L’UMP DOIT REVENIR AUX SOURCES
10 octobre 2011
L’UMP reste une idée moderne, dix ans après : la capacité à faire vivre dans une « maison commune » toutes les sensibilités de la droite et du centre. Mais elle doit réorganiser son fonctionnement d’urgence.
L'UMP est née du choc du 21 avril 2002 et de l'obligation du rassemblement pour contrecarrer la percée du Front national. Le parti initialement chiraquien est le fruit du rapprochement idéologique entre la droite libérale, girondine et européenne (l'UDF) et la droite étatiste, centralisatrice et patriote (le RPR). L'UDF avait gagné la bataille des idées ; le RPR, celle de l'organisation. Le choix d'Alain Juppé comme premier président était le symbole de cette synthèse. Mais celui-ci dut partir dans les conditions que l’on sait, laissant la présidence à Nicolas Sarkozy.
Les statuts initiaux de l'UMP prévoyaient la mise en place de courants, baptisés « sensibilités ». Ceux-ci n'ont jamais vu le jour par crainte de les voir se transformer en autant d'écuries personnelles. Résultat : aucune règle d'arbitrage ou de validation des propositions n'a été prévue. La dynamique conquérante créée autour de Nicolas Sarkozy, entre 2004 et 2007, rendait inutiles de telles procédures. Elles font défaut aujourd'hui.
Et d’autant plus que François Bayrou n'était ni rallié ni « tué », mais simplement affaibli, il a persisté un pôle de résistance, une alternative à la logique du parti unique. Bayrou en a profité lui-même, un peu aux régionales de 2004, beaucoup à la présidentielle de 2007. Et à l'approche de l'échéance de 2012, l'idée que l'UMP n’arrive pas à incarner à elle seule tout le spectre politique de la droite et du centre, est à l’origine de la démarche autonomiste des centristes. Borloo a renoncé, mais il y a gros à parier que le créneau du centre continuera d’inspirer des candidats.
Et de fait, les résultats des dernières élections semblent leur donner raison. Si l’UMP fait un bon premier tour, autour de 30%, peu ou prou, elle n’arrive que rarement à retrouver le complément des voix pour franchir la barre des 50% qu’impose le scrutin majoritaire. On comprend alors que l'amertume des défaites enchaînées et la crainte d'une défaite à venir la font douter d'elle-même. De son efficacité électorale, mais plus encore de son principe fondateur.
Inutile de regarder au-delà de l’élection présidentielle. C’est une autre histoire qui s’ouvre.
L’urgence est de revenir aux sources. Contrairement aux idées reçues, l’UMP rassemble toujours des gaullistes, des libéraux et des centristes, mais le parti est perçu comme monocolore, faute de permettre à ses sensibilités de s’exprimer de manière organisée, même si les mieux organisés réussirent temporairement à se faire valoir : il y eut un temps le moment des libéraux, baptisés « réformateurs », autour d'Hervé Novelli ; il y a maintenant la montée en puissance de la Droite Populaire de Thierry Mariani. Au point d'agacer les centristes fustigeant tantôt une droitisation économique, tantôt une droitisation sociétale. Et justement, cette semaine, nous verrons se constituer un groupe « République humaniste » autour de Marc Laffineur et de Jean Leonetti pour organiser l’aile modérée de centre droit et centriste. Une initiative qui peut redonner au parti présidentiel un spectre plus large, conforme à sa vocation.
Encore faut-il aller plus loin. Jean-François Copé, secrétaire général du parti, qui n'a jamais interdit à aucune sensibilité, ni à aucune personnalité, de s'exprimer, de s'organiser, de présenter des propositions, de lancer des débats, doit saisir cette occasion pour formaliser un fonctionnement qui rende plus lisible à l’extérieur cette pluralité. Il faut qu’il mette en place des procédures de délibération, d’arbitrages et de décisions en interne des propositions des uns et des autres, et surtout une visibilité extérieure d’occupation du terrain, de façon à présenter systématiquement dans les débats, face aux représentants de l’opposition, plusieurs personnalités de sensibilités différentes, avec une répartition des rôles préétablie. Le retrait de Jean-Louis Borloo et le trouble du centre éclaté en présente l’opportunité qui tombe à point nommé et qu’il faut saisir.
Attendre 2012 pour le faire, c’est prendre le risque de l’éclatement. Ce serait désolant.
-Pas d'accord avec toi, Daniel, concernant Bayrou... On vieillit vite aujourd'hui en politique. Comme tous les centristes, Bayrou. pour exister doit se rapprocher d'un pôle d'attraction et il glisse ainsi hors du centre qui ne se reconnaitra pas en lui
Il s'est fait savonner la planche mais ne s'en préoccupe pas tout occupé qu'il est à exister en croyant que là où il se trouve, se trouvent tous les centres.
Ne serait il pas un peu égocentrique ?
Rédigé par : jibe124 | 12 octobre 2011 à 08:10