HISTOIRE
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TRIBUNE HEMIPLEGIQUE

LE CENTRE : LE RETOUR DU MIRAGE ?

 

 

A force de répéter la même chose, il y a toujours un moment où les faits semblent donner raison. Comme Marine Le Pen, Bayrou n’échappe pas à la règle. Sa troisième candidature à l’élection présidentielle n’est une surprise pour personne, tant elle était prévisible et l’homme têtu. Elle serait advenue quelles qu’aient été les circonstances.

Avec lui, c’est le retour du mirage centriste de l’union sacrée au centre. Autour de lui évidemment. Si seulement c’était possible, cela se saurait. Mais comment faire avec des institutions qui en laminent la possibilité avec le mode de scrutin majoritaire à deux tours ? Mais comment y croire quand on voit le comportement de la gauche française, la plus sectaire d’Europe, et son langage permanent de dénigrement de tout ce qui n’est pas elle. Mais comment y croire quand on découvre l’éparpillement des centristes disséminés dans différents partis du centre droit de l’UMP au centre gauche du Parti Radical valoisien, en passant par les variantes offertes par les petites officines centristes.

Certes, il y a la force de conviction du personnage. François Bayrou ne manque pas de constance dans ses convictions et c’est ce qui fait son intérêt. De là à se prendre pour l’homme providentiel, il y a une marge. La foi du charbonnier ne suffit pas. Comment pourrait-il réussir le pari de rassembler une majorité autour de lui, d’abord à la présidentielle, ensuite aux législatives, épreuve encore bien plus périlleuse. Car si une majorité d’un jour peut exceptionnellement mettre en avant un personnage, on l’a déjà vu avec Giscard, réunir une majorité parlementaire avec le mode de scrutin majoritaire dans les circonscriptions où des députés sont souvent bien implantés, relève de la gageure.

Il lui faudrait donc arriver en première ou seconde position au premier tour.  On ne voit pas comment il pourrait y parvenir. François Hollande capte une partie des électeurs de la gauche modérée qui avaient été tentés par le centre en 2007, rejetant la candidate Royal. Nicolas Sarkozy a pu décevoir une partie de l’électorat centriste de droite, mais ce n’est pas suffisant pour porter un candidat au-delà des 25% requis. Et puis c’est faire fi de la présence de Marine Le Pen qui campe sur l’électorat populiste issu aussi bien de l’extrême-droite hyperconservatrice que du « petit peuple » de l’extrême gauche communisante, ce qui lui assure un socle variable de 15 à 20%. Une concurrente sérieuse pour la 3ème place.

S’il n’est guère possible à François Bayrou de réaliser l’union sacrée au centre, il reste à savoir quelle union il souhaite et dans quel camp le « bayrouisme » est soluble. Comme en 2007, il est en effet possible, même si l’histoire ne se répète jamais, que François Bayrou se retrouve en position d’arbitre. De quel côté fera-t-il pencher la balance ? Les sirènes socialistes seront tentantes, d’autant plus que François Hollande sera plus enclin à se tourner vers lui que vers ses « souverainistes » de gauche, par tactique mais aussi par sensibilité. Mais le leader centriste ne pourrait sauter le pas que si on lui offrait un poste de commandement : celui de Premier Ministre. Autant dire le plus difficile à réaliser pour un  candidat de gauche, fût-il aussi habile que l’ancien premier secrétaire. On voit aussitôt une grande partie de la gauche hurler à la « trahison », « l’amère de Lille » en tête.

D’autant plus que je suis persuadé que les idées de François Bayrou ne sont pas solubles à gauche, même s’il peut y avoir, ici ou là, des convergences ponctuelles. Par contre, elles sont solubles à droite. La difficulté à résoudre alors, c’est celle des personnes. Il y a dans le leader centriste un vieux réflexe anti-gaulliste qui confine à la névrose obsessionnelle, au-delà de la personnalité même de Nicolas Sarkozy dont le caractère et la manière de faire l’exaspèrent. Mais le diagnostic posé sur la crise et les remèdes à apporter sont très proches. Enfin, on observe régulièrement que le gros des électeurs centristes se reportent plus volontiers à droite pour les 2/3.

Alors si le match du second tour d’avril 2012 se joue en Hollande et Sarkozy, il y aura des négociations à mener pour que le centre n’aille pas donner à la gauche tous les pouvoirs. D’autant plus que François Hollande ne nous dit pas comment il compte casser la spéculation, comment on revient à l’équilibre des comptes tout en relançant la croissance et l’emploi public, et surtout qui paiera pour le redressement. Les éclaircissements qu’il apportera seront déterminants pour le clivage gauche-droite toujours indépassable quoi qu’en pensent les centristes.

 

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