L’AVENIR, LES LEGISLATIVES, L’EUROPE
17 mai 2012
Avec la constitution du gouvernement, la première étape de la mise en place de l’exécutif de gauche est accomplie. L’une des premières décisions est de baisser de 30% l’indemnité du président et des ministres. Bien, mais encore aurait-il fallu en limiter le nombre. Avec 34 ministres et ministres délégués, on approche des records, et on peut imaginer qu’il y ait ensuite, comme c’est la coutume, des secrétaires d’état qui viennent grossir les rangs. Au total, il n’y aura guère d’économies. Des mots, des symboles, aux effets, il y a toujours un fossé !
Mais c’est ce que les Français ont décidé d’une courte majorité. Le gouvernement Ayrault 1 est un savant dosage pour respecter les équilibres de la famille socialiste. On peinera à y trouver une vision de rassemblement qui aille au-delà. On est tellement mieux entre copains. Ce qui a fait dire à Chevènement : « il y a un décalage entre le discours de rassemblement et la composition du gouvernement », et le constat est faible.
Voilà donc l’équipe qui a en charge de gérer la crise. Comme aucun miracle politique ne peut nous dispenser de réduire nos dettes ni nous de trouver un accord avec nos partenaires européens et en premier lieu l’Allemagne, les Français peuvent encore se demander quelle politique suivre pour trouver le meilleur équilibre entre austérité et croissance.
Le résultat des élections législatives peut apporter une réponse, au moins un correctif.
Pour réduire la dette qui a prospéré depuis trente ans et qui atteindra les 1800 milliards d’euros cette année, le gouvernement actuel nous propose de solliciter davantage l’impôt plutôt que la réduction des dépenses, sauf à renoncer à des promesses coûteuses. Mais il y a une limite à ce transfert d’austérité, c’est le seuil au-delà duquel la hausse des impôts compromet elle-même la croissance. Le double risque qui est pris c’est de ponctionner le pouvoir d’achat des consommateurs et d’alourdir les charges des entreprises.
Il faudra bien, pourtant, réduire les dépenses publiques et sociales. C’est ce que la gauche veut cacher encore le temps de la campagne électorale. Réduire les dépenses de fonctionnement de l’Etat, des collectivités locales et de la Sécurité Sociale et spécialement les dépenses maladies gravement déficitaires, est un impératif incontournable qui s’imposera. C’est cette politique que la droite et le centre proposent prioritairement pour garder quelques marges de manœuvre d’augmentation des dépenses d’équipement dans les transports, les énergies ou la recherche, grâce au grand emprunt mais aussi en contribuant à un financement européen. Un accord est déjà dans les tuyaux du pacte budgétaire défini par le traité de stabilité, pour calculer les déficits en faisant abstraction des dépenses d’équipement. La gauche s’en fera une gloire, elle n’y aura été pour rien. Cette politique responsable qui propose de continuer la RGPP et le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, les investissements dans les secteurs d’avenir, c’est la droite qui la propose.
Le Président a annoncé que la jeunesse était l’une de ses priorités. La réduction de la dépense est une bonne opportunité pour mettre en œuvre cette orientation. Car alléger l’endettement c’est réduire le transfert sur les jeunes, demain, du coût du bien-être des aînés d’aujourd’hui. La dette cela n’est rien d’autre que l’impôt que les adultes mettent sur le compte de la jeunesse.
Réduire la dette, réserver les dépenses publiques à l’investissement, cela ne suffira pas pour assurer la croissance. Une coordination européenne qui déclinerait à chacun selon sa singularité une répartition des tâches, est nécessaire. Ainsi l’Allemagne pourrait relever ses salaires, ce que le Ministre des finances songe à faire ; la France, quant à elle, qui se distingue par une médiocre compétitivité de ses entreprises, pourrait alléger le coût du travail en transférant une partie des charges sociales sur une fiscalité bénéficiant d’une large assiette. C’est la solution de la TVA anti-délocalisation. Le plus tôt serait le mieux. Mais qui la refuse et qui la propose ?
Faire converger le tandem franco-allemand reste une nécessité. Cette démarche entamée sous Sarkozy devra continuer. C’est un impératif. Une condition est nécessaire : une volonté commune affirmée de part et d’autre. Vue comme cela, l’Europe n’est pas une menace, elle est le tremplin de notre avenir. Je ne suis pas persuadé que ce soit une réalité après le voyage foudroyant à Berlin.
Ces enjeux ont un mérite : ils donnent du sens au vote que chaque Français devra effectuer le 10 juin.
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