MERLIN, VITE, SORS TA BAGUETTE MAGIQUE !
26 mai 2012
C'est au pied du mur qu'on voit le maçon. Les médias ont beau enjoliver les sorties du père François sur la scène internationale, les réalités commencent à rattraper le nouveau président. La ligne de crête est si fine, qu'on se demande comment elle ne l'a pas encore coupé en deux. Pour l'instant le mot « magique » est « croissance », décliné sur tous les tons et tous les modes, repris en choeur par Fafa et Mosco, dans le rôle des « hérauts » (ne pas confondre avec le premier ministre suffisamment occupé à délimiter les responsabilités de ses ministres dans des ministères aux appellations aussi grotesques que ridicules – tout comme Duflot au Grand Paris, alors qu'elle est contre le projet).
« Une croissance à crédit nous ramènerait au début de la crise. Nous ne le voulons pas, nous ne le ferons pas ! » : la sentence est de Angela Merkel. Le ton est donné. Tout le monde est d'accord, il faut une relance en Europe où la croissance est atone. Mais que peut-on faire ?
Ceux qui ont utilisé le modèle keynésien en 2008-2009 ont été ramené au point de départ par la progression de la dette. Un peu Sisyphe et son rocher. Le Japon qui n'a cessé de relancer à coups de ponts et de routes depuis vingt ans croule sous une dette trois fois supérieure à son PIB. De même les grands travaux préconisés par Hollande n'auraient qu'une utilité poncutelle.
De l'autre côté, il y a ceux qui militent pour l'assouplissement du marché du travail, l'allègement de l'Etat, la libéralisation des secteurs réglementés de l'économie, la baisse du coût du travail. C'est ce que l'Allemagne a fait il y a plus de dix ans avec un gouvernement social-démocrate. La Suède s'est relevée en pratiquant de la sorte. Mais voilà : en France nous n'avons ni le consensus social, ni les syndicats appropriés pour nous lancer dans une telle politique. Et pour qu'elle réussisse, il faudrait en plus que nos voisins connaissent une croissance, ce qui n'est pas le cas. De plus, pour parfaire le programme, il faudrait qu'une telle politique s'accompagne d'une dévaluation.
Alors, oui, que faire ?
Commencer par faire preuve de pragmatisme et surtout, se débarrasser de l'idéologie. Cette idéologie qui confine à l'obscurantisme quand j'entends Aurore Filipetti, notre nouvelle ministre de la Culture dire « avoir mal », de voir le label Wendel inscrit au fronton du Centre Pompidou de Metz dans lequel le groupe a englouti 1,5 million d'euros.
Ce qui est certain, c'est que nous n'atteindrons pas les objectifs de croissance en commençant par charger la barque de dépenses peut-être sympathiques, mais inopportunes, même si elles sont l'application de promesses. Exit le coup de pouce au SMIC qui plombe les entreprises, exit le décret sur la retraite à 60 ans, exit les 1000 postes de prof. et l'augmentation de l'allocation de rentrée scolaire. D'autant plus que le gouvernement va faire face à une croissance plus molle que prévue et à des dépenses imprévues mais qu'il connait déjà depuis plusieurs semaines. Il ne pourra pas invoquer « l'héritage » sauf à avouer qu'il n'a pas lu le rapport de la cour des comptes ou à faire peur aux marchés pour l'instant sages avec la France, tout préoccupés qu'ils sont par la Grèce.
La réalité est là, avec son cortège de plans sociaux, les caisses vides, et les élections législatives qu'il faudrait gagner. Peut-on cacher la vérité encore quelques deux ou trois semaines pour ne pas « désenchanter » les électeurs de gauche ? Et avec elle, le problème est bien là aussi : les sondages le montrent, le score du 6 mai le laissait entrevoir : il n'y a pas de vrai désir de gauche et Sarkozy parti, il n'y plus de pianiste pour tirer dessus, ce qui était un paravent bien commode. Prisonniers de ses promesses, de ses dogmes, et de ses encombrants alliés électoraux, le Président va devoir sortir sa baguette magique … s'il en a une !
L'opposition a une réelle chance d'imposer une cohabitation, mais dans ce contexte, je me demande si c'est vraiment une chance !!!
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