MARCHE DE DUPES
28 mai 2012
Le Président de la République est face à une équation insoluble : son programme est incompatible avec l'aggravation de la crise provoquée par la Grèce. Comment dès lors qu'il est rattrapé par les réalités peut-il continuer de faire croire au peuple de gauche qu'il tiendra ses promesses ? Tout simplement en maintenant leur affichage jusqu'aux élections législatives. Les renoncements viendront ensuite. Il pourrait profiter de la publication du rapport de la Cour des Comptes le 24 juin, qui officialisera l'aggravation de la situation financière en raison de la stagnation de l'économie. Le sommet européen pourrait fournir une autre occasion au nom du pragmatisme et des concessions nécessaires pour parvenir à un accord.
C'est que le redressement de notre économie, le retour de la croissance, le sauvetage de l'euro exigent une nouvelle donne qui passe par la lucidité politique,la rigueur économique et le refus du protectionnisme. Les promesses illusoires ne tiendront pas devant la nécessité de trouver 29 milliards supplémentaires qui s'ajouteront aux 32 milliards déjà prélevés au cours des deux dernières années et ciblés sur les entreprises. L'augmentation du SMIC et des charges sociales pour financer la retraite à 60 ans créera du chômage en particulier pour les moins qualifiés. La sortie de la Grèce de la zone euro, si elle se produit, comme on peut s'y attendre, va entraîner un choc avec une baisse de 2% du PIB de la zone euro, une déstabilisation des banques et la menace d'une contagion à l'Espagne, au Portugal et à l'Italie, voire à la France. Et des milliards à trouver que nous n'avons pas.
Dans ce gros temps, on verra si le capitaine tient la barre. Les "postures" face à Angela Merkel feront long feu. Car la seule réponse résidera dans l'aménagement de protections pour les banques et les Etats, l'émission massive de liquidités par la BCE et la cohésion renforcée à l'intérieur de l'Euroland. Le pire réflexe serait de setourner vers le protectionnisme franco-français. Il n'y a pas de place pour la tergiversation. La configuration favorable dont François Hollande a bénéficié pour parler de la croissance, sans préciser jamais que derrière le mot chacun avait ses arrières-pensées, va faire place à la réalité qui est purement et simplement l'impossibilité de poursuivre le modèle de développement à crédit. Des choix clairs devront être faits : avec des dépenses publiques qui atteignent 56,6% du PIB, toute relance par leur accroissement est impossible au risque de se trouver sous le feu des marchés à qui nous emprunterons. La seule porte de sortie reste la maîtrise des comptes publics. Dure réalité et illusoires promesses qui s'évaporeront dès le 18 juin.
La baisse de l'Euro et l'inflation donneront de faibles marges de manoeuvre au gouvernement. La priorité des priorités serait de les utiliser pour reconstituer l'appareil productif à travers l'investissement, la recherche et l'innovation. Ce qui ne laisse guère de place aux mesures dites de "justice sociale" mais justifiera, hélas, le "matraquage" fiscal des riches -illusion toujours- et surtout des classes moyennes. Et en première ligne les retraités dont il est tentant de rogner sur les rentes.
Autrement dit, de la sueur et des larmes que les lunettes roses empêchent de voir aujourd'hui.
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