur époque.

 

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